Fan
fiction
Evolvana
Chapitre 4 : Une sombre
impression de déjà-vu…
"
Toi, avance... Stop !... C'est bon, tu peux y aller... " C'était
comme ça depuis huit heures du matin. Le train-train monotone
de la vie des gardiens de la Pension... Ils passeraient le restant
de leur vie là, entre les murs gris et fissurés de
l'immense manoir, répétant inlassablement les mêmes
gestes, les mêmes expressions, respectant les mêmes
horaires et les mêmes ordres, dans un continuel cycle, un
éternel recommencement.
"
Tiens, ta chambre est par-là, la 457... et rêve pas,
t'es pas tout seul, hein... Vous êtes au moins dix là-dedans...
Matin, lever à six heures, entraînements, petit déjeuner,
cours, sport, bouffe au réfectoire, et pis dépêche-toi,
sinon y'a pu rien... ensuite cours, travaux, entraînement
au combat, et dîner ! Au pieu à vingt heures... tâche
de retenir ça, sinon tu vas entendre le Chef !... "
Sephiroth
s'attendait à ça. C'est ce que ses parents lui avaient
raconté, exactement comme il se l'imaginait. Sombre, dure,
inquiétante... hostile. Permission de ne rentrer chez soi
qu'une fois par mois. A présent qu'il était là,
il regrettait vivement ses anciens profs, son ancien lycée
! Des petites colères de la prof d'espagnol aux explications
embrouillées de la prof de Math, en passant par les blagues
douteuses du prof de Biologie... Tout était plus rassurant
que ce lieu sordide, où le crépis tombait en miettes
sur le bas des murs, où les inscriptions poussiéreuses
gravées à la va-vite sur les bancs étaient
autant d'appels au secours restés vains... Cet endroit lui
rappelait de plus en plus le centre d'éducation de la Shin-ra
qu'il avait fréquenté il y a maintenant sept ans...
Il
rentra dans la bâtisse grise, son sac sur l'épaule,
et monta l'escalier qui accédait aux niveaux supérieurs.
" Mais pourquoi les dieux me mettent-ils dans une pension où
il y a des cours de combat ? Je croyais pourtant qu'ils étaient
contre... Ils n'ont pas changé d'avis, ça m'étonnerais...
Ils cherchent quoi ? A... m'isoler ? Pourquoi ? Décidément
je n'y comprendrai jamais rien... " Il réfléchissait
tout en se dirigeant vers le troisième étage, ses
pas résonnant sinistrement sur les dalles du couloir. Il
trouva finalement sa chambre et entra sans frapper. Neuf paires
d'yeux se braquèrent sur lui, un brin de curiosité
dans le regard... c'était sûrement une des rares choses
qui sortait de la routine : l'arrivée d'un nouveau pensionnaire.
Cela donnait suite à toutes sortes de bizutages, rares distractions
qu'acceptaient encore les surveillants; à vrai dire, ils
s'amusaient eux aussi à voir peiner les petits nouveaux,
ou faire toutes sortes de tâches et de pitreries ridicules
et humiliantes.
Sephiroth
était bien décidé à ne pas se laisser
faire. Il imposerait le respect d'une manière ou d'une autre,
quitte à utiliser son incroyable force au combat pour impressionner
ceux qui chercheraient la bagarre. Oui, décidément
les dieux avaient quelque chose derrière la tête pour
l'avoir amené à frôler ainsi son destin originel.
Il
regarda tour à tour les neuf autres adolescents. Certains
ne devaient pas dépasser douze ans, d'autres au contraire
en avaient bien dix-huit. C'est ceux-là qui imposaient la
loi. La force n'est plus que la seule chose qui compte dans Darkmoan,
là où la culture, les règles et les principes
du reste du monde ne franchissent pas les hauts murs de la pension.
" C'est toi le nouveau ? commença
un grand type bronzé, au fond de la chambre. Tu sais, on
aime pas trop les nouveaux ici, à part s'ils font quelques...
concessions. "
L'adolescent ne répondit pas.
Il posa ses affaires sur le seul lit inoccupé et regarda
son interlocuteur dans les yeux.
" Tu as perdu
ta langue ? Ah mais tu sais, on peut te la faire retrouver... "
Il se leva, suivi de deux autres de ses amis, et décocha
un grand coup de pied. Mais Sephiroth déplaça ses
jambes, et le pied vint heurter le bord en fer du lit.
" Wahaïe ! Sale #@<*¤}!! …Tu
joues au malin, là ! Mais tu vas plus faire aussi bonne
figure devant le Chef… il adore bastonner, et il est maître
dans l'art ! " Cette fois-ci il lança un coup de poing
qui ne rata pas sa cible. Sephiroth ressentit un violent impact
sur le haut de la colonne vertébrale, mais continua à
se murer dans son silence.
Soudain la porte s'ouvrit, ce qui
coupa court à la " discussion ".
" Allez les gars, entraînement ! Rejoignez-moi dans la
cour au plus vite ! leur cria le surveillant, habillé en
tenue de jogging. Et plus vite que ça ! Morak, traîne
pas comme la dernière fois, si tu veux pas avoir le même
tour… "
Tous se levèrent en vitesse et le
suivirent. Un jeune pensionnaire se glissa près de Sephiroth
et, ayant bien regardé si personne ne pouvait le voir, lui
souffla :
" T'inquiète pas, au début
c'est toujours comme ça, mais après ils feront plus
attention à toi… Morak, c'est lui, là-bas, le grand
qui t'a parlé tout à l'heure. Il joue les gros durs,
mais il tremble comme une feuille devant le Chef…
- Il s'est fait tabasser parce qu'il était en retard ?
- Euh… oui, on peut dire ça comme ça… "
Il s'arrêta de parler
dès qu'il vit le surveillent lui jeter un regard soupçonneux…
Ils étaient bientôt dans la cour, là où
se dérouleraient les entraînements : pompes, tractions,
endurance, d'après ce qu'il avait entendu dire. On mettait
dans cette pension les " éléments perturbateurs
" de toute la planète en les menant à bout dans
l'effort physique pour leur faire oublier leurs habituelles occupations…
mais cette éducation ne les rendait-elle pas, au contraire,
plus forts et plus violents ? Les longues années passées
loin de la société et des gens ne pouvaient que faire
déserter de ces adolescents tout sentiment et toute sensibilité…
Sephiroth avait hâte de
savoir qui était ce " Chef " dont tout le monde
parlait tant… Ils arrivèrent en rang dans l'immense cour
cimentée et se postèrent devant une grande arcade.
De dos à eux se trouvait un grand homme à l'allure
imposante. Le surveillant avança de quelques pas, et déclara
timidement : " Chef ? les… les voici. " Lentement, l'homme
en question se retourna. Sephiroth n'arrivait pas à en croire
ses yeux. Arawn…
* * * * * * * * *
* * *
Le
bar était plein à craquer. Des voix et des rires fusaient
de partout, couvrant la musique de fond que Tamusiga avait choisie
avec tant de soin. Décidément ces touristes étaient
impossibles ! Ils s'entichaient de l'idée d'escalader la
falaise Gaea, pour avoir ensuite la joie de dire " Je l'ai
fait ! " Quels naïfs… on risquait sa vie à traverser
les montagnes ; elles étaient remplies de monstres et de
dangers… le vieux Hozloff, d'ailleurs, n'en était jamais
revenu. Sa femme l'attendait depuis plus de dix ans maintenant !
Tamusiga trouvait vraiment étrange cette vieille folle. Elle
aurait pu refaire sa vie… mais non, elle était restée
là à l'attendre, et il n'était jamais revenu.
Etait-il mort ? ou n'avait-il simplement pas voulu revenir ? Qu'importe,
la vie de cette femme était à présent gâchée,
consumée… pour rien.
" Un brandy Corellien, s'iou plaît ! l'apostropha un
gros homme, habillé à la mode de Costa del Sol.
- Tout de suite, monsieur… "
Le brandy Corellien était une des boissons alcoolisées
les plus demandées. A l'origine, elle était fabriquée
à Corel, la ville minière, mais elle se trouvait maintenant
dans tous les bars dignes de ce nom. Tamusiga aidait son père
le week-end au bar, à Icicle, servant les touristes de passage.
En ce moment, il y avait beaucoup de travail… c'était la
pleine saison dans la ville des neiges, et sa sœur, Ninsun, qui
d'habitude partageait la tâche avec elle, avait attrapé
la grippe ! " Elle ne perd rien pour attendre " se dit-elle.
Elle servit avec empressement le brandy que l'on lui avait demandé,
reçut l'argent et s'approcha discrètement de son père,
qui discutait avec deux montagnards. Elle lui glissa quelques mots
à l'oreille, puis monta les escaliers qui menaient à
la maison. " Tiens, je vais aller un peu espionner cette fainéante…
" Elle s'approcha sur la pointe des pieds de la chambre de
sa sœur, puis, silencieusement, jeta un œil par la porte entrouverte.
Ninsun était accroupie sur son lit, fixant avec grand intérêt
un petit miroir. Elle semblait vraiment absorbée par ce qu'elle
y voyait… " Quelle coquette, franchement ! Même moi je
me regarde pas aussi longtemps dans la glace… je vais me glisser
derrière elle et lui chiper son cher petit miroir… "
pensa-t-elle subitement. Dès la plus tendre enfance, Tamusiga
était profondément jalouse de sa sœur. Cette dernière
avait toujours été la préférée
de ses parents, celle à qui l'on portait le plus d'attention.
Peut-être cela venait-il du fait que Ninsun était plus
brillante qu 'elle, aussi bien dans ses études que dans ses
raisonnements… et puis elle était plus belle aussi. Grande,
mince, cheveux châtains foncés ondulés, traits
fins… alors qu'elle, Tamusiga, était déjà grassouillette,
et ses cheveux blond-roux toujours noués en tresse lui donnaient
un air peu féminin… Leur oncle Laocoon montrait d'ailleurs
une nette préférence pour la cadette , qu'il emmenait
toujours en ballade avec son scooter des neiges… Autant de raisons
qui, au fil des années, les avaient fait se détester
et s'éloigner de plus en plus.
" Ah Ah ! je t'y prends ! cria Tamusiga,
en prenant des mains de sa sœur le miroir magique.
- Tamu ! Arrête, rend-le moi !
- Non non non ! Tu vas t'user les yeux à te mirer comme ça
! "
L'aînée fit mine de se regarder dedans, empoignant
du coup le petit miroir. La glace se troubla, à son grand
étonnement. Ninsun avait l'air paniquée ; elle tentait
par tous les moyens d'arracher le précieux objet à
sa sœur, mais celle-ci se tournait sans cesse, lui donnant des coups
d'épaule pour l'en empêcher. " Mais… mais c'est
quoi ce miroir ? Waouh ! c'est qui ce mec ?
- Rend-le moi ! Allez !
- Je sens que je vais le garder, hé hé ! Si le film
est aussi… bien que la bande-annonce, je prends !
- C'est à moi, hé ! Pour le peu que tu viens ici,
m'embête pas OK ? Sinon retournes-y à Wutai !
- Petite sotte ! " cria Tamusiga en s'enfuyant avec l'objet
magique.
Ninsun courut après
sa sœur dans toute la maison, jusqu'à ce que cette dernière
s'enferme dans sa chambre. " Oh non ! le miroir… Sephiroth…
elle va voir des trucs que même moi je ne pourrai plus revoir
par la suite ! Et si je tiens à l'aider et à le chercher,
il faut absolument que je récupère le miroir ! "
Ninsun réfléchissait à toutes sortes de moyens
de reprendre l'objet magique, mais pour l'instant il n'y avait pas
grand chose à faire, à part attendre et écouter
les commentaires de Tamu à travers la porte… " Eh, Nin
! Où est-ce que t'as trouvé ce bijou ?
- T'occupe…
- Et lui, là, c'est qui ? il est trop beaaaauuuuu… et là,
on dirait toi en plus âgée !
- HEIN !?!?
- Oui, à côté de lui ! Ah ah ah ! Trop marrant
!
- Arrête!!! Ouvre la porte !!!!!
- Nan, je m'amuse trop ! Eh, ça te va bien l'habit de guerrière,
dis. Hé hé, mais moins bien qu'à lui… "
En Ninsun montait une rage impuissante et emplie de jalousie. Mais
c'est vrai ! Ce miroir était à elle, et Tamusiga n'avait
pas le droit d'y toucher ! Et puis c'était quoi ces histoires…
Elle, dans le futur ? En compagnie de Sephiroth ? A moins que sa
sœur lui mente pour la mettre hors d'elle ! ça marchait plutôt
bien… Mais si c'était la réalité ? Si elle
était vraiment dans cette vision ? Aaah… elle maudissait
sa sœur ; elle aurait pu défoncer la porte de sa chambre
si sa mère n'était pas arrivée à ce
moment-là.
" Hé bien ! C'est quoi tous
ces cris ? On vous entend depuis dehors ! Ninsun, tu n'es plus malade,
tout à coup ?
- Elle m'a piqué un m… un truc !
- Cessez vos enfantillages, toutes les deux ! Ninsun, rentre dans
ta chambre ! Tamusiga, rend-lui ce que tu lui as pris !
- Eh j'ai rien pris ! cria-t-elle de derrière la porte.
- Oh, vous règlerez vos problèmes toutes seules, mais
cessez de crier ! c'est compris ?
- Mais… "
La mère redescendit les escaliers avec humeur, en poussant
de gros soupirs qui voulaient dire : " Elles ne changeront
décidément pas… "
Ninsun resta plantée
là, puis se décida enfin à rentrer dans sa
chambre, bien résolue à reprendre le miroir dès
que sa sœur serait absente. Mais si elle l'emportait avec elle à
Wutai ? Non, il fallait qu'elle s'arrange pour le récupérer
avant… C'était le soir, et le repas était terminé
depuis longtemps. Elle se coucha, et avant de s'endormir, elle entendit
à travers la cloison un dernier sarcasme de sa sœur : "
Hé hé, s'il existe pour de bon, celui-là… j'irai
le chercher ! "
* * * * * * * * *
* * *
"
Non, restons calme… il ne peut pas me reconnaître… les Dieux
lui ont fait oublier… " pensa Sephiroth, pourtant peu sûr
de lui, alors que l'homme tant détesté inspectait
un à un les jeunes gens. Il en arriverait bientôt à
lui… Il l'avait tout de suite reconnu, ce vieux sadique. Certes,
il avait maintenant les cheveux totalement blancs, et marchait un
peu plus courbé, mais… cette lueur de méchanceté
et de haine dans ses yeux était toujours là. Elle
n'avait pas changé. Elle était même peut-être
plus intense, plus forte… il avait cuvé sa rage contre lui
pendant sept longues années, et maintenant… non, non, il
ne le " connaissait plus ", à présent. A
quinze ans, Sephiroth n'était plus le jeune garçon
effarouché qu'il était dans le centre de Midgar. Bien
sûr, il était toujours reconnaissable par ses cheveux,
ses yeux, mais il avait l'air beaucoup plus mûr maintenant,
et les après-midi qu'il avait passées à combattre
l'avaient musclé et rendu plus agile. Heureusement, à
Darkmoan, seul l'uniforme était obligatoire. L'adolescent
en était soulagé ; il n'aurait jamais accepté
de se faire couper les cheveux…
Arawn approchait. Il inspectait maintenant
le jeune pensionnaire à droite de Sephiroth, et avait l'air
d'apprécier que le garçon tremble de tous ses membres
à son arrivée. Il n'était pas le seul, d'ailleurs.
Morak faisait de même, bien qu'il essayât de s'en empêcher.
Les pas lourds de l'ex-sergent le menèrent enfin vers Sephiroth.
Il le dévisagea, comme il avait l'habitude de le faire… et
stoppa net. Ses yeux s'écarquillèrent et l'expression
de son visage changea.
" TOI ?!!?!!! "
L'adolescent poussa un grand soupir. Mais que s'était-il
passé ? S'il y en avait bien un qui devait l'oublier, c'était
Arawn ! Mais cette exception était-elle volontaire ? Ce cauchemar
ne finira donc jamais ?
L'homme fut pris d'un grand rire. Un rire
qui n'avait plus rien d'humain, un rire bien plus explicite que
des mots. Un rire qui voulait dire : " Je ne te manquerai pas,
cette fois. "
" Adorable, adorable… tu es adorable, SEPHIROTH, de t'être
toi-même jeté dans la gueule du loup. Je n'ai même
pas eu besoin de te chercher. " Il avait presque craché
son prénom, un mot qui à lui seul pouvait contenir
tous ses rêves de vengeance, sa haine et sa jalousie, ce nom
maudit mille fois avec la même rage ; peut-être était-elle
encore plus forte à présent. L'indignation était
devenue obsession, et cent fois il avait imaginé le retour
de cet être honni, remodelant ses rêves et ses images,
y ajoutant plus de sang et plus de violence, et peaufinant des petits
détails qui lui étaient tellement chers…
Et aujourd'hui il était là,
devant lui. Enfin… Et plus de Hojo ni de Président pour l'empêcher
de donner libre cours à ses moindres désirs. Il était
le chef, ici. Personne pour le contredire et lui donner des ordres.
Ah, il sentait que ces prochaines semaines allaient être les
plus belles de sa vie…
Sephiroth
le regarda droit dans les yeux. " J'ai beaucoup changé,
Arawn. Maintenant tu es sénile et moi aguerri… c'est déjà
plus équitable qu'il y a sept ans. " Arawn ne releva
même pas l'insulte, et répondit calmement : "
Mais moi je suis le chef et tu es sous mes ordres… ça, ça
n'a pas changé ! " Il eut ce sourire méchant
qui lui était propre et continua à inspecter les autres
élèves comme si de rien n'était. Les jeunes
pensionnaires, pourtant, ne pouvaient s'empêcher de regarder
Sephiroth avec de gros yeux, étonnés et à la
fois choqués que le Chef porte une telle haine à ce
nouveau. Apparemment, ils se connaissaient depuis longtemps…
* * * * *
* * * * * * *
Gadjaya
marchait dans la coursive qui menait à la salle de tir. Elle
était sombre et inquiétante, mais il fallait obligatoirement
y passer pour aller s'entraîner… La jeune fille passa sa carte
magnétique et entra. Il n'y avait pas plus de cinq personnes
dans la grande salle, tous des garçons, occupés à
charger leur arme ou à tirer. Un homme s'approcha d'elle.
" Gadjaya Wisham
? Bienvenue. Vous êtes en retard.
- Excusez-moi, mon lieutenant. J'ai eu du mal à retrouver
mes balles shrapnel.
- Ce n'est pas si grave, répondit-il avec un sourire. Tant
que cela ne se reproduit pas… Votre arme est prête, la voilà.
"
Il lui tendit le Desert Eagle avec assurance. Elle le prit et le
rangea dans son holster.
" Entraînez-vous avec les nouvelles munitions, reprit-il,
vous allez être surprise.
- C'est si impressionnant que ça ?
- Vous verrez bien… dit-il d'un air malicieux. Et cessez de trépigner
comme ça, ou vous serez trop stressée pour viser convenablement.
Ne gaspillez pas ces balles, tout de même. Intyre a eu du
mal à nous les procurer… Notre escadron est loin d'être
le premier sur la liste de ravitaillements ; nous ne sommes que
des débutants, après tout…
- Oui, mais des débutants qui ont de l'avenir ! "
Elle sourit et se dirigea vers sa place favorite, le couloir
cinq.
Quelques
heures plus tard, elle se trouvait dans le réfectoire de
la base, en compagnie de ses amis. Une grande baie vitrée
faisait entrer la lumière à flot dans la salle, tout
en donnant une magnifique vue sur l'océan. Junon était
la première ville militaire de la planète, même
si Midgar hébergeait de nombreux soldats… fixant avec une
grimace de dégoût le plat qui était posé
devant lui, Kargin ne put s'empêcher de soupirer. " Quand
est-ce qu'ils se décideront à changer de cuistot ?
C'est pas digne de nous, ça…
- Arrête de geindre, pépé… C'est digne du pirate
que tu es !
- Hé ! je te signale qu'il est bien utile, le pirate informatique
que je suis, quand il s'agit de cracker les codes des ordinateurs
du central pour obtenir les réponses des examens…hein ?
- Ok, ok, j'ai rien dit…pirate !
- Allez, arrête de le chambrer, Intyre… le coupa Gadjaya.
Déjà qu'il a terminé dernier au tir de précision
! (puis, s'adressant à Kargin) Faut dire que tu as passé
ces dernières semaines plus derrière ton ordinateur
qu'avec un pistolet dans les mains…
- Eh ! c'est comme ça, grogna-t-il. Oh, mais regardez qui
arrive… "
Les trois adolescents se retournèrent et virent le lieutenant
Gündoan entrer dans la cafétéria et se diriger
vers eux. Il était un des rares officiers à respecter
autant ses soldats. Il avait été affecté il
y a trois ans à cet escadron, et il se devait de faire de
ces jeunes militaires des tireurs d'élite. Il était
sur la bonne voie, les petits étaient doués… A vingt-sept
ans, il était tout prêt à devenir capitaine…
Il s'approcha du trio et les salua.
" J'ai une bonne nouvelle, les gosses
! les taquina-t-il. Mais pour Kargin, je crois qu'elle sera plutôt
mauvaise…
- Oh, allez-y,
soupira le concerné, ça sera pas ma première
tuile de la journée…
- Eh bien préparez-vous, ça va vous faire un choc
! La semaine prochaine… votre première mission sur le terrain
!
- Super ! cria Intyre. Mais pourquoi ne pas dire " NOTRE première
mission " ? Vous ne venez pas avec nous ?
- Hum… mon cher, je dois vous apprendre quelque chose : ce serait
assez grave pour un officier d'escadron de n'être jamais encore
parti en mission…
L'adolescent comprit la stupidité de sa question, mais déclara
tout de même :
- Et la mauvaise nouvelle, pour Kargy ?
Le lieutenant regarda Kargin avec un faux air compatissant.
- La mission dure deux semaines… et
pas le moindre composant informatique à des kilomètres
!
L'adolescent eut un gémissement de dépit,
faisant sourire ses amis.
- Désolé, vieux, fit Intyre d'une voix triste, comme
si l'autre venait de perdre un membre de sa famille.
- On est tous avec toi, dit Gadjaya en souriant. Tiens bon !
- Consolez-vous ; vous aurez tous une perm dès que la mission
sera finie… "
Le lieutenant sortit des papiers de sa poche et les tendit aux trois
jeunes gens.
" Ce sont les ordres de mission,
et tout est expliqué là-dedans. Enfin, presque tout…
nous partirons après-demain, et tout l'escadron Ultima sera
au complet…c'est-à-dire treize personnes.
- Vous serez le chef de l'unité ? demanda Gadjaya.
- Non… moi je ne suis responsable en principe que de votre groupe,
c'est-à-dire six personnes… l'autre partie de l'escadron
est entraînée par le commandant Regan. Lorsque nous
serons au complet, je ne serai que son second.
- Waw…faut lire tout ça ?
- Il vaut mieux…et ce ne sont que les grandes lignes de la mission
! Le reste vous sera expliqué juste avant le départ.
Et encore, on a de la chance, le commandant Regan a horreur des
briefings longs et ennuyeux… à l'inverse d'Heidegger.( Il
avait prononcé ce nom tout bas, car c'était bien sûr
très mal vu à la base de dire du mal des " huiles
" de la Shin-ra…)
- Oh là là… je m'en souviendrai toujours, de cette
fête en l'honneur du nouveau " Grand canon " ! soupira
Intyre. En plus de nous avoir fait ch… hum ! embêtés…avec
son discours pompeux, il a commencé à taper sur tout
ce qui bougeait dès la fin de la parade ! Il est trop fou,
ce type…
- Bon… commença Gadjaya, C'EST VRAI que la moitié
de l'assistance roupillait déjà avant qu'il n'ait
entamé le sujet principal…
- Avec une intro d'une demi-heure, j'estime ça normal… ironisa
Kargin. Mais alors quand il s'en est aperçu ! Aïe !
J'en ai encore mal…
- Ah ah ah… allez, cessez de vous plaindre, les gosses, et rejoignez-moi
dès que possible en salle d'entraînement. Je vous laisse
! "
Les jeunes gens le saluèrent et le regardèrent partir.
Puis, après un temps de silence, dû à l'étude
des documents qu'ils venaient de recevoir, la jeune fille prit la
parole :
" Nibelheim ? connais
pas… un village de l'autre continent, sûrement. Mais ils ne
précisent pas vraiment ce qu'il faut aller chercher ou faire
là-bas…
- Si, il nous suffit de " suivre les indications qui nous seront
remises au briefing de la mission ". En fait, ces cinq pages
se résument en trois lignes… Attendez, écoutez-moi
ça ! " Pour ceux qui préfèrent l'utilisation
d'armes légères caractérisées par l'envoi
de rayons d'énergie comprimée… " Mais ils savent
pas dire " blaster " comme tout le monde ?!!
Kargin sourit à la réflexion de son ami, et renchérit
:
- Oh, ça c'est pour épater les petits nouveaux… C'est
le langage des dictionnaires, il paraît qu'ils adorent ça
dans le haut-commandement.
- M'étonne pas. Et puis nous, on est la dernière roue
du chariot… On se récolte les armes que les autres escadrons
n'ont pas daigné prendre, ou même leurs anciens équipements
!
- Ouais ! " affirma Kargin énergiquement.
Les deux autres se regardèrent, puis, d'un air entendu de
complices, se tournèrent vers leur ami. Ils le fixèrent
avec un demi-heure inquiétant, qui fit naître en l'adolescent
un mauvais pressentiment.
" Quoi ? "
se décida-t-il enfin à dire. Gadjaya prit un air ironique
et Intyre un air de prédateur. " Eh bien… on a quelque
chose à te proposer.
- Aïe…
- C'est quand même dangereux.
- Re-Aïe…
- Toi qui manipules si bien les données informatiques… pourrais-tu
infiltrer, sans que personne ne puisse localiser la source, les
banques de données des attributions des armes ? Du style
nous mettre ailleurs qu'au dernier rang…
- Oh-oh, ça peut se faire, en effet…mais ça se monnaye
! Hé hé…
- HEIN ? t'y vas un peu fort, là ! ça te profiterait
aussi, ce changement !
- Bah ! Moi je suis satisfait de mon CR d'embuscade, si ce n'est
pas votre cas…
- C'est bon, tu as gagné ! Alors, tu veux quoi ?
- Gadjaya, tu as un talisman que j'aime beaucoup ! Et toi, Intyre,
je me rappelle de ton super " gilet de protection "…
- Ah, je vois ! Il paraît que ce talisman favorise l'esprit,
ça doit t'être indispensable ! Ah ah… allez, je te
le filerai, mais seulement si j'obtiens une bonne arme !
- OK, OK… et toi, Inty ?
- Je suis d'accord, mais avec les mêmes conditions que Gadjaya.
Un gilet qui augmente la vitalité… c'est peut-être
un bon moyen pour plus te voir roupiller pendant les combats ! "
Ils rirent de bon cœur tout en continuant leur repas, mais avec
au fond d'eux cette anxiété que l'on ressent toujours
avant les grandes missions…
* * * * * * * * *
* * *
Cette
nuit était moins sombre que les précédentes.
Un faible rayon de lune éclairait le lit de Sephiroth… depuis
longtemps déjà le couvre-feu avait été
donné, mais tous les occupants de la chambre étaient
encore éveillés. Depuis l'intervention d'Arawn, en
début d'après-midi, les adolescents avaient eu comme
un soudain élan de sympathie pour ce nouveau venu, même
s'ils essayaient de le cacher devant le " Chef ". Ils
avaient enfin trouvé quelqu'un qui allait être plus
malheureux qu'eux… une sorte d'anxiété emplissait
leur cœur à tous, et, honteusement, ils se demandaient bien
quelles nouvelles horreurs allait inventer Arawn pour que la vie
de cet être se transforme en cauchemar.
Sephiroth était
assis sur son lit, et ne disait rien. Les yeux perdus dans le vide,
il entendait à peine les questions que lui posaient les autres
pensionnaires.
" Tu connais
le Chef depuis longtemps ? Il a pas l'air de t'aimer, dis…
- Laisse-le, tu vois bien qu'il veut pas répondre… mais…
je me pose aussi des questions… tu n'es jamais venu à Darkmoan…
ça fait huit ans que je moisis ici, et il est arrivé
il y a environ sept ans. J'en connais, des mecs, ici ! Et je ne
t'ai jamais vu. Hum… tu étais dans un centre de la Shin-ra,
hein ?
Sephiroth sembla sortir de sa méditation, et regarda son
interlocuteur. Morak…
- Oui, j'étais dans un centre. Et alors ?
Son ton était indifférent… son esprit était
à des kilomètres de là, plongé dans
les arcanes du temps, accompagnant ce gosse de huit ans, volant
en pleine nuit de quoi survivre…
- Et alors, qu'est-ce que t'as fait à ce type pour qu'il
te déteste autant ?
Sephiroth eut un soupir ironique, et sourit pensivement.
- Laisse tomber…
Morak n'insista pas, mais resta perplexe. Il se recoucha, suivi
peu à peu des autres garçons. Seul un restait éveillé.
Il se demandait comment l'ex-sergent avait pu échapper à
" l'amnésie "… en tout cas il n'avait aucune idée
du temps qu'il passerait dans cette pension. Peut-être plusieurs
années ? Quel enfer… Ce qui l'inquiétait encore plus
était qu'Arawn ne lui avait rien fait après leur "
rencontre ". Il l'avait presque ignoré, le traitant
comme les autres élèves ! Quelle fourberie était-il
encore en train de préparer ? Car il en préparait
une, il en était sûr ! Un de ces coups bas, comme le
priver de nourriture, ou encore l'humilier de je ne sais quelle
façon malsaine…
C'est l'esprit mouvementé
qu'il s'endormit, épuisé d'avoir veillé et
surtout fatigué par tous les évènements de
la journée…
Le lendemain, Sephiroth
eut droit à ses premiers cours à Darkmoan. Malgré
la discipline de fer des professeurs, c'était un vrai plaisir
comparé aux entraînements dirigés par Arawn.
Cependant, le martinet était de mise pour les cancres… Heureusement
Sephiroth n'avait pas de problème de ce côté-là…
" Il ne manquerait plus que ça ! " pensait-il.
Les salles de classe étaient vieilles, et le papier jauni
des murs renforçait l'impression que chacun, à sa
première entrée dans la pension, ressentait irrémédiablement
: l'oubli. La Shin-ra ne devait pas envoyer beaucoup de fonds pour
restaurer le vieux manoir… voir pas du tout. Tout juste de
quoi payer la nourriture et le personnel… Le Président était
vraiment très proche de son argent, et préférait
l'utiliser à des actions d'éclat qu'à fournir
une pension dont presque personne ne soupçonnait l'existence.
Après les
cours vint le sport, puis enfin il put manger au réfectoire.
Sephiroth eut un peu d'appréhension avant de rentrer dans
la salle. Et si Arawn avait préparé un sale coup ?
S'il avait donné des instructions aux surveillants pour qu'il
ne mange pas ? Non, il fallait arrêter de penser à
ça… Maintenant il s'en apercevait… seulement maintenant,
il prenait conscience que ces jours passés enfermé
dans une cave sans rien manger, ces jours de son enfance, l'avaient
profondément traumatisé. Et le revoilà à
nouveau plongé dans ce monde de violence et de règlements
de compte… il avait eu si peu de mal à le quitter, mais tellement
de douleur à y revenir ! Inconsciemment, il se sentait presque
" chez lui " dans des endroits comme celui-ci. Non pas
qu'il aimât ça… mais il connaissait les moindres pièges,
les risques, et le comportement à adopter dans de telles
situations.
Il s'installa à
une table, au fond du réfectoire, là où se
trouvaient quelques garçons de sa classe. Ils parlaient peu,
ce qui arrangea Sephiroth, qui de nature était déjà
très réservé, mais qui surtout avait l'esprit
ailleurs. Peut-être que les cours lui changeraient les idées…
L'après-midi
fût pénible, et bientôt arriva l'entraînement
au combat. Aujourd'hui peut-être, Sephiroth pourrait enfin
se battre… Arawn serait là. Mais après sa plate défaite
contre lui il y a sept ans, il s'était sûrement entraîné.
Quelque chose gênait cependant l'adolescent : il avait un
mal inouï à sortir ses " limites ". Certes,
elles étaient rares, mais extrêmement destructrices.
Outre " Rancune totale " (c'est ainsi qu'il avait nommé
sa toute première limite, celle qu'il avait utilisé
sur Arawn la première fois), il avait réussi à
en développer une seconde, encore plus puissante, mais elle
n'avait pas encore de nom. Il avait remarqué que ses transes
ne se déclenchaient pas en fonction des coups qu'il recevait
de ses ennemis, mais quand il se trouvait dans une extrême
colère. Avec son caractère plutôt calme, ça
devenait difficile… Mais sa haine contre Arawn allait arranger les
choses. Peu importait s'il ne pouvait utiliser ses limites sur les
monstres contre les quels il se battait habituellement. Si sa haine
devait être concentrée sur une seule et unique personne,
alors c'était bien d'Arawn qu'il devait s'agir.
La salle de combat
était assez vaste, et s'étendait sur environ 800 m2
. Elle était parsemée d'obstacles en tous genres,
et des espaces étaient aménagés pour les combats.
Les vestiaires étaient très simples : une salle commune,
avec des douches et de vieux bancs de bois, dont la peinture était
écaillée par endroits. C'étaient de ces vieux
vestiaires qui interdisaient tout intimité à ceux
qui les utilisaient, et dont l'aspect décrépit était
renforcé par la faible lueur émanant des lucarnes.
Une lumière poussiéreuse enveloppait tout d'un voile
gris, remplaçant les couleurs qui avaient depuis longtemps
disparu.
Les surveillants
et le Chef bénéficiaient de vestiaires individuels,
à l'autre bout du gymnase. Quand les élèves
arrivèrent, Arawn se tenait déjà debout et
prêt devant eux. Son habit n'avait pas changé - toujours
cet uniforme vert foncé - mais son fouet paraissait beaucoup
plus redoutable qu'à l'accoutumée. En y regardant
de plus près, on pouvait constater que le cuir avait été
renforcé en de multiples endroits, rendant le contact avec
la peau d'autant plus douloureux. Pour l'instant, l'homme les fixait
avec un calme déstabilisant, mais ce demi-sourire inquiétant
n'avait pas quitté ses lèvres. Il se décida
enfin à parler.
" Aujourd'hui…
le groupe 1 s'entraînera aux épreuves que j'ai préparées.
Saut, agilité, force, il vous faudra le maximum de votre
côté. Le groupe 2… vous ferez du combat. Mettez-vous
deux par deux, et répartissez-vous entre les différents
rings. Tout de suite !!! "
Les adolescents
obéirent sans discuter. Les groupes se formaient, et Sephiroth
se retrouva, à sa grande satisfaction, dans le groupe 2.
Mais alors qu'il allait faire équipe avec Shonu, un grand
garçon qui partageait sa chambre, Arawn intervint. Il regarda
de haut Sephiroth.
" Non, toi,
reste là. Tu n'auras pas de partenaire. " L'adolescent
ne comprit pas tout de suite. Il crut d'abord que l'ex-sergent lui
interdisait le combat. Mais il s'aperçut bien vite, en regardant
autour de lui, que les élèves de son groupe étaient
en nombre impair. Oh, c'était donc ça ? Arawn demandait
un duel ? Parfait. Au fond de lui, sans qu'il n'ose se l'avouer,
c'était ce qu'il voulait. Mais il pouvait se tromper… Ce
sadique préparait peut-être quelque chose pour lui.
" Je te réserve
quelque chose de… mieux… " lui souffla Arawn avec un petit
ricanement. Sephiroth releva la tête et fixa l'ex-sergent
avec un sourire on ne peut plus hypocrite. " Quelle délicate
attention, sergent… "
Arawn lui lança un regard plus que mauvais. Il avait horreur
que l'on lui rappelle qu'il avait jadis été dégradé.
De sergent de la Shin-ra il était passé à chef
d'une pension paumée au milieu de nulle part, à cause
de ce… de ce vermisseau ! Et rien que pour cela il aurait mérité
d'être tué cent fois… Cependant il ne répondit
rien, et se concentra sur le combat qui se déroulait sous
ses yeux. Il se consola en pensant à ce que ce sale gosse
allait recevoir dans quelques instants, quand tous les combats seraient
finis. Ah ah… il regretterait ce regard insolent qu'il venait de
lui jeter…
Pour
l'instant, le premier combat opposait Jeggah et Mio. Les matérias
étaient interdites, mais de vrais coups étaient donnés,
avec les armes personnelles des élèves. Ceux qui n'en
possédaient pas devaient les emprunter à l'armurerie
de la pension. Les adolescents revenaient bien souvent blessés
de ces affrontements, mais le Chef était là pour mettre
fin au " carnage " quand cela devenait nécessaire.
Les combats allaient cependant trop loin au goût des jeunes
pensionnaires, car le plaisir qu'avait Arawn à voir le sang
couler le poussait à les faire durer le plus longtemps possible.
Aujourd'hui c'était
assez rapide. Etrangement, il ordonnait l'arrêt des hostilités
alors que les élèves s'étaient à peine
échangé trois ou quatre coups. Mais ce n'était
pas un hasard : Arawn désirait arriver le plus vite possible
au " dessert ". Cette envie le brûlait jusqu'au
plus profond de son âme. Oui, il aimait le sang. Oui, il aimait
la violence. Mais par-dessus tout, il se délectait de la
douleur de Sephiroth ; il adorait ça plus que tout… Sa vie
médiocre et sans attrait lui interdisait toute distraction
et tout plaisir. Il avait appris à aimer ce dont sa vie était
composée. Et, bizarrement, il avait apprécié
ça. Puis il avait adoré ça. Chaque jour sa
vie devenait plus monotone, et chaque jour il se complaisait encore
plus dans la fange. L'homme n'est pas né méchant,
il le devient, comme on devient malade. Mais cette maladie-là,
une fois attrapée, est pour ainsi dire inguérissable…Bilan
sans mystère de tant d'années sans lumière…
Quand tous les élèves
se furent battus, Arawn s'avança jusqu'au milieu du ring
principal, et héla tous les adolescents. " Venez tous
par ici ! Venez, regroupez-vous autour du ring numéro 1…
Et regardez, vous allez avoir du spectacle… hé hé
hé… " Les garçons se regardèrent avec
étonnement et obtempérèrent. Sephiroth prépara
son katana. Voilà, il l'avait prévu. Un duel… espérons
qu'Arawn n'utilise pas de matéria… car lui n'en avait pas.
Ce combat, dans ce cas, serait déloyal, mais l'autre s'en
fichait bien.
" Allez, Sephiroth…
approche, n'aie pas peur… tu n'avais pas d'équipier ? Eh
bien voilà, tu as une occasion en or de te battre contre
moi. " Il se tapota la poitrine d'un air fier et empoigna son
fouet. Les autres garçons avaient raconté à
Sephiroth qu'Arawn prenait parfois part au combat, en général
pour humilier et punir certains élèves trop sûrs
d'eux ou trop prétentieux. Aux rumeurs qui couraient, on
disait Arawn extrêmement fort. Celui-ci était en position
de combat. Il affichait toujours ce petit sourire méchant,
et brandissait son fouet comme pour impressionner la foule. Mais
ce que Sephiroth ne savait pas… c'était qu'Arawn avait deux
matérias, associées l'une à l'autre. Une "
Temps ", évoluée au maximum, et une " Illusion
". Cette dernière était extrêmement rare.
Elle permettait de masquer la magie avec laquelle elle était
associée. C'est-à-dire qu'Arawn pourrait utiliser
comme il le voulait la Magie " Temps " sans que personne
ne s'en aperçoive. Il était malhonnête et tricheur.
Il agit le premier en envoyant " Stop " sur Sephiroth,
mais personne ne vit qu'il avait utilisé de la magie. Pour
les spectateurs, le combat n'avait pas encore commencé.
" Allons, je
te laisse frapper en premier, mon petit… " lui lança
Arawn. Mais l'adolescent ne parvenait pas à bouger. Que s'était-il
passé ? Il était totalement paralysé ! Il avait
beau essayer de toutes ses forces, il n'arrivait pas à se
mouvoir.
" Eh bien, tu as peur ? Vas-y, bats-toi ! " cria Arawn,
sur un ton moqueur. Les élèves qui regardaient la
scène s'étonnaient de l'immobilité de Sephiroth,
qui d'habitude paraissait si sûr de lui et courageux… Un énorme
sentiment d'injustice et d'impuissance montait en l'adolescent.
Le pire était sûrement pour lui de ne pas savoir ce
qui lui arrivait. Impossible de bouger d'un centimètre. Et
Arawn, avec son air ravi, s'avançait lentement vers lui.
Soudain, Sephiroth les vit. Les deux matérias qui brillaient
faiblement, dans le manche du fouet… elles étaient bien cachées,
de façon à ce que l'on ne puisse les voir qu'une fois
très près d'Arawn. Alors c'était ça,
il avait triché. Et lui qui ne pouvait rien faire… à
tous les coups il lui avait lancé la magie " Stop ",
mais l'avait dissimulée… par quel moyen ? Sephiroth l'ignorait.
Mais une chose était sûre : Arawn allait le faire passer
pour un couard paralysé de peur, et se faisant battre au
premier combat.
" Eh bien,
si tu laisses passer ta chance, je vais être obligé
de t'attaquer en premier… " soupira l'ex-sergent. Il brandit
le fouet et frappa Sephiroth au visage. Un filet de sang coula du
haut de l'oreille jusqu'au menton de l'adolescent. La douleur était
cuisante, mais par bonheur le fouet n'avait pas atteint ses yeux…
ça les aurait crevés net… Peut-être Arawn frapperait-il
encore au visage, la prochaine fois. Et là Sephiroth aurait
sûrement moins de chance. Arawn crut bon d'ajouter un propos
sarcastique : " Alors, on fait le malin, mais dès que
l'on se retrouve avec une arme dans les mains, on est paralysé
de peur ! "
Le fouet s'abaissa
une deuxième fois. Le bras du jeune homme reçut le
coup ; et celui-ci était encore plus fort que le précédent.
Mais Arawn, sans qu'il le sache, allait par ce moyen se détruire
lui-même. En effet, au bout d'un certain temps, la magie perd
son effet… et les coups qu'il aura donné auront fait monter
en Sephiroth cette haine, origine de ses limites… Au bout du quatrième
coup de fouet, l'adolescent sentit ses membres ankylosés
se dégourdir peu à peu… Mais il essaya de maintenir
l'illusion. Si Arawn s'apercevait que sa magie ne faisait plus effet,
il en enverrait une nouvelle. Et là, Sephiroth ne pourrait
rien faire…
Une puissance, cependant,
affluait dans ses veines. Elle était à la fois forte
et réconfortante, et lui faisait moins sentir ses blessures.
Voilà. Il était prêt. Il n'en tenait à
présent qu'à lui de plonger ce vieux salaud dans l'autre
monde…
Arawn continuait
de frapper, aveuglément. Les coups pleuvaient, impitoyables
et destructeurs, lacérant la chair d'une jambe, d'un bras,
du torse ou même du visage. Son plan marchait, ce sale morveux
était paralysé, et les autres élèves
étaient ébahis devant sa force à lui, Vergar
Arawn. C'est comme ça qu'il aimait qu'on le considère
: comme un être puissant et terrible, qu'il faut admirer et
respecter. Mais ce Sephiroth cassait tout. Il était insolent
et intelligent. Et cette association, Arawn la détestait
au plus haut point. Enfin le moment magique était venu. Il
était en train de le ridiculiser en public… L'ex-sergent
brandit son arme une nouvelle fois.
" Ah ah ah…
ça y est, tu as perdu, vermine ! "
Mais soudain une aura rouge se forma aux pieds de Sephiroth, qui
regarda son tortionnaire avec un étrange sourire. "
Eh non, toujours pas. "fit-il en haussant les épaules.
Des ombres noires sortirent des profondeurs de la terre, comme des
âmes damnées ressurgissant du chaos, et se regroupèrent
pour former une immense vague sombre et brûlante. Elle se
dressait derrière l'adolescent, comme attendant son ordre
pour se projeter sur l'ennemi. Sephiroth, enfin, plongea la lame
de son katana dans le sol. La vague mortelle se précipita
sur Arawn, dont le visage effaré trahissait la plus grande
des peurs… Le liquide en fusion emporta l'homme jusqu'à l'autre
bout du gymnase, le plaquant contre le mur et lui brûlant
la chair… ça y est, Sephiroth avait trouvé le nom
de cette nouvelle limite : " Lame de fond "…
Peu à peu
la lave noire se tarit, et Arawn retomba lourdement sur le sol.
Sa peau était carbonisée par endroits, et ses habits
étaient presque entièrement brûlés. Il
eut cependant la force de relever la tête, et eut juste le
temps de croiser le regard méprisant de son jeune adversaire
avant de s'évanouir.
* * * * *
* * * * * * *
Dans
la pénombre de sa chambre, Ninsun était en train de
bricoler un petit crochet de fer. Elle allait l'utiliser sur la
serrure de la chambre de sa sœur, pendant que celle-ci serait au
bar. Bien sûr, il ne fallait pas que sa mère la surprenne,
sinon tout espoir serait perdu. La jeune fille ouvrit sa porte et
inspecta le couloir. Personne en vue… c'est bon, elle pouvait y
aller. Elle s'approcha de la porte de Tamusiga sur la pointe des
pieds, inséra le crochet dans la serrure et tourna. Le mécanisme
résista un court moment, puis finit par céder. Ninsun
regarda encore une fois autour d'elle, puis entra dans la chambre.
Il y faisait noir, mais il n'était pas prudent d'allumer
la lampe dans une telle situation.
Elle scruta la pénombre,
mais n'aperçut pas le miroir. Où avait-elle bien pu
le cacher, cette voleuse ? Peut-être dans un de ses tiroirs…
Elle les ouvrit tous, prenant soin de les refermer et de tout laisser
dans l'état où elle l'avait trouvé. Ses recherches
furent vaines. Elle pestait contre Tamusiga… pourquoi venait-elle
toujours tout compliquer ? La jeune fille se demanda si sa sœur
regardait souvent l'objet magique. " Le moins possible,
j'espère " pensa-t-elle. Mais si elle l'utilisait souvent,
elle devait l'avoir à portée de main… Ninsun eut soudain
une idée. Mais oui ! pourquoi n'y avait-elle pas pensé
plus tôt ? Elle se précipita vers le lit de sa sœur
et souleva l'oreiller.
Le petit miroir
était là, brillant faiblement sur le tissu bleu. Ninsun
sourit et le prit délicatement, par le haut, sans toucher
le manche. Dans quelques secondes, elle devrait être discrète
et attentive. Si une " vision " apparaissait sur le miroir,
elle serait tentée de la regarder et les risques de se faire
prendre en seraient d'autant plus augmentés.
Elle allait ressortir
quand des bruits de pas résonnèrent dans l'escalier.
Elle avait appris à reconnaître les pas de chacun,
à la maison. Son père et son pas traînant, celui
de sa mère discret mais reconnaissable… mais celui-là
était vif et bruyant… Tamusiga… La jeune fille eut tout juste
le temps de se cacher derrière la porte. Non, non… mauvaise
cachette… il fallait filer le plus vite possible dans sa chambre
et fermer la porte à clé ! Elle attendit que sa sœur
entre, la bouscula puis courut " à l'abri ".
Tamusiga tomba par terre sous la violence du choc. Quand elle comprit
ce qui était en train de se passer, elle cria : " NINSUN
! ! ! Tu as fouillé dans ma chambre ! ! ! TU VAS LE REGRETTER
! ! ! " Mais cette dernière était bien en sécurité,
réfléchissant à l'endroit où son trésor
allait être caché. Il y avait un renfoncement dans
le mur, juste derrière son lit, qu'elle avait recouvert par
un poster. Plus personne ne devait se souvenir de cette cachette
; elle allait en profiter. Ignorant les cris indignés de
sa sœur, elle empoigna le petit miroir. Et l'illusion se forma…
Sephiroth entra
dans la salle d'observation. " Professeur Gast ? " L'homme
en blouse blanche se retourna, et regarda avec un air paternel le
jeune garçon. " Oui, Sephiroth ?
- Je… me demandais… pourquoi j'étais différent ?
- Différent ?
- Oui, je suis plus fort que les autres, par exemple… pourquoi ?
Mes parents étaient de grands guerriers ? "
Le professeur parut très gêné. Parfois il aurait
souhaité que cet enfant soit moins mûr. A n'importe
quel autre, il aurait pu répondre n'importe quoi… mais Sephiroth
savait déceler les mensonges mieux que n'importe qui. Mais
il ne pouvait pas lui dire la vérité. C'était
trop…honteux. Son vrai père ne le considérait que
comme spécimen, et sa mère avait subitement disparu
après sa naissance. Gast savait bien qu'Hojo y était
pour quelque chose, mais il n'avait aucune preuve… Il valait mieux
que Sephiroth en sache le moins possible. Jénova n'était
qu'une créature fossile ramenée à la vie, et
dont on avait pris une cellule pour l'injecter à un embryon
humain… mais elle était cachée dans un endroit ultra-secret
perdu dans les montagnes. Sephiroth ne le saurait sûrement
jamais.
" Eh bien…
euh… je n'ai jamais connu tes parents, Sephiroth…mais… je sais que
ta mère s'appelait Jénova, et qu'elle… est morte à
ta naissance… "
Il n'avait pas trouvé
meilleur mensonge. Il se dit que cela suffirait…(mais c'était
déjà trop… beaucoup trop…) Sephiroth le regardait
d'un air soupçonneux… Seule la confiance qu'il avait en Gast
pouvait le pousser à le croire. Le professeur fut soulagé
de voir le jeune garçon repartir, apparemment satisfait de
cette réponse. Mais Gast s'inquiétait pour l'avenir
de son petit protégé. Il savait bien qu'il ne pourrait
pas le garder indéfiniment… le président Shin-ra voulait
en faire un grand guerrier ; ça avait l'air de plaire au
garçon… mais Hojo continuerait de faire des expériences
malsaines sur lui, et ça, il ne l'acceptait pas. Il lui en
avait déjà parlé plusieurs fois, mais ce dernier
était inébranlable. Il voulait voir jusqu'où
l'humain pouvait aller, dans la perfection et dans la puissance.
Un jour tout cela finirait mal, il le sentait…
Après avoir
vu cela, Ninsun était bien décidée à
trouver Sephiroth, et lui raconter toute la vérité.
Mais est-ce que cela servirait à quelque chose ? Ou la vérité
allait-elle le rendre encore plus malheureux ? Et quel âge
avait-il en ce moment ? Peut-être était-il déjà
trop tard… Non, avant de se faire des idées, il valait mieux
en savoir plus. Et le miroir était le meilleur moyen. Mais
comment savoir quelles étaient les " visions "
que sa sœur avaient vues ? Elles étaient sûrement importantes
! Oh, mais… cette petite peste avait un journal intime ; elle le
savait pour l'avoir surprise un jour en train d'y coller des photos…
Peut-être y avait-elle écrit ce qu'elle avait vu ?
Mais il fallait retourner dans l'antre du " monstre "…
qui devait être sur ses gardes à présent. Bah,
elle utiliserait le même stratagème que pour reprendre
le miroir. La tâche allait être simplifiée, car
elle connaissait l'emplacement exact de l'objet en question.
Pour l'instant,
elle allait essayer de voir d'autres " illusions " grâce
à l'objet magique. C'était comme un messager entre
le Destin et elle… ou était-ce elle, la messagère
du Destin ?
Le camion roulait
sur une route accidentée. La pluie la rendait boueuse et
dangereuse, et le convoi militaire avait bien du mal à se
frayer un chemin parmi la végétation luxuriante des
abords de Nibelheim. Un jeune homme brun, aux cheveux ébouriffés,
s'agitait dans tous les sens. Il s'appelait Zack, et était
nouveau venu dans la 1ere classe de l'élite SOLDAT. Il regarda
dehors la pluie tomber en rafales. " Il pleut à torrent.
" souffla-t-il. Lentement, il se tourna vers un garde, assis
sur une caisse près de lui. " Hé, comment ça
va ?
- Euh… ça va bien, lui répondit machinalement l'homme.
- Je' ne sais pas… renchérit Zack. Je n'ai jamais eu le mal
des transports. "
Cette fois-ci, il s'adressa à l'autre garde. " Tout
va bien ? " L'autre, à moitié assoupi, ne lui
répondit même pas. Le jeune homme resta donc planté
en plein milieu de l'espace arrière du camion, aménagé
spécialement pour les militaires partant en mission. Sephiroth,
que le manège du garçon commençait à
énerver, l'interpella. " Hé ! " Zack se
tourna vers son interlocuteur, de la curiosité dans le regard.
" Installe-toi… " continua l'officier. Le jeune soldat,
ravi que quelqu'un lui adresse enfin la parole, commença
à trépigner de joie. " Ils-m'ont-donné-une-nouvelle-matéria
! ! ! ! Je suis impatient de l'utiliser !
- …comme un gosse. " soupira Sephiroth.
L'adolescent, à cette remarque, resta soudain calme. Puis
il reprit :
" Tu vas nous expliquer cette mission ?
- Ce n'est pas une mission ordinaire…
- Bon ! fit Zack subitement.
- Pourquoi dis-tu ça ? demanda le jeune général.
L'adolescent se tourna vers la porte arrière du camion, et,
tout en regardant par la brèche tomber la pluie, répondit
:
- J'ai rejoint le SOLDAT pour pouvoir être comme toi. Mais
le temps que je devienne première classe, la guerre était
déjà finie. J'ai abandonné tout espoir de devenir
un héros comme toi lorsque la guerre s'est terminée.
C'est pourquoi je suis toujours partant pour une mission importante.
Un peu pour m'affirmer. "
Il se retourna pour faire face à son idole.
" Alors, comment ça va, Sephiroth ? "
Celui-ci sourit en entendant la question de prédilection
du gamin.
" Je croyais
que tu voulais une explication ? "
Le garçon, confus, n'osa rien dire. Sephiroth reprit donc
la parole :
" Notre mission
est d'étudier un vieux réacteur Mako. On a rapporté
qu'il fonctionnait mal, et qu'il produisait des créatures
brutales. Tout d'abord, nous éliminerons ces créatures.
Ensuite, nous identifierons le problème et y remédierons.
- Des créatures brutales… dit pensivement Zack. Où
ça ?
- Au réacteur Mako de Nibelheim.
- Nibelheim… je vois. "
Soudain, un grand choc fit trembler le camion. Le chauffeur, paniqué,
interpella Sephiroth. " Hé !…quelque chose de bizarre
vient de s'écraser dans notre camion ! ! ! " Sous les
regards affolés des autres soldats, le jeune général
se leva calmement.
" C'est peut-être notre monstre… "
Ils
sortirent du véhicule pour se retrouver nez-à-nez
avec un immense Dragon vert. La pluie avait redoublé de violence…
les gardes, sur un signe de l'officier, coururent s'abriter dans
le camion. Devant le gigantesque animal ne se trouvaient plus que
Sephiroth et le jeune Zack.
Le dragon agit en
premier. Il s'avança vers Zack et le lacéra de ses
énormes canines. L'adolescent tomba à terre, inanimé,
sous la violence de l'attaque. Sephiroth utilisa sa magie de Ranimation
sur son coéquipier, qui se releva aussitôt, un peu
titubant. Le monstre, cette fois-ci, fit l'erreur d'attaquer le
grand guerrier. Non seulement, il ne lui causa aucun dégât,
mais en plus il reçut un coup tranchant et si merveilleusement
destructeur de l'arme légendaire de Sephiroth.
Zack n'arrivait pas à en croire ses yeux : quelle force incroyable
! Malgré la puissance et l'aspect imposant du Dragon vert,
l'officier se battait avec une facilité et une habileté
déconcertantes. Il était bien plus fort dans la réalité
que dans toutes les rumeurs qu'il avait entendues sur lui… et pourtant
il y en avait eu ! Les discussions allaient bon train à Midgar
; on le disait invincible. " Bah ! personne ne peut être
invincible… " avait alors répondu le jeune homme. Mais
à présent, il était prêt à revoir
ses idées et convictions à ce sujet.
Le monstre, blessé profondément, concentra sa rage
sur son attaquant et cracha une longue salve de feu. Cette fois-ci
non plus, Sephiroth ne fut pas affecté par l'attaque. D'un
nouveau coup de Masamune, il acheva la bête. Sous les yeux
admiratifs de Zack, il contempla une dernière fois le cadavre
du dragon et repartit lentement jusqu'au camion…
Ninsun entendit frapper violemment à la porte. C'était
sa sœur, qui criait toutes les injures qu'elle connaissait à
l'adresse de la jeune fille. Par bonheur, sa mère était
partie pour le restant de l'après-midi et son père
était trop occupé pour régler les affaires
de ses filles. D'ailleurs, il ne devait sûrement rien entendre
de leur dispute de là où il était. Le bar était
situé au sous-sol, et elles étaient au premier étage.
" NIN ! ! ! REND-MOI CE MIROIR ! ! ! !
- Quoi encore ? Tu en as déjà bien profité,
j'en suis sûre !
- C'est pas tes affaires ! rend-moi ça ! ! !
- Tu me fatigues… va crier ailleurs ! Je sais pas moi, va rejoindre
Moony… "
Au nom de sa peluche préférée et adorée,
Tamusiga fit un bond.
" QUOI ? !
! Qu'est-ce que tu as fait à Moony ? ! ! PARLE ! ! !
-Bah, il avait un peu froid sur ton armoire poussiéreuse…
il s'est payé un séjour dans le micro-ondes…
- NOOOOOOONNN ! ! ! hurla sa sœur en dévalant les escaliers.
NINSUN, TU ES LA DERNIERE DES GARCES ! ! !
Ninsun sourit.
- Bah, on peut pas être premier en tout… "
Elle avait inventé cette ruse
pour se débarrasser de Tamusiga. Pendant que celle-ci rechercherait
son précieux ours en peluche dans toute la maison, Ninsun
aurait enfin la paix. Elle empoigna à nouveau le miroir…
Nibelheim était
calme en cette fin d'après-midi. Mais ce silence-là
était troublant, comme annonçant une grande catastrophe…
Sephiroth avança le premier et contempla la ville sombre.
Il y avait quelque chose d'inquiétant ici… comme… non, il
n'arrivait pas à trouver quoi… Il se retourna vers Zack.
" Alors, qu'est-ce que tu ressens ? cette ville est étrange,
non… ? il y flotte l'odeur de la mort…
Devant le silence de l'adolescent, Sephiroth sembla se poser la
question à lui-même : " Alors, qu'est-ce que tu
ressens ?… Je ne sais pas, puisque je n'ai pas de famille.
- Hmmm… et tes parents ? dit enfin Zack.
- Ma mère, c'était Jénova. Elle est morte à
ma naissance. Mon père…(un rire spasmodique le prit, mais
l'adolescent ne put savoir si ce qui s'y reflétait était
de la douleur ou du mépris) …Qu'importe ? (puis, regardant
les gardes anxieux trépigner sur place) D'accord, partons.
"
Tout le monde avança dans la ville, mais les deux soldats
avaient vraiment l'air stressés. Zack parla avec le premier
puis avec le second, dont la peur grandissait de seconde en seconde.
Mais ce qui impressionnait le plus le garçon était
l'air détendu du général. Celui-ci avait même
remarqué ce que Zack n'avait pas osé dire : "
…ça pue la Mako par ici… "
Ils se dirigèrent
ensuite vers l'auberge, Sephiroth en tête. " Nous partons
pour le réacteur à l'aube, dit-il à Zack. Et
surtout, endors-toi tôt. " Il s'arrêta, puis reprit
: " Il suffit que l'un de nous veille, et les autres pourront
se reposer. " Un soldat arriva en trombe sur la petite place
du village et se posta derrière Zack. Sephiroth croisa les
bras et dit d'un air pensif, en se retournant : " Oui, c'est
vrai… vous pouvez rendre visite à vos familles et à
vos amis. " L'adolescent le regarda entrer dans le bâtiment
et soupira. " Il avait presque oublié de le dire. Je
le plains un peu, il n'a ni parents ni amis… pensa-t-il. Ouais,
ça ne doit pas être facile tous les jours… "
Un photographe
sortit, essoufflé, d'une petite maison, ratant de peu le
général. L'homme resta planté devant l'auberge,
l'air profondément déçu. Zack s'approcha de
lui et lui demanda ce qui se passait. " J'ai entendu dire que
Sephiroth allait venir et j'ai préparé mon appareil
photo, lui répondit-il. Je veux prendre une photo de Sephiroth
avec un monstre ! "
Zack, tout fier,
lui répliqua d'un air crâne : " Prends-moi en
photo ! " L'homme le regarda avec un air mi-méprisant,
mi-moqueur. " En général, je ne prends pas de
photo avec des minables… " L'adolescent, vexé par cette
remarque, crut bon de rappeler à l'insolent qui il était.
" Nous ferions mieux de retourner dans la maison, dit-il fermement,
c'est dangereux.
- Très bien… grogna le photographe tout en pensant : "
Quel prétentieux ! " Il examina son interlocuteur des
pieds à la tête. " Hé ? fit-il en reconnaissant
l'uniforme du jeune homme. Toi… es-tu Zack ? "
Au hochement de tête affirmatif de l'adolescent, l'homme stoppa
ses sarcasmes. " Oh,…vraiment, c'est ainsi… ? "
Peu de temps après,
intrigué de ne plus voir son mentor, Zack entra dans l'auberge.
Au rez-de-chaussée il aperçut un homme assez robuste
à l'air sympathique, mais il n'osa pas lui adresser la parole.
Où pouvait donc être Sephiroth ? Le jeune soldat monta
les escaliers deux à deux et faillit se cogner dans le mur
à cause de sa précipitation. Malgré tout ce
tapage, le général ne détourna pas le regard
du paysage qu'il était en train d'observer à travers
la fenêtre. Zack s'approcha du jeune homme (il s'était
toujours demandé quel âge il avait… il paraissait extrêmement
mûr pour les 23 ans qu'on lui prêtait…) et lui posa
une question stupide (comme à son habitude) : " Qu'est-ce
que tu regardes ?… " Son interlocuteur répondit pensivement
: " Ce paysage… j'ai l'impression de connaître cet endroit.
" En effet, de vagues souvenirs lui revenaient à la
mémoire, mais ils étaient trop flous pour dire dans
quelles circonstances son subconscient en avait été
imprégné.
L'adolescent brun
le dérangea une nouvelle fois, et Sephiroth crut bon de le
prévenir. " Nous partons de bonne heure, demain. Tu
devrais dormir un peu.
- Il est encore tôt ! " répliqua l'autre. Sephiroth
sourit de cette réaction infantile. " Je ne vais pas
te réveiller, demain… "
Après quelques minutes de " promenade " dans le
village, Zack, tombant de sommeil, retourna à la chambre.
Le général, le voyant passer, l'informa : " J'ai
loué les services d'une femme guide qui nous conduira au
réacteur Mako. J'ai entendu dire qu'elle était jeune,
j'espère que nous pourrons compter sur elle… "
Le
lendemain, tout le monde était réuni à la sortie
du village. Les deux gardes, en retrait, discutaient avec Sephiroth
de la mission qui leur avait été confiée. Zack
arriva en retard, comme à son habitude, et rejoignit le groupe,
suivi du photographe de la veille. L'adolescent, par fierté
et par orgueil, voulut montrer une fois de plus qu'il n'était
pas un simple soldat. Il courut jusqu'à la sortie de la ville,
sans attendre le groupe qui patientait. Sephiroth se retourna. "
Hé, calme-toi ! attends ici. " ordonna-t-il fermement
au garçon. Zack revint tout penaud vers la petite troupe,
et interrogea le général du regard. Celui-ci comprit
la question muette et dit : " Dès que le guide arrive,
nous partons. "
A ce même
moment une jeune fille habillée…assez légèrement…
arriva en courant et se tourna vers un homme brun qui semblait être
son père. Il lui adressa la parole d'un air inquiet, ses
yeux allant précipitamment de sa fille à Sephiroth
: " Ecoute le Grand Sephiroth. Si quelque chose se produit…
" Le beau général plongea son regard dans celui
de l'homme et déclara d'une voix assurée : "
Fais-moi confiance. " La jeune guide lui jeta un regard et
en revint à son père : " ça va aller pour
moi, Papa ! J'ai avec moi deux hommes du SOLDAT ! " Puis, faisant
face à Sephiroth comme si lui seul existait : " Je m'appelle
Tifa, enchantée ! " fit-elle avec son plus beau sourire.
Zack parut étonné
de la jeunesse de la personne : " C'est vous le guide ?
- C'est bien, répondit-elle un peu prétentieusement.
Telle que vous me voyez, je suis le meilleur guide de la ville.
- C'est trop dangereux ! s'exclama l'adolescent.
- Alors, il n'y a pas de problème si tu la protèges,
le coupa le général. Allons-y ! "
Ils s'apprêtaient à partir quand le photographe, qui
avait suivi la conversation depuis le début sans oser placer
un mot, se décida enfin à parler : " Hmmm…Mr
Sephiroth ! commença-t-il timidement. Je vous en prie, laissez-moi
prendre une seule photo, en souvenir ! " L'officier lui tourna
le dos, exaspéré. Décidément il n'en
avait pas fini avec les fans et les médias… même si
c'était assez valorisant de se faire admirer à tous
les coins du monde, parfois cela devenait très gênant…
Le photographe,
désespéré, souffla à la jeune guide
: " Tifa, peux-tu aussi lui demander pour moi ? " La jeune
fille n'osa pas gêner à nouveau Sephiroth ; cependant
elle glissa un mot à l'oreille de Zack et se mit en place
pour la photo, aussitôt imitée par le jeune brun. Voyant
qu'il ne manquait plus que lui, le général soupira
et se plaça à contrecœur avec les deux jeunes gens.
L' " épreuve " passée, Sephiroth retourna
vers la sortie de la ville, prêt pour le départ. "
Merci ! Je vous en donnerai un exemplaire à tous lorsque
je l'aurai fait développer ! " cria l'homme au loin.
" C'est ça… " pensa le jeune officier en prenant
le chemin du mont Nibel…
Ninsun s'étonna de voir la glace se troubler puis redevenir
terne. " Ah, ça y est… " pensa-t-elle. " Quand
il fonctionne trop longtemps…il s'arrête. Bah ! je verrai
la suite demain… je suis impatiente ! " Elle tendit l'oreille
et fut surprise de ne plus entendre les cris stridents de sa sœur.
Peut-être l'attendait-elle derrière la porte, comme
la gamine qu'elle était, prête à lui sauter
dessus ? Non, de toute façon, elle n'aurait pas l'objet magique.
La jeune fille se leva et glissa le miroir dans l'alcôve,
derrière le grand poster. " Voilà. Je la défie
de le trouver un jour. " Elle s'assit sur son lit et réfléchit.
Elle ne risquait rien en sortant de sa chambre… à part tomber
sur Tamusiga. Mais si elle voulait faire un " voyage "
à travers le monde (elle en rêvait depuis toujours,
et rechercher Sephiroth était la meilleur des motivations),
il fallait s'apprêter. On ne partait pas comme ça,
à quinze ans, dans un monde peuplé de monstres, sans
aucun entraînement et sans aucune préparation. Ses
parents s'opposeraient à ce voyage, elle en était
sûre, mais en elle une voix lui disait que ses choix seraient
les bons, et qu'elle seule pourrait changer réellement le
destin. Plusieurs fois dans ses rêves, elle avait cru voir
des êtres étranges, particulièrement une sorte
de monstre à la peau vert, dont la tête était
agrémentée de cornes. Le Diable ? Non, il avait l'air
plutôt sympathique, et une infinie tristesse se lisait dans
ses yeux. Souvent elle le voyait seul, puis un groupe d'autres créatures
apparaissait, à l'écart, semblant se liguer contre
lui. Ces êtres semblaient énigmatiques… un homme avec
une longue barbe blanche, un dragon aux couleurs sombres, une sorte
de grand chevalier, un homme chevauchant un cheval à six
pattes… et une femme bleue, aux cheveux de cristal… La créature
abandonnée suppliait Ninsun, mais la jeune fille ne comprenait
jamais tout ce qu'elle disait… Certains mots comme " destin
", " sauver ", " dieu ultime ", ou "
tu es notre seul espoir… " lui revenaient à la mémoire,
mais dans ces étranges rêves tout paraissait si complexe…
La jeune fille délaissa ces sombres pensées, ne gardant
plus que la volonté et le sentiment d'absolue nécessité
de cette quête. Mais comment pourrait-elle voyager sans risques
? Icicle se trouvait sur une grande île de glace au nord…
Comment traverser l'océan ? et où chercher ? Elle
n'avait aucun moyen de locomotion…à moins que… oui ! Son
oncle l'avait déjà emmenée voir un vieil homme,
un ermite des montagnes que l'on appelait " Chocobo-sage ".
Il paraissait un peu bizarre au premier abord (il n'était
pas humain) et commençait à perdre l'esprit… mais
Ninsun savait qu'il lui restait plusieurs Chocobos… spéciaux.
Il en avait déjà perdu un, de couleur noire, mais
il lui restait un " Chocobo d'or " comme il l'appelait,
qui paraît-il pouvait traverser tous les obstacles ! La montagne,
la mer, rien n'avait plus de secret pour lui… Peut-être le
Sage consentirait-il à le lui prêter ? Mais pour la
nourriture, l'argent ? Il fallait qu'elle s'entraîne au combat…
elle avait déjà énormément appris avec
Laocoon, et la bataille contre la sorcière Gaea lui avait
donné beaucoup d'expérience. Son arme, un Rotator
qui lui avait été offert par son oncle et sa tante
à son anniversaire, lui serait plus qu'utile pour la mission
qu'elle s'était donnée. Avec l'argent qu'elle gagnerait
aux combats, elle pourrait financer son voyage, s'arrêtant
dans les petits villages sur sa route pour acheter nourriture et
équipements. Bien sûr elle devrait camper, mais elle
avait de quoi s'en sortir. La jeune fille réfléchissait
à tout cela quand elle entendit les pas de son père
dans l'escalier. Elle regarda son réveil. " Quoi ? déjà
18h30 ! " s'exclama-t-elle. Elle ouvrit la porte de sa chambre,
balança le nounours de sa sœur (qu'elle avait gardé
tout l'après-midi) par les escaliers et sortit à son
tour. La peluche atterrit malencontreusement sur la tête de
son père qui poussa un juron.
" Tamusiga ! qu'est-ce que ?… " Il vit soudain que c'était
son autre fille qui se trouvait devant lui.
" Ah, Ninsun… ça te prend souvent ?
- Euh… excuse-moi papa, je voulais pas te le jeter dessus…
- Encore heureux ! Hum… au fait, où se trouve ta sœur ?
- Aucune idée ! Elle n'est pas au bar ?
- Eh bien non ! et pas dans sa chambre non plus, je viens d'aller
voir… "
Il regarda par la fenêtre et
l'expression de son visage changea soudain. " Quoi ! mais qu'est-ce
qu'elle fout dehors par ce temps ?!! Ah, je suis sûr qu'elle
vient encore de s'acheter son magazine stupide ! On voit où
part l'argent de poche !!! ". Ninsun leva les yeux au ciel.
" Et dire qu'elle se plaint de ne pas en avoir assez "
pensa t-elle.
Le père descendit
les escaliers en grommelant : " Râââah !
je vais lui dire deux mots, moi ! je suis débordé
au bar et elle ne trouve rien de mieux à faire ! "
La jeune fille sourit.
Ah, quand son père s'embarquait dans une discussion, cela
durait au moins un quart d'heure ! C'était largement assez
pour aller " emprunter " le journal intime de Tamu, y
jeter un coup d'œil et de le remettre à sa place, ni vu,
ni connu. Elle mit d'ailleurs son plan à exécution…
Mais au moment de prendre le petit journal (caché symboliquement
sous un coussin du fauteuil) elle entendit son père crier
: " Aaah, tu as bien eu le temps d'aller acheter ce truc débile,
alors tu auras le temps de t'occuper des clients avec moi
jusqu'à la fermeture ! C'est bien compris ? Quand on entreprend
quelque chose, on le fait à fond ! " Au bruit, elle
comprit que sa sœur posait le magazine sur la table du salon et
suivait son père au sous-sol. La fermeture ? Alors la jeune
fille avait une heure devant elle pour accomplir ce qu'elle avait
à faire. Ce qui lui laissait le temps de peut-être
voir une autre " illusion " grâce au miroir ? Elle
espérait qu'il fonctionnerait à nouveau.
Quelle ne fut pas
sa satisfaction quand, empoignant le manche de l'objet magique,
la glace se troubla ! Ninsun sourit et fixa l'image qui se formait,
plus attentive que jamais…
Les
montagnes de Nibel paraissaient plus sombres qu'à l'habitude…leur
relief déchiqueté leur donnait cet air sinistre et
dangereux dont les rares voyageurs qui en étaient sortis
se souviendraient toute leur vie… Le petit groupe évoluait
au cœur de ce paysage chaotique, quand soudain le pont sur lequel
ils étaient s'effondra. Tout le monde tomba au niveau inférieur
de la montagne, qui heureusement n'était pas loin. "
Tout le monde a l'air d'aller bien, dit Sephiroth en se relevant.
Pouvons-nous revenir à l'endroit où nous étions
? " Tifa tenta de retrouver son calme.
" Ces grottes s'enchevêtrent,
on dirait une fourmilière… Oh, Sephiroth… souffla-t-elle
tout à coup en regardant autour d'elle. On dirait qu'il manque
quelqu'un… "
Le jeune général
soupira et répondit : " Ce n'est peut-être pas
très gentil, mais nous n'avons pas le temps d'aller à
sa recherche. Impossible de revenir en arrière, alors nous
devons poursuivre… "
Le petit groupe
continua son ascension de la montagne, combattant quelques monstres
au passage (que Sephiroth ne manquait pas de tuer avec ses puissantes
magies.) Ils arrivèrent bientôt dans une grotte toute
colorée de Mako, qu'ils durent traverser. Dans une salle
semblant faite de cristal se trouvait une mystérieuse source.
Zack s'avança vers celle-ci et demanda à son mentor
:
" …Et ça, qu'est-ce que c'est ?
- Une fontaine à Mako, lui répondit-il. C'est un miracle
de la nature.
- C'est tellement beau… fit Tifa en s'approchant. Si le réacteur
Mako continue à puiser l'énergie, cette fontaine sera
bientôt à sec, elle aussi…
- La matéria, dit Sephiroth en regardant le petit cristal
qui se formait au creux de la fontaine. La condensation de l'énergie
Mako produit de la matéria. C'est très rare d'en voir
à l'état naturel.
- Mais… comment se fait-il que lorsque tu utilises de la matéria
tu puisses aussi utiliser de la magie ? demanda Zack.
- Tu étais dans le soldat et tu ne le sais pas ? s'étonna
l'officier. La connaissance et la Sagesse des Anciens sont contenues
dans la matéria. Quiconque possède cette connaissance
peut facilement utiliser les pouvoirs de la Terre et de la Planète.
Cette connaissance interagit entre nous et la planète en
faisant appel à la magie… enfin, comme ils disent.
- La Magie… fit pensivement Zack. Un mystérieux pouvoir…
"
Sephiroth, à ces paroles, se mit soudain à rire. Zack
ne comprit pas sa réaction, et demanda, avec un air parfaitement
niais : " J'ai dit quelque chose de drôle ? " Le
général sourit et lui répondit : " Un
homme m'a dit un jour de ne jamais employer un terme aussi peu scientifique,
comme " pouvoir mystérieux " ! ça ne devrait
même pas s'appeler de la " magie " ! Je me souviens
encore combien il était en colère.
- Qui était-ce ?
- Hojo de Shin-ra.inc… Un homme inexpérimenté à
qui on avait demandé de prendre la succession d'un grand
scientifique……… Il était bourré de complexes… "
ajouta-t-il avec une note de mépris dans la voix.
Ils se décidèrent enfin
à quitter ce lieu et continuèrent leur chemin. Enfin,
après une demi-heure de marche, ils arrivèrent au
réacteur.
" Nous avons
enfin réussi, commença Tifa. Mais nous n'avons pas
pris le chemin le plus court.
- Tifa, attends ici, lui lança Zack alors qu'il s'apprêtait
à monter les escaliers qui menaient au bâtiment.
- J'y vais aussi ! s'indigna-t-elle. Je veux voir !
Sephiroth monta calmement les marches, puis se tourna vers la jeune
fille.
- Seules les personnes autorisées peuvent entrer. Cet endroit
abrite des tas de secrets industriels de la Shin-ra.
- Mais !…
- Prends soin de la dame " dit Sephiroth au garde, ne laissant
pas la guide terminer sa phrase.
Il rentra dans le réacteur, suivi de Zack. La jeune fille
fit mine de les suivre, mais le garde, se postant devant les escaliers,
l'en empêcha.
" Il vaudrait
mieux prendre soin de moi alors ! " s'écria-t-elle avec
humeur.
L'intérieur
était vraiment sombre. Des volutes de fumée verte,
de la vapeur de Mako, émanaient de la réserve d'énergie
en contrebas. L'adolescent suivit le général jusque
dans une immense salle aux tons rouges. Des sortes de caissons étaient
installés de part et d'autre d'un grand escalier menant à
une porte de fer. Au-dessus de celle-ci était inscrit un
nom…
" C'est… Jénova, c'est bien ça ? demanda Zack,
inquiet d'avoir vu son mentor stopper net devant la porte. Le verrou
ne s'ouvrira pas… "
Sephiroth redescendit
au niveau d'un des caissons et l'examina. Il paraissait troublé,
malgré les efforts qu'il faisait pour le cacher. " C'est
pour ça que ça fonctionne mal, dit-il pour changer
de conversation. Cette pièce est cassée. Zack, ferme
la soupape. " Celui-ci obéit et vint rejoindre l'officier,
qui s'était placé devant un autre caisson.
"
Pourquoi est-ce cassé ? " fit ce dernier en se hissant
pour regarder à travers le hublot. Il resta ainsi quelques
secondes puis redescendit agilement à terre. Il croisa les
bras et réfléchit dans un silence pesant. " …à
présent je vois, Hojo, se décida-t-il enfin à
dire. Mais même comme ça, tu n'arriveras jamais au
niveau du professeur Gast." Il se tourna vers l'adolescent,
qui le regardait sans comprendre depuis deux minutes.
" Ce système permet de condenser, puis de bloquer l'énergie
Mako, expliqua le général. Or c'est à ce moment-là
que ça fonctionne bien. Et… que devient l'énergie
Mako lorsqu'elle est recondensée ?
- Euh, hummm… Oh oui ! Elle se transforme en matéria ! répondit
le jeune homme.
- Eh bien, normalement oui. Mais Hojo y a ajouté quelque
chose d'autre… Regarde. "
Zack obéit et se hissa au hublot. Ce qu'il vit le fit tomber
à la renverse. Dans ce caisson... il y avait une créature...
tout simplement horrible. Des tentacules lui sortaient du crâne
et des dents acérées garnissaient sa mâchoire.
Sa peau était bleue et cornue…
" Qu'…qu'est-ce que c'est ! ? " parvint à articuler
l'adolescent. Sephiroth décroisa les bras et le regarda.
" Les membres normaux du SOLDAT sont des humains aspergés
au Mako. Quand tu es du SOLDAT, tu es différent des autres,
mais tu es toujours humain. Mais que sont-ils ? Ils ont été
exposés à une dose de Mako bien supérieure
à la tienne.
- Serait-ce une sorte de monstre ? demanda Zack en se relevant.
- Exactement. Des monstres créés par Hojo de Shin-ra.
Des organismes vivants mutants créés par l'énergie
Mako…
- Des membres normaux du SOLDAT ? Tu veux dire que tu es différent
? "
Soudain, à cette question, Sephiroth se prit la tête
entre les mains. Il tremblait, Zack ne l'avait jamais vu dans cet
état. " Hé… hé, Sephiroth ! " s'exclama-t-il,
inquiet de le voir ainsi. " N…non ! ! ! " cria l'officier.
Ses tremblements stoppèrent net. " Etais-je ? "
Il prit soudain sa Masamune et frappa de sa lame le caisson le plus
proche. " Ai-je moi aussi été créé
comme ça ? " Il s'attaqua violemment à une autre
cuve métallique, comme s'il était en transe. "
Suis-je semblable à tous ces monstres… "
Zack ne savait pas
quoi faire. Son mentor était-il devenu fou ? Il fallait absolument
le raisonner, mais il ne savait pas comment faire. " Sephiroth…
" dit-il faiblement, d'un ton apaisant. L'autre n'y prêta
pas la moindre attention et s'acharna en vain sur le caisson. "
TU AS VU ! ! ! ILS ETAIENT TOUS… humains…
- Humains !? Pas du tout ! "
A cette phrase, Sephiroth sembla se calmer. Il regarda Zack
d'un air perdu que l'adolescent ne lui connaissait pas.
" J'ai toujours su, depuis que j'étais enfant… que j'étais
différent des autres. Spécial, en quelque sorte. Mais…
pas comme ça. "
Le miroir devint
terne pour de bon. Ninsun avait les larmes aux yeux. C'était
donc arrivé… ce que Gast croyait impossible, la découverte
de Jénova par Sephiroth, avait finalement eu lieu. Mais qui
avait donc ordonné cette mission ? Etais-ce par inadvertance,
ou volontairement ? Qui aurait pu avoir la cruauté de le
ramener si près de ses origines ? Ou était-ce le hasard…
après tout, personne ne pouvait se douter que Sephiroth prenait
Jénova pour sa mère… Mais quelles étaient les
conséquences de cette découverte ? Que s'est-il passé
ensuite ? Enfin… que se serait-il passé, car apparemment
ces actes n'avaient pas encore eut lieu… heureusement ! c'est pourquoi
elle devait intervenir, elle, pour que ce désastre soit évité.
La jeune fille regarda une nouvelle fois son miroir. Rien. Là,
c'était vraiment la dernière fois qu'elle voyait une
illusion de la journée. Elle chercha du regard le journal
intime de Tamu, et le trouva enfin, sur le sol. Il avait dû
tomber de son bureau… Dans sa chute, il s'était ouvert. Le
premier mot qu'elle y vit : Sephiroth… Ainsi, elle savait son nom.
Elle prit le petit journal et remonta à la date du "
vol " du miroir par Tamusiga…et elle trouva ce qu'elle cherchait
:
" Aujourd'hui
j'ai chipé un miroir à Nin. Il est magique ! on voit
des sortes de vidéos avec un gars trop beau ! ! ! c'est bizarre
quand même, je vais voir ça de plus près. "
" J'ai à nouveau touché au miroir. Ce truc est
vraiment étrange, on a réellement l'impression d'être
plongé dans l'illusion ! On entend les voix, les pensées
des personnages… L'image s'est arrêtée d'un seul coup,
sûrement à la fin de la "séquence".
Je sais pas ce que c'est, cette histoire, ni où cette petite
peste a pu dénicher ça… En tout cas ce que j'y ai
vu m'a beaucoup étonnée. Ce mec aux cheveux blancs
semble s'appeler Sephiroth. Il a un uniforme de général
du SOLDAT, un trench-coat et un pantalon de cuir noir, des bottes
dans la même matière… la classe ! Il a aussi une très
longue épée, elle a l'air d'être vachement lourde.
Je me demande comment il arrive à porter ça. (Ninsun
sauta quelques lignes concernant les avis et opinions de sa sœur
sur le physique du général -- ce n'était pas
sa principale préoccupation pour le moment) On voyait un
village, qui a l'air assez paumé dans les montagnes. Des
gens en blouse blanche et un gars habillé en uniforme bleu
foncé sont entrés dans une sorte de manoir. Au sous-sol,
il y avait une salle d'expériences. Un des scientifiques
avait l'air gentil, j'ai cru entendre le nom de Gast. Il a parlé
d'une "expérience spéciale" avec un homme
bizarre qu'il appelait Hojo. Ce dernier a discuté avec lui
d''un "projet Jénova" ou je ne sais quoi, que c'était
une "ancienne qu'ils avaient enfin pu ramener à la vie"
et qu'il fallait, pour le bien de la science, voir si les qualités
des Anciens étaient compatibles avec des humains. L'autre
avait l'air de croire aux idées de ce Hojo, et suivait son
optimisme béat en parlant d'un "monde meilleur"
et de "richesse des Cetras" (j'ai cru comprendre que c'était
l'autre nom des Anciens.) Une femme en blouse blanche, qui devait
être une assistante, est entrée dans la salle et a
pris la main de l'autre abruti (Hojo). Il lui a dit un truc du genre
"tu n'as pas à t'inquiéter" et "qu'il
n'arrivera que du bien à notre fils, il sera quasiment parfait".
Cette sotte avait vraiment l'air de le croire, et Gast lui a demandé
si cette idée était vraiment bonne. Ils ont débattu
là-dessus (la pauvre fille n'arrivait pas à en placer
une avec l'autre énergumène qui monopolisait la conversation)
et apparemment ils ont été d'accord entre eux, et
le scientifique nommé Gast a dit qu'il approuvait le "projet
Jénova", mais qu'il devait partir faire des recherches
à machin Cosmo, alors qu'il laissait hojo prendre l'affaire
en main. L'autre crétin avait l'air ravi et sa femme (je
crois, hein) était plutôt inquiète. Elle a caressé
son ventre comme si l'enfant qu'elle portait entendait ce qu'elle
disait: " Je t'aime mon petit Sephiroth…ça va bien se
passer, tu auras des dons qui te serviront plus tard…tu auras une
belle et longue vie, et une grande carrière…hein?"
(Ninsun tourna la page. C'en était
fini pour cette illusion-là… elle comprenait de mieux en
mieux et l'histoire se dessinait peu à peu dans sa tête.
Chaque illusion était une pièce du puzzle qui, une
fois complet, lui permettrait de sauver Sephiroth… Elle alla à
la ligne où commençait directement la deuxième
illusion.)
"
Cette fois-ci, j'ai vu Ninsun en guerrière, ah ah ! Faut
que j'avoue qu'elle était pas mal quand même là-dedans…
j'aurais trop aimé être à sa place ! Elle était
avec Sephiroth… Bon, y'avait pas l'air d'y avoir d'amour entre eux,
mais bon… rien que combattre à ses côtés, ça
doit être trop bien…ça se passait sur une grande plaine.
Je crois qu'ils recherchaient la cachette d'un gars qui s'était
échappé, un fou dangereux il paraît ! A mon
avis il appartenait à la Shin-ra et il menaçait de
livrer des secrets de l'organisation… ou se servir d'une nouvelle
arme créée dans le plus grand secret ? Je sais pas,
parce que faire se déplacer un général… Nin
je me demande ce qu'elle faisait là, elle avait l'air de
le guider. Elle ne ressemblait vraiment pas à la cruche qui
me sert de sœur, enfin… je l'ai vite reconnue, mais… son air n'était
pas le même, elle avait l'air… triste…résignée…responsable…je
sais pas, ça m'a fait bizarre… c'était elle sans l'être
vraiment… "
(La jeune fille
s'étonna de la brièveté du commentaire. Elle
aurait tout de même voulu en savoir plus ! Alors c'était
vrai, elle serait aux côtés de Sephiroth dans le futur…
Elle tourna une autre page et s'aperçut qu'il ne restait
plus qu'un paragraphe…)
"Eh j'y crois pas ! Ce miroir ne fonctionne qu'un coup sur
deux ou quoi ? Il est vraiment détraqué… En plus j'ai
vraiment l'impression que les illusions viennent comme ça,
au hasard ! ça ne respecte aucun ordre, on peut en avoir
un début un jour et la suite trois illusions plus tard…Là
ça fait ma cinquième. Je vais pas trop parler des
deux autres, à part que l'une était une scène
de Sephiroth enfant, dans une sorte de pension de la Shin-ra et
l'autre la suite de celle avec Ninsun (mais apparemment c'est encore
une " à suivre "…) Le mec " dangereux "
était sur une photo style " wanted " mais en plus…discret…que
tenait Nin. Il est trop laid ! J'ai jamais vu un gars aussi moche,
beurk. J'aimerais pas me retrouver devant ! Bon sinon la dernière
vision en date est la plus intéressante… mais la plus choquante
! J'ai pas tout compris, c'était horrible ! je crois que
ça se passait dans un village, le même que celui de
ma première illusion. Sephiroth était dans le labo
du sous-sol et lisait des livres. Il paraissait troublé et
lisait à une cadence phénoménale ! Un mec brun
aux cheveux en pics est arrivé mais l'autre lui a dit de
le laisser tranquille. Bref il s'est cassé, mais il a fini
par revenir. Là, Sephiroth m'a paru complètement timbré.
Il parlait comme les gars des sectes, traitant le jeunot de "
traître " et se disant " fils de Jénova ",
" Cetra "… enfin, c'est ce que j'ai cru comprendre. Ensuite
il a dit que le " projet Jénova " n'était
pas une coïncidence et qu'il avait été créé
! Mais c'est n'importe quoi ce truc ! J'ai bien vu la première
fois que sa mère était l'assistante de son père…
beurk ! ce Hojo… mais enfin il est humain quoi ! Mais là,
avec ce qu'il sait et ce qu'il a appris…ça porte à
confusion… il croit réellement que cette Cetra est sa mère
! Ensuite il est parti de la salle, et a cramé tout le village
! Il tuait des gens, des femmes, des enfants, avec son épée
! Tout ça paraissait si réel…j'avais l'impression
d'être dans cette fournaise ! Des personnes à moitié
calcinées gisaient par terre, c'était terrible… Tout
le village a dû brûler avec ses habitants, mais je n'ai
pas pu tout voir… Sephiroth est parti dans les montagnes, vers un
réacteur. Il y est entré, et un gars à moustaches
l'a suivi, apparemment bien décidé à se venger
de la destruction de son village. Mais quel abruti ! Qu'est-ce qu'il
pense pouvoir tenter contre un général du SOLDAT ?
D'ailleurs ça s'est mal fini pour lui : il est rentré
à l'intérieur du réacteur à la suite
de Sephiroth et a voulu l'empêcher d'aller plus loin. Tout
ce qu'il a reçu c'est un bon coup d'épée. On
survit pas à ça… L'officier a ensuite monté
des marches. De chaque côté de l'escalier y'avait des
sortes de cuves de fer avec des hublots, et tout en haut de la salle,
une porte avec le mot Jénova inscrit au-dessus… Mais l'adolescent
brun est venu et a essayé d'arrêter Sephiroth… celui-ci
l'a envoyé valser à l'autre bout de la salle ! Puis
c'est une fille avec un chapeau qui est arrivée ! ça
devait être son père qui s'était fait lacérer
tout à l'heure, l'homme à moustaches… parce qu'elle
en a parlé. Elle a eu un peu de mal à ramasser l'épée
du général qui était restée près
de son père, et cette folle a voulu s'en servir ! (décidément
!) Mais bon évidemment, Sephiroth lui a pris l'arme des mains
et l'assommée avec… et il a donc pu (enfin) ouvrir
cette satanée " porte Jénova "… Il est entré
dans une salle sombre, avec un énorme tube au milieu qui
menait à une cuve transparente, avec une statue de fer devant.
Il a continué son chemin jusqu'à arriver au niveau
de cette " effigie de Jénova " (à mon avis,
ça ne pouvait être que ça) et l'a arraché
comme ça, seulement avec la force de ses bras ! En tout cas
là on voyait bien ce qu'il y avait derrière… une créature
difforme, bleu-rose, presque translucide, avec un énorme
casque marqué " Jénova " ! Elle flottait
dans un liquide étrange… elle avait l'air humanoïde,
même s'il devait lui manquer des parties du corps…beurk !
Ce que disait Sephiroth quand il l'a découverte était
vraiment étrange… des trucs du genre " Mère,
reprenons cette planète ensemble"...
Elle, elle disait rien (de toute façon on aurait pas entendu,
vous avez déjà essayé de parler dans l'eau,
vous ?), elle bougeait même pas, mais on aurait dit qu'elle
comprenait tout… à ces paroles, un étrange sourire
s'était dessiné sur ses lèvres… Après
tout s'est passé vite, un des gardes " en bleu "
de la Shin-ra que j'avais vu dans le manoir est arrivé, et
a enlevé sa casquette. Il était blond, avec des cheveux
ébouriffés. Il a donné un coup d'épée
à Sephiroth pendant que celui-ci était de dos (le
lâche… mais bon, il l'aurait jamais eu de face) et a dit "
je t'admirais… comment as-tu pu faire ça ? " enfin quelque
chose du style. Après il s'est barré, croyant avoir
blessé mortellement le général. Mais non !
Quand le garde est arrivé sur la passerelle au-dessus du
gouffre à Mako, dans le réacteur, Sephiroth l'a rattrapé,
boitant mais avançant tout de même assez vite… avec
son épée et la tête de Jénova à
la main ! Le garde a voulu l'empêcher de passer, mais l'officier
l'a transpercé avec son arme ! Il l'a soulevé de terre…
d'un seul bras… et blessé !… mais l'autre, une fois revenu
sur le sol, l'a déséquilibré et l'a fait tomber
dans l'immense cuve à Mako en contrebas ! Humm… la vision
s'est arrêtée là. Le général est
mort, à mon avis… "
Ninsun resta bouche bée, choquée
par ce qu'elle venait de lire. MORT ? ET COMME CELA ??? Oh non,
ça ne pouvait pas être vrai ! Quoi ? était-il
possible de se tromper à ce point ? Comme quoi tout ce qui
avait été fait ou dit, et surtout tout ce qui ne l'avait
pas été, avait une importance cruciale. Mais de qui
était-ce la faute ? Hojo, qui était son père
sans ne jamais le lui avoir révélé, et qui
s'en servait comme spécimen d'expérience ? Mais Gast
n'était pas innocent non plus dans cette histoire, même
s'il n'avait voulu que le bien de son protégé. Déjà,
il avait donné son accord pour l'expérience "
d'implantation d'une cellule de Jénova sur un embryon humain
"... et qu'est-ce qui lui avait pris de dire à Sephiroth
que sa mère s'appelait " Jénova " ? S'il
ne l'avait pas fait, rien ne serait arrivé ! On avoue la
vérité en entier ou rien du tout, mais la révélation
d'une seule partie ne pouvait entraîner que le mal et les
questions du pauvre gosse. " Jénova " : c'était
un mot auquel il s'était raccroché toute sa vie… toute
sa courte vie… 23 ans… NON, on ne pouvait pas arrêter sa vie
à cet âge-là. Et surtout pas lui !
La jeune fille alla replacer le journal de sa sœur à son
endroit initial et vint se réfugier dans sa chambre pour
réfléchir. Il fallait absolument aller voir le sage…
seul Laocoon pourrait l'emmener le voir… mais comment faire pour
lui cacher ses projets ? Il se douterait qu'elle avait une idée
en tête pour emprunter un Chocobo d'or… Et même si son
oncle l'aimait bien, il n'approuverait certainement pas le voyage…
Ninsun releva soudain la tête et ferma les yeux. Elle avait
une idée…
* * * * * * * * *
* * *
Il pleuvait à torrents. L'eau suintait des épais murs
de pierre et venait tomber goutte à goutte sur le sol crasseux.
Le vent froid s'engouffrait par le soupirail et balayait tout sur
son passage. Depuis quand était-il dans cette cave immonde
? Peut-être deux jours… ou trois… l'obscurité quasi-continuelle
lui faisait perdre toute notion du temps. A présent, il regrettait
presque de s'être rebellé… mais qu'aurait-il pu faire
d'autre ? Se laisser battre à mort par Arawn ? Non, sûrement
pas. Maintenant il s'était fait repérer, et pas en
bien… Il écrasa un énorme cafard qui courait à
ses pieds. Il ne savait pas pour combien de temps il resterait encore
ici… ça faisait longtemps qu'il n'avait pas mangé…
mais il n'avait pas vraiment faim. Ce qui le gênait le plus
étaient ses blessures, qui l'empêchaient de plier correctement
ses membres. Il n'avait même pas été soigné
après le combat ! Il possédait une matéria
de régénération, mais elle était dans
sa chambre… il n'avait pas eu le droit d'y retourner, et avait été
enfermé là dès qu'Arawn avait pu en donner
l'ordre. Evidemment…
Evidemment les surveillants étaient arrivés, alertés
par les cris d'enthousiasme des élèves à la
victoire de Sephiroth. Ils avaient eu bien du mal à ramener
l'ordre mais n'avaient pas mis longtemps à comprendre ce
qui s'était passé. " Ainsi il a réussi
à le battre… " avait entendu l'adolescent de la bouche
d'un des éducateurs. Ceux-ci ont utilisé de la magie
guérissante sur Arawn et, après avoir gaspillé
trois ou quatre précieux éthers et perdu environ deux
heures de leur temps, ils réussirent à le remettre
sur pied. Bien sûr, il n'était pas totalement rétabli,
et ses jambes avaient bien du mal à supporter son poids.
Les élèves avaient tous été renvoyés
dans leur chambre jusqu'à nouvel ordre, sauf Sephiroth qui
avait été retenu de force par les surveillants. Ce
qu'il avait pensé à ce moment-là… " Mais
comment a-t-il pu survivre à ma Limite ? Même si sa
force a peu évolué, sa défense, elle, a dû
être largement améliorée… " Le jeune homme
était vraiment dans un sale état : ses habits étaient
déchirés, et des filets de sang coulaient sur son
visage et sur ses membres. Sa chair était lacérée
de coups de fouet… et certaines blessures paraissaient vraiment
profondes. Les éducateurs l'avaient regardé tour à
tour avec un air mi-curieux, mi-compatissant. Ils se demandaient
sûrement comment un jeune pensionnaire comme lui avait pu
survivre à de pareilles blessures… et surtout comment il
avait pu terrasser Arawn ! Le terrible et terrifiant Chef… son seul
nom faisait trembler élèves comme adultes. A vrai
dire c'était un métier bien ingrat que celui de surveillant
à Darkmoan… Ils devraient sûrement livrer le pauvre
gosse à Arawn… et même s'ils ne le faisaient pas, la
rage et la haine de celui-ci feraient le travail à leur place.
Personne n'osait désobéir au Chef… jusqu'à
l'arrivée de ce jeune prodige.
Arawn s'était avancé, boitant, jusqu'à Sephiroth.
Nul besoin de mots ou de gestes, son regard à lui seul avait
été le miroir reflétant toutes les horreurs
que le jeune homme allait subir de la main d'Arawn. Bien plus que
de la douleur physique… Le Chef s'était approché encore
un peu plus mais, encore faible, il était tombé… aux
pieds de l'adolescent. La honte et le ridicule avaient fondu sur
le vieil homme… qui démontrait ainsi sa faiblesse, aux pieds
de son ennemi… il s'était apprêté à se
relever quand un coup de pied en pleine figure l'avait soudain fait
rouler au sol. Le sang qui lui brouillait la vue l'avait empêché
de voir un deuxième coup arriver, puis un troisième.
Après tout, Sephiroth n'avait plus rien à perdre désormais,
et cette petite vengeance était en quelque sorte un moyen
d'évacuer la haine qui rongeait son âme. " Mais
arrêtez-le bande d'abrutis ! " avait crié Arawn
avec le peu de force qui lui restait. " Et foutez-le dans la
cellule 16… " avait-il continué. Un des surveillants
s'était retourné, pâle comme un linge. "
La…16 ? vous êtes sûr ? " Le Chef l'avait foudroyé
du regard. " EVIDEMMENT IMBECILE !!! " Puis ses yeux gris
s'étaient tournés vers Sephiroth. Aucun mot ne pouvait
décrire ce que l'ex-sergent avait ressenti à ce moment-là…
Et c'est pourquoi l'adolescent était
enfermé là, dans cette sorte de cachot humide, oubliés
de tous… sauf d'Arawn. Le manoir de Darkmoan était immense
et ses sous-sols recelaient de nombreuses oubliettes. Etait-ce là
que l'on enfermait, pour quelques jours, les élèves
trop impertinents ? Alors il ne fallait plus s'étonner de
les retrouver doux comme des agneaux après un tel traitement…
Le manoir avait été construit par-dessus les ruines
d'un château plus ancien… Les caves formaient donc un dédale
dont une grande partie était restée inexplorée.
Sephiroth repensa aux dieux. Il avait vu juste, bien trop juste…
Depuis le début ils s'étaient moqués de lui…
Ils ne recherchaient pas à l'aider ni à lui donner
une nouvelle chance, non ! Ils avaient juste voulu l'isoler, mais
pourquoi ? Sûrement pour se protéger… L'adolescent
se surprit rêvant à ce grand général
envié et admiré de tous qu'il aurait dû être…
cet homme tant craint des dieux ! Mais qu'avait-il gagné
à changer de destin ? Il sentait que là aussi il mourrait
jeune, peut-être encore plus, et ignoré du monde… mais
il n'allait pas se laisser faire. Il se battrait. Et il gagnerait.
Après tout, c'était lui, Sephiroth, le grand guerrier
! avec quelques années de moins, c'est tout… peut-être
était-il dans une situation similaire, à 15 ans, dans
son destin originel ? Il fallait qu'il lutte et qu'il soit fort
chaque jour pour survivre, et pour montrer à ce vieux sadique
qu'on ne se débarrassait pas ainsi de lui. Une chanson lui
revint alors à la mémoire… où l'avait-il entendue
? il n'en savait rien. C'était son âme qui semblait
lui parler…
Et puisque l'on a pour prison
Une terre dont le seul horizon
Est un désert
Un désert
Et puisqu'il faut souffrir debout
Pour ne survivre ici qu'à genoux
Dans la poussière
Et puisque nos appels se perdent
Et que notre ciel reste sans lumière
Et sans regard
Où qu'on regarde
Même si croire n'est qu'un recours
Devant le peu d'espoir qui nous entoure
Qui nous égare
Puisque l'amour
Est inaccessible, un jour
Et le rêve trop lourd
Pour être libre un jour
Mais que Dieu me pardonne
Si de n'être qu'un homme
C'est ma peine maximum…
Soudain la porte s'ouvrit. L'adolescent avait été
trop absorbé par ses pensées pour entendre quelqu'un
arriver. Dans l'entrebâillement apparut un visage qu'il ne
connaissait que trop bien. " Excuse-moi de t'avoir fait attendre,
Sephiroth… " jubila Arawn.
Notes :
Voilà des notes ! eh oui,
ce chapitre 4 s'est fait attendre et il est bien plus long que les
autres… mais bon, j'ai pensé le couper en deux à un
moment, mais l'effet rendu ne me plaisant pas du tout, j'ai préféré
le laisser comme ça. Je promets de faire plus court pour
le chapitre 5 ! ^_^
Oui,
j'avais oublié de dire, dans mes dernières notes :
le chapitre 3 fait moins " FF7 " que les autres, déjà
à cause de l'ambiance du lycée mais aussi à
cause de cette histoire de " fête de la chasse/ serre
de combat " qui rappellent FF8 et FF9. D'ailleurs le jeune
gars blond " hyper-dynamique " ne vous fait pas penser
à Zell ? Mais c'était pour montrer le style de vie
qu'avait commencé à mener Sephiroth : une vie tout
à fait normale, comme les autres ados de son âge, lycée,
relations avec les autres, etc… mais bon, comme Sephiroth est quelqu'un
de vraiment pas commun, il fallait bien que ça change ! On
a beau essayer de modifier son destin par tous les moyens, il est
de l'étoffe dont on fait des héros, et rien ne changera
ça ! ^_^
Les Tonadu du chapitre 3 peuvent se rencontrer derrière le
village de Corel Nord, dans le désert (il faut y aller en
chocobo noir ou or) eh oui dans mes notes précédentes
je m'étais trompée d'endroit… désolée.
Alors si vous avez FF7 et que vous êtes un peu curieux…
Ce chapitre 4 est
plus noir que les autres, surtout pour Sephiroth à mon avis
! Ninsun, elle, est assez peinarde chez elle, mais ça va
changer, croyez-moi ! on va la bouger un peu ^_~ Oui, peut-être
que les passages de flash-back vous ont paru un peu longs… ? enfin
je ne sais pas, mais pour que ces choses que vous connaissez déjà
paraissent moins ennuyeuses, j'ai ajouté quelques détails,
puis varié le style avec Tamusiga (moi elle m'éclate
pas vous ? lol)
Pour la maison et
le bar d'Icicle : cette maison et ce bar existent vraiment dans
le jeu ! par contre vous ne pourrez pas voir la chambre de Nin,
ni celle de Tamu. Mais en revanche y'a leur père qui sert
les boissons au bar, en bas ! La boisson que je dis venir de Corel,
le brandy Corellien (grand hasard, mais ça m'a bien servi
! ^_^) n'est autre qu'une des boissons les plus fameuses de Star
Wars ! Eh oui, le brandy Corellien vient en fait de la planète
de Yan Solo, Corellia ! (Je suis fan de Star Wars, je voulais y
faire un petit clin d'œil !)
" Rancune totale
", la limite 1 de Sephiroth : si vous vous demandez où
vous avez bien pu avoir vu ce mot, c'est une des attaques des Tomberry
(crapauds 2 de tension dans le cratère nord, au niveau des
marécages) Mais la limite de Sephy n'est pas comme ça,
quand même ! c'est juste que je trouvais le nom bien pour
cette Limite… ^_^
Je tiens aussi à
remercier Joha, qui me fait part de toutes les petites incohérences
de mon texte qui me font parfois sourire quand je m'en rends compte
! ^_^ merci, ça m'aide beaucoup. Merci aussi à
Bibi the Kid, avec qui j'ai passé de longues heures à
chercher des mots les plus compliqués alors que l'on peut
faire simple au bout du compte ! (" Les vieux bancs de bois
(…) " ^_^) Et puis je remercie enfin tous ceux et toutes celles
qui m'encouragent dans l'écriture de cette fanfic, par correspondance
e-mail ou par forum, ça m'aide énormément ^_^
ça me pousse à continuer ! Et puis je remercie aussi
toutes les personnes qui me font la joie d'héberger ma fic,
c'est aussi grâce à elles que vous pouvez la lire,
après tout ! ^_^
PRECEDENT SUITE
|