Fan fiction

 

Evolvana

  

Chapitre 6 : Et si le destin en avait été autrement… ?

 

 

        Quelle heure était-il ? l'obscurité emplissait la petite chambre et le silence régnait dans l'auberge. Seul, dehors, un chien aboyait, troublant le calme profond de cette chaude nuit d'été. La jeune fille se leva et ouvrit les volets de bois. Un vent doux s'engouffra dans la pièce, faisant voler ses longs cheveux bruns. Au-dehors se dessinait la forme de la grande fusée, dominant le village et s'élevant au-dessus de la brume matinale pour montrer au monde que la Shin-ra était au dessus de tout. Décidément, tout se rapportait à cette foutue organisation…
        Ninsun alluma sa lampe de chevet et fit le compte-rendu de ce qu'elle avait fait depuis son départ, depuis ces quelques mois. Elle avait traversé l'océan, et, sans trop de difficultés grâce au chocobo, elle avait pu atteindre Manara, village plus connu sous le nom de " Village de la Fusée ", à cause de la récente construction de cette merveille technologique. Mais la Shin-ra avait l'air de délaisser un peu le projet, à cause de la récente découverte de l'énergie Mako qui, paraît-il, pourrait considérablement augmenter le niveau de vie des gens. De belles paroles… les gens espéraient beaucoup et devaient bien souvent désenchanter en constatant la vérité…
        Qu'allait-elle faire ? par où commencer les recherches ? Elle n'avait pu voir que très peu d'illusions depuis son départ d'Icicle, en raison de la vigilance continuelle dont elle devait faire preuve pour ne pas se faire attaquer en pleine nuit par des monstres, alors qu'elle dormait sous une tente ou à la belle étoile. Mais maintenant tout allait bien… Elle était ici dans le calme, mais pourtant quelque chose la troublait. Elle entendait de plus en plus parler des mouvements de rébellion dans la région de Wutai, et la Shin-ra prévoyait de réagir violemment. Comment tout cela allait-il finir ? Y aurait-il une guerre, comme dans l'illusion ?
        La jeune fille prit le miroir magique, qu'elle gardait toujours avec elle, et pressa le manche. Au fil du temps les illusions étaient de plus en plus rares, elle ne savait pourquoi. Cette fois-ci elle eut le bonheur de voir la glace devenir trouble et laisser apparaître une image… qui paraissait si réelle…

        Un bruit de pas dans l'escalier. " Phil ? " appela la jeune femme. " C'est toi ? " Aucune réponse. La nuit était déjà tombée et les couloirs du QG de la Shin-ra étaient plus sombres que jamais. La lampe du petit couloir était grillée ; seules quelques faibles lumières des panneaux " sortie " éclairaient l'endroit. Rojana frémit et pressa le pas. Depuis qu'elle avait été employée comme secrétaire par la Shin-ra, elle finissait souvent très tard, le travail qu'on lui donnait étant énorme. Bien sûr, elle était bien payée, mais elle détestait repartir toute seule chez elle à des heures pareilles. D'habitude, Phil l'accompagnait. C'était son collègue, et ils travaillaient souvent ensemble. Mais aujourd'hui, il avait dû partir plus tôt à cause d'un rendez-vous chez le médecin… Elle espérait qu'il soit tout de même revenu terminer quelque travail, et que c'était lui qu'elle… venait d'entendre… Elle n'osa pas se retourner. La peur naissante la fit encore accélérer le pas, pour arriver le plus vite possible dans le grand hall. Là-bas, il y avait des gardes, de la lumière… la sécurité. Ici elle ne se sentait pas protégée. " J'entends des bruits alors qu'il n'y a personne… pensa-t-elle. Oh, ça doit être le stress… " Elle continuait d'avancer dans le couloir obscur quand soudain une ombre surgit devant elle.. La jeune femme laissa échapper un cri strident.
" Oh, pardonnez-moi, madame… je ne voulais pas vous faire peur… "
Rojana regarda la personne qui se trouvait devant elle, et s'aperçut avec soulagement qu'il s'agissait d'un jeune garde habillé de bleu. Elle eut un peu honte de sa réaction mais se reprit vite.
" Vous n'avez pas besoin d'aide au moins ? demanda le jeune homme en remarquant les lourds dossiers qu'elle portait. Parce que je m'apprêtais à partir et…
- Non non, laissez… fit la secrétaire avec un sourire crispé. Vous pouvez y aller. J'arriverai à me débrouiller toute seule…
- Vous êtes sûre ?
- Mais oui, ne vous inquiétez pas pour ça… "
Le jeune garde fit un signe de tête suivit d'un petit " au revoir " timide et partit rapidement en direction du grand hall. Bientôt Rojana n'entendit plus le bruit de ses pas, étouffé par toute cette distance et par ces murs renforcés dont étaient constitués en grande partie les bâtiments de la Shin-ra. Tout était redevenu si calme… le silence effrayant l'enveloppa soudain. La peur s'empara à nouveau d'elle quand, faisant quelques pas, elle s'aperçut que le " bruit " avait recommencé. Etait-ce l'écho de ses pas ? Elle l'espérait de tout cœur. Elle s'arrêta. Mais pas le bruit sinistre. Mais que lui avait-elle pris de ne pas accepter l'aide du garde ? Tout aurait été si simple ! maintenant il était loin, et même si elle appelait, personne ne l'entendrait. Sans regarder derrière elle, la jeune femme se mit à courir à toutes jambes. La terreur devint panique quand elle entendit le bruit de pas, derrière, accélérer jusqu'à devenir un bruit de course. Rojana poussa un cri et tenta d'aller plus vite, mais le poids des dossiers la déséquilibra et elle tomba lourdement sur le sol. C'en était fini. Son poursuivant, qui que ce soit, avait dû la rattraper à présent. Elle ne pouvait pas se relever, sa cheville devait être foulée et lui faisait horriblement mal. Repliée sur elle-même, elle n'osa pas ouvrir les yeux. Bientôt elle sentit avec horreur une haleine chaude et fétide sur son cou. Des doigts rêches se glissèrent sous son chemisier, et elle ne put s'empêcher de se débattre et d'ouvrir les yeux… Ce qu'elle vit lui arracha un hurlement d'horreur. Un visage immonde était penché au-dessus du sien, ses petits yeux grands ouverts… on aurait dit le regard d'un fou. Un long nez hideux agrémentait le tout… mais Rojana ne vit clairement qu'une chose : un verre épais, posé sur l'œil droit… Les traits de la jeune femme de déformèrent de terreur quand elle vit la bouche de  l'homme se rapprocher lentement de son oreille. " Maintenant, tu es… à moi. "

        Ninsun vit la glace du miroir redevenir terne. Quelle horreur ! Mais de qui s'agissait-il ? Sa pensée était emplie de noms tels que " QG de la Shin-ra " ou " Rojana ", mais rien concernant l'homme… pourtant la jeune fille avait l'impression d'avoir déjà entendu parler de lui quelque part… une intuition…  mais elle ne parvenait pas à trouver où.  En quoi cette histoire avait rapport avec Sephiroth ?
        Ninsun poussa un long soupir et se laissa tomber sur son lit. Elle était en proie à une vague de mélancolie profonde… Il lui semblait que tous ses efforts ne menaient à rien. Comment retrouver un être parmi les milliards que comptait la planète ? Maintenant elle ne pouvait plus revenir à la maison… après ce qu'elle avait fait… En y repensant ses parents devaient être morts d'inquiétude à son sujet. Ils ne savaient même pas pourquoi elle était partie, ni si elle était toujours vivante…

         " Quoi qu'il arrive… ne perds pas espoir… "

La jeune fille se redressa. Elle avait bien entendu une voix !
        " Qui a parlé ? " murmura-t-elle en regardant autour d'elle avec angoisse.

" Je suis… celui qui t'as imploré de LE sauver… "

Ninsun comprit qu'elle avait affaire à l'étrange ogre vert qu'elle avait vu en songe.
" Expliquez-moi… Je suis seule, et je ne sais pas par où commencer… où est-IL ?

" Suis ton cœur… et tu ne seras plus seule. IL a choisi, et au fil du temps les destins divergent de leur route originelle. Au moment du choix, tout était prêt pour un nouveau départ. Je croyais en un avenir meilleur que celui qui était écrit. Un avenir meilleur pour tous. "

" Mais alors ? que s'est-il passé ? Dans mes rêves, des êtres étranges semblaient être contre vous… vous aviez l'air désemparé… "

" Être innocent… c'est ce que tu es, Ninsun Sarkin… moi je suis… un dieu. "

" Vous êtes… ? comment est-ce possible… Mais vous ne répondez toujours pas à ma question. "

" Tu es jeune est bien impatiente… Ce que tu veux savoir, tu l'apprendras en temps voulu. Cependant, je répondre à certaines de tes questions. Je suis Ifrit, dieu du feu éternel. L'être que tu vois dans les illusions… est à lui seul une menace pour la planète. C'est le destin qui a voulu cela. Son histoire est bien triste et bien cruelle… c'était l'argument qu'avaient pris les dieux au Conseil divin pour avoir la permission de lui donner une seconde chance. Moi, je souhaitais que tout se passe pour le mieux dans le futur, pour les humains, la planète et les dieux. Je voulais que cet enfant innocent, qui a traversé tant de malheurs, soit " redirigé " en quelque sorte, pour son bien et pour celui de tout le monde. Il est normal qu'il connaisse le bonheur lui aussi… "

" Sephiroth… c'est comme ça qu'il s'appelle. Mais qu'a-t-il donc fait de si grave pour ainsi être considéré comme une menace pour la planète ? J'ai su grâce aux illusions du miroir qu'il allait brûler un village entier. Mais de là détruire la planète…"

" Pourtant, c'est ce que le futur prévoyait pour lui. C'est beaucoup trop complexe pour que je t'explique… mais il en serait venu à vouloir détruire la planète. Et il y serait parvenu si un groupe de combattants ne l'en avaient pas empêché… en le tuant. "

" Comment ? Tué ? je n'ose pas y croire… que s'est-il donc passé ? "

" Tu l'apprendras par toi-même, Être innocent. Quant à moi, je me suis aperçu bien vite que les autres dieux avaient des idées différentes des miennes… Alors que je voulais le bonheur de tous, ils pensaient d'abord à leur sécurité. Peu leur importait le sort de Sephiroth. Même avec un nouveau destin, les autres dieux se méfiaient… Au départ, ils ont voulu le surveiller, l'empêcher de rejoindre son destin originel, mais en douceur. Mais si le destin peut changer, l'Âme d'un homme reste la même. Sephiroth a l'âme d'un guerrier, il est fait pour la liberté et le combat. Shiva, la reine des déesses, ne l'entendait pas de cette oreille… elle a ordonné à Ramuh de changer de stratégie avec le garçon et de tout faire pour que son destin croise la mort. Tous les dieux, sauf moi, ont approuvé. Mais je pèse bien peu face aux autres… Ils pensent que la meilleure solution pour éradiquer le problème est de LE tuer. "

" Vous voulez dire que… en ce moment, Sephiroth est en danger ? Si les dieux s'y mettent, il n'a aucune chance ! "

" Détrompe-toi, Être innocent… Les légendes disent qu'un nouveau dieu arrivera un jour dans le monde des mortels. Et ce dieu-là sera le dieu de l'Ombre, bien plus puissant que nous tous réunis. Une fois arrivé au stade de Dieu, il règnera sur tout : les hommes, les âmes, les dieux, l'univers…  C'est pour cela que mes confrères ont peur. Ils se fichent bien de la planète et des mortels ; ils veulent juste ne pas être contrôlés. "

" Mais alors… ce Dieu… "

" Oui, c'est Sephiroth. Il n'a pas choisi d'avoir un tel destin… bien avant sa naissance, il était voué à l'injustice et à la mort. Quoi qu'il fasse. À un moment, j'ai eu en mon cœur une lueur d'espoir… Mais je ne peux plus compter que sur toi. Je t'ai élue gardienne de son destin. C'est un poids lourd à porter, je sais… mais pendant ces longues années, ne cherchais-tu pas un but à ta vie ? "

" …un idéal à suivre… mais pourquoi moi ? "

" C'est ainsi. Ne me demande pas de raisons… mais peut-être que mon choix s'est orienté vers toi à cause de votre futur commun dans le destin originel… pendant une si courte durée… mais je crois que rien que ta présence à ses côtés lui ont fait découvrir une autre partie de son âme. C'est dans cet idéal de bonheur possible dans le nouveau futur que je veux que sa destinée évolue. Et la tienne aussi. "

" Mais… où est-il ? comment le sauver ? "

" Je ne peux répondre à ça. C'est à toi de trouver ces réponses… J'ai confiance en toi. Va, sauve-le. Toi seule pourra y parvenir. Mais sache qu'il faut prendre le mal à la racine, et que Sephiroth n'en est que la plus haute branche… celle qui atteint les cieux et devient l'Ange à une aile. "

        Sur ce, la voix d'Ifrit se tut brusquement. Ninsun, encore bouleversée par les paroles qu'elle venait d'échanger avec le dieu, resta assise sans bouger sur le lit. Etrangement, elle ne ressentait plus la profonde lassitude d'il y a quelques minutes. Cette discussion lui avait redonné courage, et désormais elle savait qu'elle n'était plus seule. Mais qu'avait donc voulu dire le dieu… ? éliminer le mal à la racine…
        Son attention fut attirée par une pierre étrange, ronde, qui brillait faiblement sur le sol. Une… matéria ? mais elle ne ressemblait pas aux autres. Elle était si pâle…
" Dans le temps et l'espace, les Dieux peuvent voyager. Ainsi, un objet à l'origine unique peut devenir double, si celui du futur est ramené dans le passé. "
        Ninsun prit l'étrange matéria et la mis dans son sac. Elle en ignorait encore l'utilité, mais si Ifrit la lui avait donnée, elle devait être importante à sa mission. Sa pâleur l'intriguait vraiment. Etait-elle grise ? était-elle… blanche ?

        Dès le lendemain elle allait repartir. Ce n'était pas ici qu'elle trouverait quelque chose d'intéressant. Mais par où aller ? Dans les récentes illusions qu'elle avait vues, le village de Nibelheim était apparu. C'était le village où s'était déroulé L'expérience et c'est celui-là même qui allait être brûlé dans le futur. Peut-être devrait-elle aller là-bas…


*  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *


        Quelques mois s'étaient écoulés et en Sephiroth brûlait une haine immense. Il savait bien ce qui était arrivé à son ami. Depuis le jour de sa disparition, il n'avait jamais douté qu'Arawn était derrière tout cela. C'était tellement prévisible… Par contre il ignorait ce qui avait poussé l'ex-sergent à faire ça. D'habitude il ne… tuait pas. Malgré le discours larmoyant fait par le directeur (qui n'avait presque aucune influence sur Arawn, ou sur qui que ce soit d'ailleurs), regrettant la " mort accidentelle " du jeune Morak Gessen, tombé dans les hauts escaliers de pierre du bâtiment principal, tout le monde se doutait bien que cette affaire sentait le louche. Le professeur Fujimi avait failli défaillir pendant la cérémonie ; sûrement parce que Morak était un des élèves qu'il appréciait le plus. Enfin, c'est ce que pensait Sephiroth… Il se souvint d'ailleurs bien de la cérémonie d'adieu à l'âme du jeune homme. Arawn était là, les mains jointes, feignant le deuil… mais Sephiroth avait bien remarqué le sourire satisfait qui était passé sur ses lèvres. Et ce " détail " l'avait mis hors de lui. Il avait eu envie d'aller tabasser ce vieux sadique, là, devant tout le monde, mais le feu qui brûlait en lui l'avait plutôt conduit à se battre par les mots. Après tout, ils pouvaient blesser aussi, et engendrer parfois même bien plus de douleur que la blessure physique.
        Le jeune homme était alors intervenu lors du long et ennuyeux discours du directeur, au moment où celui-ci avait évoqué " l'accident ". L'homme parlait d'un ton monocorde : " …nous regretterons toujours Morak, qui avait su se faire aimer de ses compagnons, et dont la vie s'est éteinte hier soir. Nous l'avons retrouvé, le crâne fracassé, en bas de l'escalier central. Les marches traîtres ont eu raison de lui… il a dû tomber brutalement, et sa chute lui a été mortelle…
- Il n'est pas tombé tout seul, l'avait brusquement coupé Sephiroth.
Arawn s'était soudain retourné et avait fixé le jeune homme avec un regard noir.
- Que… que veux-tu dire ? avait balbutié le directeur, d'un air déconcerté.
- Quelqu'un l'a… " aidé " à tomber… avait continué Sephiroth en regardant Arawn droit dans les yeux.
- Cessez ces sottises ! ! ! avait lancé l'ex-sergent. Vos paroles sont dignes d'un gosse de quatre ans qui vient de voir son premier film policier ! Cela ne se passe pas ainsi dans la vie réelle !
- Vous êtes mal placé pour dire ça. L'esclavagisme, ce n'est pas que de la fiction… avait répliqué le jeune homme sans détourner le regard.
Un silence pesant s'était installé autour d'eux. Fujimi regardait les deux ennemis se défier au beau milieu de la grande cour, réalisant soudain l'importance de l'inimité qu'il existait entre ces deux êtres. Sephiroth était-il devenu fou de provoquer Arawn ainsi ? Le jeune homme qui avait tant de sang-froid d'habitude semblait soudain l'avoir perdu.
- Je… avait commencé le directeur d'une voix timide.
- Qu'est-ce qu'il veut, le petit morveux ? avait vociféré Arawn sans s'occuper le moins du monde de l'autre homme. Pour qui te prends-tu, hein ? QUI A DE L'IMPORTANCE ICI ? ? ?
Sephiroth l'avait fixé d'un regard où brillait sa haine profonde pour cet être honni.
- L'importance ! Qu'est-ce que c'est, au juste ? Le respect des sots et des faibles… l'ébahissement des gosses… rien de noble, en fin de compte. Aucune raison de s'en vanter.
- COMMENT OSES-TU ? ! !
- A part ma vie, je n'ai plus rien à perdre. Alors je me charge de dévoiler aux autres qui vous êtes vraiment, même si tout le monde le sait déjà mais n'ose rien dire... C'est donc ce fouet qui leur fait tant peur ? Un simple fouet… n'importe quel crétin pourrait s'en servir.
- ESPECE DE…
- Petit morveux, oui, je sais.
Le visage d'Arawn avait viré du rose au pourpre en quelques secondes. La rage déformait ses traits. Les gens reculèrent, terrifiés.
      -    TU TE CROIS MALIN, N'EST-CE PAS ? ! ! "

 Sephiroth n'avait pas répondu. Il s'était contenté de jeter un regard méprisant au Chef et lui avait tourné le dos. " …et cesse de faire semblant d'être triste pour Morak. Tu as dû le pousser bien fort pour qu'il se fracasse la tête comme ça. "

Les gens étaient consternés. Arawn était donc l'assassin du jeune homme ? ils s'en étaient un peu doutés, même s'ils n'avaient pas osé se l'avouer. Mais… Sephiroth… qu'est-ce qui lui avait pris ? Qu'allait-il arriver ensuite ? C'était de la pure folie que de parler ainsi au Chef…

        Maintenant Sephiroth en était là. Tout cela s'était passé il y a quelque temps déjà et Morak n'était plus qu'un souvenir douloureux. Mais aujourd'hui Zack s'était fait tabasser en cours de sport. Sephiroth s'en voulait de ne pas avoir pu être là, mais de toute manière, qu'aurait-il pu faire ? Depuis plusieurs mois il était dispensé de sport. Arawn avait encore réussi à lui faire du mal, mais cette fois-ci indirectement.
        Il en avait marre. Vraiment marre de cette vie de fou, cette vie parsemée de douleurs et de pièges… cette vie qui ne semblait mener à rien. Il avait beaucoup appris depuis qu'il était à Darkmoan. Il s'était endurci. La douleur donne des leçons qu'aucun professeur ne peut enseigner. Mais qu'allait-il faire maintenant ? Attendre ? Il attendait depuis déjà trop longtemps à son goût. Il voulait sortir de là, Dieux ou pas. Mais ce manoir ressemblait à une forteresse ; impossible de s'évader. Les caves étaient un vrai labyrinthe… et il ne savait même pas comment y accéder. Pourtant, il n'allait pas rester là sans rien faire, à la merci d'Arawn !
        " Sephiroth ? "
Le jeune homme releva la tête, surpris. Mlle Liseau était penchée au-dessus de lui et lui faisait son plus grand sourire. Le garçon regarda autour de lui et vit les autres élèves de la classe le fixant avec des yeux curieux.   
        " Oui Mademoiselle ? "
Elle avait bien vu qu'il était perdu dans ses pensées, et il avait fallu l'appeler trois fois avant qu'il réagisse. Mais elle ne lui en voulait pas le moins du monde.
        " Sephiroth, je t'avais posé une question…
- Ah. Désolé, je n'avais pas entendu.
- Je voudrais que tu ailles résoudre cet exercice. " fit-elle en montrant du doigt les calculs complexes sur le tableau blanc.
Le jeune homme retint un soupir et se leva. Debout, il avait au moins dix  centimètres de plus que la professeur. A 17ans, il mesurait presque 1 mètre 80…
Il se dirigea jusqu'au tableau et se sentit un peu gêné. Il avait horreur d'aller ainsi résoudre un exercice devant toute la classe. Tous ces yeux fixés sur lui… il ne fallait plus y penser, et tout irait bien. Il regarda perplexe le problème de mathématiques inscrit au tableau. A vrai dire il savait qu'il s'en sortirait, mais il n'avait rien écouté de la leçon…Cet exercice était pourtant nouveau pour lui. Ils n'avaient rien fait de tel jusqu'à présent et il savait pertinemment que la leçon qu'ils traitaient en ce moment n'était pas portée là-dessus. Qu'attendait donc la prof ? Il se retourna et lui jeta un regard interrogateur. Elle avait soudain repris son air froid.
        " Enfin, Sephiroth… tu devrais savoir le faire, non ?
- Mais… nous n'avons jamais étudié ça…
- Je sais. Mais il suffit d'un peu de logique et de raisonnement. Allez… "
Le jeune homme vit bien que les autres élèves avaient l'air stressés. Pour rien au monde ils n'auraient voulu être à la place de leur ami…
        Sephiroth se reconcentra sur l'exercice. Des signes et des chiffres en tous genres se côtoyaient… après quelques secondes d'analyse du problème, il se mit à écrire et à faire des calculs complexes. Il fallait qu'il y arrive… c'était une sorte de défi qu'il voulait absolument gagner. Il avait confiance en lui-même. Il réussirait.
        Quelques minutes plus tard…
" Alors, tu vois ? " fit Mlle Liseau à Sephiroth. Celui-ci se retourna et jeta un coup d'œil à ses calculs. Ils emplissaient tout le tableau… Il s'étonna d'avoir été si rapide. En général, il ne se pressait pas trop pour les maths ; il prenait son temps. C'était une matière qu'il n'aimait pas vraiment, mais il dut s'avouer qu'il avait des facilités en à peu près tout. Enfin… excepté en arts. Une fois par semaine, ils avaient une heure de cours où ils devaient dessiner, peindre… Ce n'était pas vraiment qu'il détestait ça, mais il n'arrivait jamais à rendre l'effet voulu. Heureusement ces cours avaient peu d'importance dans leur éducation, mais il se sentait frustré d'échouer à quelques chose qui paraissait si simple à certains.
        " Viens te rasseoir… c'est parfait. "
Sephiroth obéit et sentit le regard des autres peser sur lui. Il se sentit vraiment mal à l'aise. Il détestait que les professeurs le prennent comme exemple ou le flattent devant tout le monde. Bien sûr, ils pensaient qu'ils faisaient bien, mais ça le gênait beaucoup.
        Mlle Liseau jeta un regard plein d'affection à son élève préféré et reprit sa place au tableau. Sephiroth n'osait pas regarder les autres élèves… Il fixait sa feuille de cours et ne relevait pas les yeux.
        " C'était juste pour te tester, déclara soudain le professeur. En fait, un concours est organisé à Midgar… les meilleurs élèves peuvent y participer, et les plus forts auront une chance d'entrer à l'université Mereel, la plus réputée de la planète. Je pensais que tu pouvais… enfin si tu veux… "
        Elle avait eu du mal à se décider de lui révéler ça. Si Sephiroth était parmi les meilleurs, ce dont elle ne doutait pas, elle ne le reverrait sûrement plus jamais… Mais il ne fallait pas qu'elle soit égoïste. Elle savait que son élève favori avait des problèmes ici, à Darkmoan. Son affrontement verbal avec Arawn le prouvait. Et si Arawn y allait un peu trop fort, un jour…
        Sephiroth regarda Mlle Liseau. Cette femme venait de lui donner la clé de sa liberté. Quitter Darkmoan… c'était une chance inespérée !
        " Bien sûr… continua-t-elle, il faudrait que tu t'entraînes encore dans les matières scientifiques.
- Je ne suis pas au niveau ?
- Tu es très doué, mais cet exercice est parmi les plus faciles que l'on peut te poser au concours. Avec un peu de persévérance, tu arriveras très vite au niveau des meilleurs.
- Je ne vois pas comment je pourrais " m'entraîner "… fit Sephiroth en espérant que la professeur n'allait pas lui proposer de cours particuliers.
- Je te donnerai des exercices plus difficiles… et si tu as besoin d'aide, n'hésites pas, je suis là. "
Le jeune homme réfléchit. Evidemment, il FALLAIT qu'il réussisse. Il en avait assez de voir ces murs gris et poussiéreux, de subir les colères d'Arawn… là-bas il aurait plus de liberté, et il aurait sûrement l'occasion de voir plus souvent sa famille. Mais… partir sans se venger ? Non, il ne le pourrait pas. Il fallait qu'il fasse payer Arawn pour tout ce qu'il lui avait fait endurer. Mais d'un autre côté, il fallait qu'il soit absolument sûr de partir… il avait bien l'intention de mettre toutes les chances de son côté.
        Le cours continua tranquillement, mais Sephiroth n'écoutait toujours pas. Cette fois, il pensait à autre chose… à sa liberté qu'il allait retrouver.

 

*  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *

 

Un timide  frappement se fit entendre à la porte. Le major Armald poussa un long soupir et écrasa son cigare dans le cendrier. " Entrez ! "
        La porte s'ouvrit doucement et un homme brun et svelte s'avança. Armald le toisa du regard mais ne l'invita pas à s'asseoir.
        " Alors, sergent ? " fit le major, s'enfonçant encore plus dans son siège. L'autre homme s'avança prudemment et s'éclaircit la gorge.
        " D'après les rapports, il n'y a eu… aucun survivant… Toute l'équipe Ultima a été décimée. " Le jeune homme avait l'air profondément choqué, et balbutiait presque. Le major, devant cette réaction, ricana.
        " Voyons, sergent Nadari, ne faites pas la mauviette. S'ils ont perdu, c'est qu'ils étaient trop faibles. Et vous savez qu'à la Shin-ra, les faibles ne durent pas longtemps. Oubliez-les.
- Mais, major…
- Vous avez quelque chose à redire, Nadari ?
- N…non, major.
- Bien. Disposez. "

Une fois le jeune homme reparti, Armald poussa un soupir de satisfaction. Tout s'était passé comme prévu. Le haut commandement, après une inspection de ses troupes, avait déclaré qu'elles contenaient bien trop d'éléments faibles pour pouvoir un jour espérer qu'un de leurs soldats soit remarqué et enrôlé dans la toute nouvelle élite. Le major comptait bien sur la renommée et sur le pouvoir de ses troupes pour pouvoir lui aussi monter de grade et être apprécié à sa juste valeur. Ici, il était respecté, bien sûr, mais major était un grade encore trop bas pour lui. Il voulait absolument passer officier… pour l'instant, il était en quelque sorte conseiller du Lieutenant colonel Brashâk, et avait donc une certaine influence sur les décisions prises dans la base. Parfois cet imbécile d'Heidegger se ramenait et critiquait tout ce qui lui passait sous les yeux. Cette fois, si les troupes les plus faibles n'existaient plus, les plus doués seraient mis en valeur et non engloutis dans la masse des incapables.
        Tirant un autre cigare de sa poche, le major Armald se leva et regarda par la grande fenêtre la mer s'étendant à l'infini. Sous le soleil couchant, la vue était magnifique. Il n'y avait que cet horrible Grand canon qui gâchait tout. Encore une idée de ce cher Heidegger…

*  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *


Bien plus loin, sur un autre continent…
        " Alors… Voici Costa del Sol. Il fait nuit, on y voit rien…
- Tu crois qu'il va y avoir un bateau pour nous ramener sur l'autre continent ?
- Ne vous faites pas d'illusions… "
Les adolescents se retournèrent vers Vincent Valentine. Il était toujours là pour les ramener à la réalité… Evidemment, si ce qu'il leur avait dit était vrai, alors leur escadron était sensé avoir été rayé des listes de la Shin-ra. Ils étaient sensés être morts, eux, qui recherchaient à présent un moyen de revenir à Junon. Ils avaient eu du mal à arriver déjà jusqu'à Costa, faisant du stop aux rares automobilistes qui passaient par là, ou essayant de trouver à manger en tuant des monstres qu'ils trouvaient sur leur chemin. Heureusement, Vincent leur avait été d'une grande aide et les avait sauvés en de nombreuses occasions. Mais rien que leur allure à tous les cinq faisaient peur aux gens. Les uniformes déchirés, et surtout… les habits étranges de Vincent, n'inspiraient pas confiance aux habitants des villages. Par bonheur, ils avaient réussi, grâce à l'argent récolté aux combats, à s'acheter de nouveaux vêtements, mais Vincent, lui, n'avait rien voulu entendre. C'est vrai que les adolescents l'imaginaient mal en tee-shirt et en baskets, car l'homme en question, quelque soit la situation, gardait cet air impassible et froid, cet air… distant.
        " On ne va pas rester là à rien faire, tout de même ! s'impatienta Gadjaya.
- J'ai entendu parler d'un paquebot qui faisait Costa del Sol - Junon, intervint Intyre en scrutant le paysage plongé dans la pénombre. Mais évidemment, ceux qui ne font pas partie de la Shin-ra doivent payer…
- On a peu de chances de nous reconnaître en tant que militaires, soupira Kargin en regardant d'un air triste les nouveaux habits qui avaient remplacé son uniforme.
- Ne vous en faites pas, marmonna Vincent, nous avons assez d'argent pour nous payer un aller pour cinq personnes. "
Intyre passa sa main dans ses cheveux blonds. Il savait bien que depuis quelques années, la Shin-ra était plus vigilante, à cause des troubles Wutans. Les allées et venues étaient surveillées plus que jamais, et le jeune homme doutait que leur mystérieux compagnon soit accepté à bord du paquebot. Soudain, une chose lui vint à l'esprit. Le port d'arme était sûrement interdit pour les civils dans le bateau ! Comment allaient-ils faire ? Leurs armes étaient leur moyen de survie dans les contrées sauvages. S'ils n'étaient pas acceptés à Junon, ce qu'il redoutait grandement, ils en auraient encore beaucoup besoin avant d'arriver à Midgar. Evidemment, c'était là qu'ils devraient revenir en priorité. Leurs familles à tous habitaient la capitale…
" Comment faire pour les armes ? " demanda-t-il soudain aux autres. Les adolescents le regardèrent d'un air sombre et ne répondirent pas. Ils étaient conscients des difficultés qu'il y aurait à atteindre l'autre continent… Vincent soupira. L'escadron Ultima, ou plutôt ce qu'il en restait, n'était plus qu'un fantôme. Leur chef mort, les souffrances endurées pour arriver jusqu'ici avaient complètement transformé les jeunes gens. Lui, transformé, il l'était déjà… mais ça faisait presque dix-sept ans. Il fallait qu'il aide ces adolescents perdus, il devait rattraper ses fautes en protégeant les gens innocents à qui il pouvait venir en aide. Déjà son cœur devenait plus léger, mais cette lente rédemption n'était pas encore arrivée à terme. Loin de là… Il regarda les jeunes gens et dit :
        " N'y a-t-il pas un moyen de laisser nos armes à garder par un soldat de la Shin-ra durant le voyage ? En général, les civils portant des armes doivent les mettre entre les mains des autorités avant d'embarquer. On les leur rend le voyage terminé.
- Sûrement, marmonna Véga. Du moins j'espère… dans le cas contraire, il faudrait soit devenir passagers clandestins, soit trouver un autre moyen de traverser l'océan.
- J'ai une autre solution, intervint Kargin. Nous pourrions acheter de nouvelles armes une fois à Junon.
- Oh, tu sais ce qu'ils valent à Junon, les flingues…maugréa Gadjaya. Ce sont des babioles pour les amateurs. Pour en trouver de bonnes, il faut monter dans la base, et tu sais ce qui nous arrivera si on revient là-bas…
- Non, pourquoi ? je ne vois pas ce que l'on risquerait. Ils seraient sûrement heureux de nous revoir.
- Tu parles ! lança Véga. Ils ont tout fait pour être sûrs que l'on soit morts. Et puis nous ne serions pas reconnus en tant que soldats de la Shin-ra, étant donné que l'on est sensés avoir crevé à Nibelheim.
- Moi je pense que le mieux est de vérifier si l'on peut emporter nos armes sur le paquebot, dit Intyre, quittes à les laisser garder par les soldats. Si ça ne marche pas, eh bien… on vendra nos armes ici et on en achètera de nouvelles à Junon, même si elles ne sont pas terribles. De toute façon les monstres de là-bas ne sont pas très forts ; on pourra les battre facilement. "
Apparemment la solution plût aux autres et ils décidèrent que dès l'aurore, ils iraient se renseigner au port de la ville. Au loin, ils entendaient le bruit des vagues s'échouant sur la plage. Ils avaient encore beaucoup de chemin à parcourir…


*  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *


        Ninsun était fatiguée. A vrai dire, ça faisait bien deux jours qu'elle parcourait ce paysage chaotique avec Gluklish, son fidèle chocobo d'or. Elle l'avait baptisé ainsi en mémoire d'une ancienne langue depuis longtemps morte à Icicle… A l'origine il y avait différents peuples sur la planète… Au fil du temps, ils s'étaient peu à peu réunis pour ne plus faire qu'un seul, et une même langue était utilisée sur toute la planète. Il restait bien sûr quelques patois que l'on avait réussi à perpétrer, mais leur disparition était imminente…
        Des montagnes à perte de vue… heureusement, la jeune fille arrivait à éviter les monstres grâce au chocobo, qui courait plus vite que n'importe quel animal. L'atmosphère était si sombre, si inquiétante… Après quelques longues heures de parcours des sentiers du Mont Nibel, Ninsun finit par être complètement perdue. Les tunnels et les chemins s'entrecroisaient, formant presque une fourmilière, égarant les voyageurs imprudents. De plus, même si le chocobo lui évitait les combats, il rendait la traversée des tunnels beaucoup plus ardue.
        " Gluklish, je me demande bien où nous avons atterri. " soupira-t-elle.
Ils se trouvaient dans une grande salle aux murs vert nacré. Une fontaine en son centre faisait jaillir un étrange liquide vert…
        Le chocobo poussa un petit cri. Ninsun n'en comprit pas tout de suite la raison, mais une ombre à sa droite attira son attention. La forme se fit plus distincte, pour ensuite se matérialiser complètement.
        " Ifrit… " murmura la jeune fille.
L'imposant dieu se dressa de toute sa stature et tendit une petite sphère rouge à Ninsun.
        " Tiens. Voici la matéria qui permet de m'invoquer, moi, le dieu du feu. Tu en auras besoin, car tu arriveras bientôt devant ton destin. Un choix qui permettra de changer l'avenir du monde… je pense que tu réussiras. Mais tu pourras m'invoquer, pour mettre toutes les chances de ton côté. "
- Changer le destin ? mais comment faire le bon choix ?
Le Dieu lui tendit une autre sphère. Mais celle-là était noire…
- Espérons. Si tu te trompes, je te guiderai. Mais aies confiance en toi. Il suffit de détruire la cause de tous ces malheurs… Tu sentiras en toi le désir de tuer. Tu l'as déjà, mais il se réveillera complètement. Ton ancien destin a une influence sur celui-ci, et grâce aux illusions tu te connaîtras mieux… mais ne t'inquiètes pas. Ta raison primera toujours sur ta force, comme par le passé. La matéria noire, tout comme la blanche, ne doivent, dans ton cas, ne s'utiliser qu'ensemble.
- Ensemble ? mais comment utiliser deux matérias en même temps ?
- Tu verras par toi-même… "

Sur ce, Le Dieu disparut, laissant la jeune fille songeuse au bord de la fontaine. Un choix décisif… A vrai dire, en se remémorant toutes les illusions qu'elle avait vues, elle ne parvenait pas à reconnaître le paysage. Il fallait qu'elle avance encore un peu… Ninsun se retourna et s'aperçut que son chocobo était allé dans la partie ensoleillée de la grande salle, fouillant le sol de son bec à la recherche de quelques graines. L'endroit avait l'air calme, aucun monstre ne paraissait rôder aux alentours… Elle soupira et ouvrit son gros sac de voyage. Elle y avait caché le miroir, au milieu de vêtements pour ne pas qu'il s'abîme, et sentait en elle le désir de voir à nouveau une de ces visions magiques. Comme d'habitude, la glace se troubla…

        La forêt paraissait bien sombre en ce début de soirée… Le feu, au milieu de la petite clairière, crépitait, et une douce chaleur se répandait dans l'atmosphère sylvestre. Un homme brun se tenait debout devant les flammes, chantonnant en attisant le feu. Sur son visage se lisait l'insouciance de la jeunesse et une impression de bonheur. Quand il en eut fini avec le feu, il se retourna et jeta un regard à la jeune femme qui se trouvait assise sur un gros tronc d'arbre couché, à quelques mètres de là.
" Eh bien, qu'est-ce que tu as ? tu en tires, une tête ! "
La jeune femme leva les yeux mais reposa aussitôt son regard son l'arme qu'elle était en train d'astiquer.
" Tu n'es pas très causante, Ninsun. C'est depuis qu'ils sont partis que tu boudes comme ça ? Ne t'inquiète pas pour eux, il ne leur arrivera rien. "
        La jeune guerrière se dressa vivement, et l'homme put voir la flamme qui brûlait au fond de ses yeux.
" Je m'en fous de ce qui pourrait leur arriver ou non ! Et de quoi tu te mêles, d'abord ? Et où as-tu appris à tutoyer tes supérieurs ? "
        Le jeune homme ne baissa pas les yeux tout de suite et continua à fixer Ninsun, étonné. Elle qui paraissait si calme d'habitude, il la voyait là furieuse et agressive. Son beau visage était empourpré et il crut distinguer des larmes au bord de ses yeux. En fait, ça faisait bien trois heures que le général était parti en reconnaissance dans la partie Nord de la forêt, et Puna, la quatrième membre du groupe, l'avait suivi un quart d'heure après, disant qu'elle s'inquiétait pour lui. Elle était partie malgré les ordres de Ninsun… Il pensa que cette colère était due à la frustration qu'une subordonnée lui ait désobéi…
        " Excusez-moi, mon capitaine. " murmura le soldat en baissant les yeux.
Ninsun regarda longuement la forêt autour d'elle, comme s'attendant au retour soudain de ses coéquipiers. Soupirant, elle se rassit sur le tronc d'arbre et tenta de cuver sa rage. Puna la petite peste était une guerrière pitoyable, mais elle était la nièce du président Shin-ra…  Comme bien des jeunes femmes aujourd'hui, elle était une fan accomplie du Grand Sephiroth et avait fait des caprices à son oncle pour pouvoir être engagée dans le SOLDAT. Malgré les longues explications de celui-ci, elle disait ignorer la peur et était certifiée de devenir un jour une grande guerrière, se battant aux côtés de son idole. Par respect pour ses origines, et surtout grâce à son oncle, elle avait atteint la 1ere classe du SOLDAT sans aucun effort et presque sans aucune expérience en combat. Ninsun la méprisait au plus haut point, mais tentait tout de même de rester polie et agréable avec elle… Mais là, c'en était trop. Puna était dotée d'un physique de rêve et s'en servait autant qu'elle le pouvait. Cette peste n'avait que ça pour elle… Ninsun la trouvait cruche et naïve, mais elle pensa aussi que c'était certainement feint, enfin, jusqu'à un certain point… Elle semblait émerveillée de tout, posant une multitude de questions à Sephiroth et le complimentant autant qu'elle le pouvait. Quand il partait quelque part, elle ne manquait pas de le coller et de jouer la pauvre jeune fille perdue. Elle ne semblait pas remarquer les soupirs exaspérés du général, qui lui aimait tant la solitude et le calme… Quel âge avait-il, déjà ? il parlait si peu souvent de lui… 22 ans. C'est ça, il avait 22 ans. Et Puna…un peu plus jeune, peut-être. Les filles étaient très rares dans le SOLDAT. Il ne devait pas en avoir plus de quatre ou cinq… Mais devenir capitaine à 21 ans avait paru très dur à Ninsun. De plus, en tant que femme, elle était considérée bien souvent comme faible par ceux qui ne l'avaient pas encore vue combattre. Ils se ravisaient en voyant la rapidité et la facilité avec laquelle elle abattait ses ennemis…
" Vous savez, vous avez risqué votre vie pour venir me rechercher, je vous en serai éternellement reconnaissante !… Ce monstre était énorme, mais vous l'avez tué avec une telle rapidité ! jamais je ne vous aurais imaginé aussi fort ! ah mais vous savez que… "
Ninsun se releva soudainement au son de la voix qu'elle détestait le plus au monde. Une voix dégoulinante de sensualité, trop exagérée pour être vraie… D'un petit chemin broussailleux se dégagea la haute silhouette du général, suivi d'une autre, plus petite, mais le suivant de très près. Sephiroth poussa un long soupir et croisa le regard mi-interrogateur mi-soulagé de la capitaine. Il lui adressa un sourire las qui signifiait " décidément, je n'arriverai jamais à m'en débarrasser " et la jeune femme lui sourit en retour. Il semblait à Ninsun qu'il avait fallu une éternité pour que cette simple petite complicité entre eux ne se crée. Il était tellement distant avec tout le monde que ce simple geste paraissait comme un honneur à la jeune capitaine… La belle voix grave du général coupa soudain le long monologue de Puna.
" J'ai remarqué un sentier au Nord-Est qui n'était pas indiqué dans vos plans, Capitaine. Je ne doute pas du sérieux de votre travail, mais j'en conclus que bon nombre des troupes ennemies empruntent cette voie pour atteindre le temple d'Inh-Moagault. Ce doit être leur base secondaire… "
        Puna jeta un regard dédaigneux vers Ninsun avant de s'avancer vers le feu. A l'évidence, elle s'apercevait que ses discours n'avaient aucun effet sur l'officier supérieur, mais elle ne lâcherait pas prise pour autant.
"  Mes plans ont été élaboré sur les données les plus récentes que les services secrets de la Shin-ra aient pu rassembler sur le secteur, répondit Ninsun d'une vois sûre. C'est-à-dire… que tout cela date d'avant la guerre.
- En 2 ans beaucoup de choses ont pu changer, Capitaine. Les Falenniens sont rusés et discrets ; leur toile a eu largement le temps de se tisser sur les forêts du Lankshâr depuis la fin de la guerre. Et je sais qu'ils n'ont pas que deux bases.
- Alshen avait déjà été très dure à localiser… Maintenant nous savons environ la position de leur deuxième base… A combien estimez-vous les soldats qui s'y trouvent ?
- Je n'en sais rien. Trois cents, quatre cents peut-être. Il faudrait que je vois ça de plus près pour me faire une idée exacte. Mais trois cents simples soldats de la Shin-ra ne sont rien par rapport à une troupe du même nombre de Falenniens. Nos ennemis sont peut-être peu, mais ils bénéficient d'une grande expérience en la confection d'armes à feu.  
- Il est étrange que ce peuple n'ait pas été découvert plus tôt ! intervint le soldat brun. Rares sont les gens qui en connaissent l'existence… la Shin-ra elle-même n'en a prit connaissance qu'il y a 2 ans ! Si ce peuple s'était manifesté plus tôt et s'était joint aux rebelles Wutans lors de la guerre, nous n'aurions peut-être pas été les vainqueurs…
Sephiroth fixa le soldat de ses yeux bleu-vert.
- Le combat aurait été plus difficile, certes, mais la Shin-ra aurait tout de même triomphé.
Ninsun jeta un regard à Puna, s'attendant à un sonore " ça aurait été grâce à vous, mon Général " mais la jeune fille ne dit rien.
-   Je doute qu'à trois, même avec vous, mon Général, nous puissions venir à bout de ces soldats, intervint la capitaine en regardant attentivement les alentours.
Sephiroth sourit en voyant où elle voulait en venir. Ils étaient quatre et non trois, mais Ninsun avait volontairement oublié Puna Skregue, voulant ainsi signaler à son supérieur qu'il s'agissait d'un poids mort dans le groupe. Evidemment, le président Shin-ra avait confié sa nièce au célèbre guerrier pour qu'il assure sa sécurité pendant les missions… mais s'il fallait qu'il défende ET qu'il combatte en même temps, rien ne serait évident. Puna était une charge, mais malgré les protestations du jeune général, le président n'avait rien voulu entendre.
- Nous devrons sûrement rentrer à Junon, se décida-t-il enfin à dire. Je tâcherai de trouver un bon groupe commando habitué à ce genre de mission, et connaissant bien la forêt. "
Ninsun rangea son épée dans son fourreau et considéra le soldat brun, resté silencieux près du feu.
- Eh, lui lança-t-elle, je pense que tu feras partie du commando en question. Tu connais bien cette forêt maintenant.
Puis, s'adressa au général :
- N'est-ce pas mon Général ? il serait une valeur sûre de notre troupe.
Sephiroth regarda longuement le jeune soldat d'un air dubitatif. Mais si Ninsun avait considéré celui-ci comme un bon soldat, il pouvait lui faire confiance. Mais il ne le connaissait que depuis très peu de temps, et par conséquent il s'en méfiait un peu. Cependant, il se tourna vers Ninsun et dit :
- Bien. Il viendra donc avec nous.
La capitaine sourit et regarda le soldat brun qui voyait son sort se jouer devant ses yeux. Il s'approcha de Ninsun et se mit au garde-à-vous.
- Je vous suivrai partout mon Capitaine ! s'exclama-t-il avec un peu trop d'enthousiasme.
- " Partout " a des limites, Skoell, répondit la jeune femme en riant.
Le jeune soldat eut l'air gêné et rougit.
-    Allons-y, ordonna froidement Sephiroth. Plus tôt nous rentrerons à Junon, plus tôt les Falenniens ne causeront plus de tort à personne. "

Ninsun regarda le miroir redevenir terne. Etrangement elle n'était pas étonnée par cette illusion. Plus elle en apprenait sur " elle ", la Ninsun adulte et Capitaine du SOLDAT, plus elle reconnaissait sa vraie nature. Elle n'était pas née pour rester tranquillement à la maison et s'occuper du bar de son père. Elle était guerrière dans le sang, il lui fallait se battre pour atteindre ses objectifs, et elle le ferait.
        La jeune fille jeta un regard autour d'elle pour s'apercevoir que Gluklish n'était pas là. Où était encore parti ce satané chocobo ? Elle n'avait pas imaginé la possibilité qu'il disparaisse et qu'il la laisse plantée là. Elle avait bien une matéria " appât-chocobo " et quelques chocolégumes, mais ce n'était peut-être pas suffisant pour ramener le chocobo à elle, s'il était parti trop loin. Elle ne pensait pas qu'un monstre puisse l'attraper et le manger : l'animal était trop rapide. Mais sans lui, elle était dans le pétrin… Et elle risquait de rencontrer pas mal d'ennemis sur la route…


*  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *


        Sephiroth ouvrit la fenêtre. L'air frais du soir s'engouffra dans la chambre et le jeune homme respira profondément.
" Ferme ça ! se plaint Jragus. Tu veux tous nous faire crever de froid?
Sephiroth ne se retourna pas, et ouvrit la fenêtre encore plus grand.
     " Tu te moques de moi ou quoi ?
- Oui. Pourquoi ?
- Mais qu'est-ce que tu as en ce moment ? tu deviens impossible.
- Mm… désolé. Mais j'en ai vraiment, vraiment, vraiment MARRE de moisir ici.
- Et nous alors ? tu crois pas qu'on en a assez de vivre ici, de travailler, d'être enfermés et traités comme des prisonniers, presque ?
- Vous, on vous laisse tranquilles. "
Jragus regarda Sephiroth. C'est vrai que quand Arawn l'emmenait de force dans la cellule 16, ils ne devaient pas boire le thé et se taper la causette. Le fouet parlait pour eux… Un jour Arawn était ressorti de la cellule précipitamment, le fouet ensanglanté à la main droite et se tenant le visage de l'autre. Sephiroth était sorti à sa suite, le dos en sang, mais Jragus avait pu remarquer un sourire satisfait sur ses lèvres. Une minute après, Arawn était revenu (il avait apparemment passé de l'eau sur son visage) mais le jeune homme avait bien vu la cause de la rage d'Arawn : Une balafre encore rouge était visible sur sa joue. Jragus se demanda comment Sephiroth s'y était pris pour qu'Arawn se prenne son propre fouet dans la figure. Mais ça avait donné un sérieux coup à l'amour-propre de l'ex-sergent…

Sephiroth avait l'esprit ailleurs. Il pensait à sa famille adoptive. Il pensait aussi à ce que lui avait dit Gast, il y a très longtemps. Jénova. Si elle était sa mère, alors à ce moment même il aurait voulu qu'elle soit près de lui. Ces derniers temps, il n'avait pas vraiment eu le temps de penser à tout ça. Ses origines, ses vrais parents… il avait tenté de chasser ça de son esprit, mais ces noires pensées revenaient à la charge. Jénova était morte à sa naissance. Avait-il causé la mort de sa mère en naissant ? Il eu un pincement au cœur à cette idée. Il aurait été peut-être celui qui avait mis fin à la vie de l'être qui avait tenu le plus à lui en ce monde. Mais après tout, il ne savait pas. Il ne savait rien. Elle ne l'aimait peut-être pas… Et puis qu'importe après tout. Il était désormais seul. Sa famille l'avait peut-être déjà oublié, les Dieux auraient pu effacer l'image de Sephiroth de leur mémoire, comme s'il n'avait jamais existé… ça faisait bien quatre mois qu'il n'avait pas pu revenir " chez lui " à cause d'Arawn…
        Le concours pour entrer à la grande école Mereel de Midgar n'aurait pas lieu avant deux mois… il avait envie de faire " quelque chose " en attendant. Quelque chose de stimulant, de dangereux. Pour vaincre l'ennui. Pour enfreindre les ordres. Pour s'amuser un peu. S'évader de Darkmoan par exemple… S'il arrivait à le faire, il se retrouverait totalement libre. C'était un moyen comme un autre de fuir la pension… S'il tentait de partir " légalement ", c'est-à-dire grâce au concours, il serait obligé d'aller à Midgar suivre des cours qui ne l'intéressaient pas… Bien sûr, il serait débarrassé d'Arawn, mais… Il quitterait une prison pour aller dans une autre… certainement moins sombre, mais il n'aurait pas sa liberté, là non plus…
        Le jeune homme regarda par la fenêtre les hauts murs de Darkmoan. Le toit du bâtiment des cuisines touchait le mur de pierre… au-delà de ce mur : la liberté.  Mais même en montant sur ce toit, le haut du mur était difficile à atteindre. De plus, des bouts de verre tranchants avaient été disposés tout le long, pour éviter les évasions de pensionnaires comme lui… mais il n'était pas n'importe quel pensionnaire. Voyons, il ne pouvait pas atteindre le toit des cuisines facilement non plus. Il lui fallait passer devant le bâtiment de logement des professeurs… et d'Arawn…
Il devrait sortir de sa chambre par le couloir, car la fenêtre était trop haute pour qu'il puisse sauter sans se faire de mal. Evidemment, des surveillants logeaient dans des chambres qui donnaient sur les couloirs… Il ne devait pas préparer un plan à la va-vite, sinon tout serait perdu. Il aurait tout le temps pour y réfléchir cette nuit…

*  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *


        Ninsun regarda le sang qui lui tachait les mains. Elle venait d'avoir un rude combat contre des monstres assez étranges… La récente installation d'un réacteur Mako de la Shin-ra devait être à l'origine des mutations des animaux vivant dans les parages… ils devenaient des monstres difformes qui attaquaient les voyageurs qui passaient par là… La jeune fille avait eu l'occasion de s'acheter quelques matérias dans les villages qu'elle avait traversés. Elle en avait même trouvé quelques-unes dans la nature, mais elles étaient rares et parfois assez inutiles. Cependant, elle avait pu améliorer son arme et ainsi coupler une matéria Tout avec sa matéria Feu. Sa matéria de Régénération lui servait beaucoup… Elle n'avait cependant pas osé invoquer Ifrit. Par peur ? non. Plutôt parce qu'elle voulait économiser ses précieux Ethers…
        Ninsun lança un regard circulaire autour d'elle. Pas de chocobo. Elle devrait continuer sa route à pied jusqu'au haut de la montagne… Mais qu'allait-elle y trouver ? Elle ne savait pas vraiment. Depuis qu'elle était arrivée à Nibelheim, elle savait par instinct que cette route était la bonne. Qu'il fallait aller par là pour y arriver. Comme si elle avait déjà emprunté ce chemin, il y a très longtemps… pourtant, elle savait bien qu'elle n'avait jamais mis les pieds sur cette terre rocailleuse. Mais de vagues souvenirs lui revenaient… comment avoir des souvenirs que l'on a pas vécu ?
        Elle continuait à avancer, perdue dans ses pensées. Un bruit de course effrénée se fit entendre. Comme un gros chien qui court pour accueillir son maître… Ninsun releva la tête. " Plutôt comme un monstre qui me fonce dessus pour me bouffer !!! "
Elle fit soudain un bond de côté et atterrit sur un rocher légèrement en hauteur. " Qu'est-ce que… " commença-t-elle, regardant en contrebas.
Elle entendait bien des grognements, mais elle avait beau fouiller les alentours du regard, elle ne put voir aucun monstre. Pourtant, le bruit paraissait tout proche ! Elle risqua un œil par-dessus le gros rocher à sa droite. Il était assez inégal et permettait donc à quelqu'un de grimper pour atteindre le niveau du dessus ? le chemin que suivait Ninsun faisait d'innombrables lacets dans la montagne, et ce raccourci lui permettait d'évoluer bien plus vite dans sa marche sans faire de détours inutiles ? mais elle se rendit compte que le bruit ne venait pas de dessous… mais d'au-dessus ! La jeune fille se retourna vivement et retint un cri. Une immonde bête velue la fixait de ses petits yeux jaunes, sur le rocher juste au-dessus d'elle. Ninsun, telle qu'elle était placée, était une cible de choix pour le monstre. Il n'avait qu'à bondir… mais ne le fit pas. Il rétracta ses griffes, mais ne détourna pas les yeux de la jeune fille. Celle-ci l'examina lentement. Des poils bruns et drus recouvraient entièrement son corps… Il ne ressemblait ni à un fauve, ni à un chien… elle n'avait jamais vu de telle créature. Tout ce qu'elle savait, c'est que si l'animal lui bondissait dessus, elle ne pourrait pas se défendre. Elle se trouvait presque en équilibre sur ce rocher, et la bête la dominait. Vu la position de la créature, elle ne pouvait pas non plus utiliser ses magies… Elle n'avait plus qu'à prier…
        L'animal velu poussa un petit grognement. Il avait l'air indécis. Peut-être n'avait-il pas vraiment faim, après tout. Il fit mine de s'approcher de la jeune fille, mais s'arrêta soudain. Il découvrit aussitôt sa dentition redoutable et grogna. " Qu'est-ce qu'il lui arrive ? " se demanda Ninsun. Elle comprit quand ses yeux furent attiré par une forme mouvante derrière elle. " Gluklish ! " s'exclama-t-elle en reconnaissant le chocobo. Elle sauta rapidement sur sa monture qui s'était approchée et jeta un regard au monstre, qui n'avait pas bougé. " J'ignore vraiment pourquoi il ne m'a pas attaquée… " se demanda la jeune fille. Peu importait pour le moment, il fallait qu'elle quitte ce lieu le plus vite possible. Il y avait certainement d'autres monstres dans les parages… elle fit partir le chocobo d'une tape sur le flanc. Ainsi, elle éviterait les ennuis… mais soudain, un pensée lui traversa l'esprit. Le chemin qu'elle était en train de prendre était le seul qui menait au sommet de la montagne. C'était sur ce même chemin que le monstre se trouvait ! un peu plus haut, peut-être, mais elle allait le croiser à nouveau… à moins qu'il ne soit reparti, ce qu'elle espérait fortement.
        Une minute plus tard, elle arriva à l'endroit où se trouvait quelques temps plus tôt l'étrange monstre velu. " Il n'est plus là… " fit Ninsun avec un soupir de soulagement. Elle avait parlé trop vite. Deux yeux jaunes la fixaient, une dizaine de mètres plus loin. L'animal, bien que de la taille d'un gros loup, faisait toute la largeur du petit chemin. Impossible de passer à chocobo, même en sautant par-dessus.
" Hors de mon chemin ! " cria Ninsun à la bête. Elle savait bien que ça ne servirait à rien, et que l'animal ne pouvait pas comprendre le langage humain…
Effectivement, il resta immobile, plongeant toujours ses yeux dans les siens. La jeune fille ne descendit pas de Gluklish et continua d'avancer. Cette fois, elle était en mesure de se battre… mais elle ne voulait pas attaquer un animal qui ne lui avait rien fait…
        La créature, en la voyant s'approcher, se retourna et marcha de quelques mètres en direction du sommet de la montagne, puis se retourna.
" Qu'est-ce qu'il fait ? s'étonna Ninsun. On dirait qu'il veut que je le suive… "
Elle fit avancer son chocobo. Le monstre reprit sa marche pour s'arrêter une dizaine de mètres plus loin, et regarda si la jeune fille le suivait bien. Quand il eut compris que Ninsun le suivait bel et bien, il accéléra le pas.
" Mais qu'est-ce qu'il veut à la fin ? " souffla la jeune fille.
Ils continuèrent ainsi jusqu'à arriver sur un plateau aménagé artificiellement. Un réacteur se trouvait là. Mais des gardes de la Shin-ra surveillaient l'entrée… Ils n'avaient pas encore vu Ninsun, cachée derrière un gros bloc de pierre… La jeune fille regarda aux alentours mais ne vit pas de trace du monstre qui l'avait conduite jusque là. Peu importait. Il fallait qu'elle se débarrasse des gardes pour pouvoir entrer dans le réacteur. Mais pourquoi voulait-elle rentrer dans ce réacteur, au fait ? elle savait qu'il contenait du mal, beaucoup de mal… c'était là que Sephiroth était mort… Mort ? mais Ifrit lui avait dit qu'il avait été tué par un groupe de guerriers, après être devenu un Dieu…pourtant, Tamusiga dans son journal avait bien dit que Sephiroth était tombé dans l'immense cuve à Mako de ce réacteur… il avait peut-être survécu, après tout…
" Il n'a pas survécu à cette chute… "
" Comment ? " s'exclama Ninsun, en reconnaissant la voix d'Ifrit.
" Il est mort là aussi. Il est mort et a ressuscité. Il a des cellules de la Calamité des cieux en lui. Il est plus résistant que le commun des mortels… la Rivière de la vie n'a pas voulu de lui. Ou plutôt, son corps et son âme se sont décomposés dans la Rivière de la vie pour ne faire plus qu'un avec elle, mais l'unification n'a pas eu lieu. Son âme était trop grande… il avait encore quelque chose à accomplir dans le monde des vivants… Son âme, son corps, son esprit se sont à nouveau réunis pour le reconstituer, et il a pu renaître en tant que Dieu. "
" Mais cette divinisation l'a conduit à la Mort, n'est-ce pas ? "
" Ah ! il aurait pu être un bon Dieu, je n'en doute pas. Un Dieu noble et puissant. Peut-être le Dieu de la guerre, si se battre lui plaisait tant… Mais ce Dieu, il n'aurait pu le faire naître qu'avec son âme d'autrefois. Lorsqu'il est devenu un Dieu destructeur, un Dieu qui voulait détruire la planète, son âme était corrompue. Cet Être porteur de Mort n'était pas le reflet de l'âme de Sephiroth. Il était le reflet de l'âme immonde de la créature que tu es destinée à TUER ! "
" La créature que…je… " balbutia Ninsun. " Ifrit ! explique-moi ! "

Mais le Dieu avait déjà disparu. Ainsi, elle devrait continuer seule. Elle jeta un coup d'œil aux gardes qui se tenaient devant le réacteur. Aucun d'entre eux n'avait été alarmé par la voix de la jeune fille… ils ne l'avaient sûrement pas entendue. Ninsun prit une corde et attacha son chocobo à un pic rocheux, près du chemin. " Comme ça, tu ne t'enfuiras pas ! " dit-elle. Elle laissa assez de corde pour que l'animal puisse courir, si un monstre venait à l'attaquer. Le brave Gluklish, s'il en venait à être confronté à un ennemi, courrait dans tous les sens, épuisant bien vite ses assaillants.
" Il faut sûrement une carte magnétique spéciale pour accéder au cœur du réacteur… " se dit la jeune fille. Elle espérait qu'un des gardes en avait au moins une. Elle vérifia si l'appareil qu'elle avait acheté assez cher à Nibelheim était en parfait état. Apparemment oui… Un détonateur thermique A-415… Il était confectionné de façon à exploser 3 minutes après le déclenchement du système. Et sa puissance était telle qu'il rasait tout à 300 mètres à la ronde… bâtiments comme êtres vivants. Il fallait donc se dépêcher de dégager après avoir enclenché le détonateur thermique… sinon, pas question d'en ressortir vivant.
        Ninsun s'avança discrètement et longea la paroi rocheuse, à l'ouest du réacteur. Un petit chemin permettait de passer derrière de hauts rochers pour arriver derrière l'immense bâtisse… Maintenant, il fallait qu'elle se débarrasse des gardes. Elle DEVAIT détruire ce réacteur. Elle savait qu'il fallait qu'elle le fasse. Elle aurait pu placer le détonateur thermique là et s'en aller. Le réacteur comme les gardes auraient été rasés. Mais ce n'était pas vraiment la mort des gardes qui l'intéressait, ni la destruction de la bâtisse même. C'était la Mort de ce qu'il y avait à l'intérieur. Une haine profonde grandissait en elle à chaque pas qu'elle faisait vers le réacteur. Elle était là. Elle la sentait. Pas d'erreur. Sa rage et sa soif de destruction ne pouvaient pas la tromper. La Mort de l'Etre qu'il y avait la dedans, elle la voulait, elle la désirait, et rien ne pouvait l'empêcher de donner libre cours à ses instincts meurtriers. C'était la partie enfouie de son âme qui lui soufflait cette haine, ce désir de vengeance. " Tue-la… " " Sert-toi de la bombe seulement pour t'assurer de sa Mort. Tue-la… de tes propres mains ! "   
Ninsun n'hésita pas un seul instant. Elle courut et vint se placer juste devant les gardes. Surpris de voir une jeune fille leur faire face ainsi, ils hésitèrent à tirer. Une hésitation qui leur fut fatale… Ninsun invoqua Ifrit, qui brûla les ennemis dans une tempête de feu. Plus de dangers de ce côté là…
" Grrrr… "
La jeune fille, étonnée, se retourna, et s'aperçut que le monstre qui l'avait guidée jusqu'ici était juste derrière elle.
" Va t'en ! quand viendra l'explosion tu sera soufflé si tu restes là. "
Le monstre ne bougea pas. Il se tenait sur un corps de garde calciné… Un reflet métallique attira le regard de la jeune fille. " La carte magnétique ! " s'exclama-t-elle en la prenant délicatement, pour ne pas qu'un mouvement trop brusque effraie l'animal. Ninsun examina la carte puis se tourna vers le monstre.
" Hein ? " fit-elle.
Il avait disparu…

La carte avait miraculeusement échappé au feu. Ce devait être de ces nouvelles cartes magnétique de la Shin-ra, résistantes à tous les éléments… Ninsun passa la carte dans le système d'ouverture de la porte. Celle-ci s'ouvrit, répandant une odeur étrange dans l'atmosphère…
" Je ne sais pas si c'est l'odeur de la Mako ou la puanteur de cette sale Charogne ! souffla la jeune fille avec mépris. Elle doit se trouver bien en sécurité, tapie dans sa salle sombre, dans son bocal de verre, attendant lâchement les proies qui viendraient se prendre dans ses filets… "
Ninsun descendit l'échelle de fer et longea la passerelle métallique. Une nouvelle porte… elle l'ouvrit sans mal grâce à la carte. Elle arriva dans une salle étrange. Mais elle sentait qu'elle l'avait déjà vue. Cette salle remplie de cuves… de tuyaux… de hublots… La jeune fille monta lentement les escaliers qui menaient à la porte du haut. Un nom immonde était gravé au-dessus. " Jénova "… Quand Ninsun passa la carte dans le système d'ouverture, la porte s'ouvrit avec un grincement, bien qu'elle ne paraisse pas vieille. Comme si la dernière défense de la Calamité des cieux essayait de protéger, dans un ultime effort, sa maîtresse… Ninsun franchit la porte, des flammes dans le regard. Elle leva la tête et vit un gros tuyau arriver jusqu'à une grande cuve de verre. Devant cette cuve, une statue en métal…Ninsun sentit une étrange force s'éveiller en elle. C'était même plus qu'une force : une âme entière prenait possession de son corps. L'âme de Ninsun la guerrière. L'âme du Capitaine Ninsun Sarkin. Elles ne faisaient plus qu'un désormais. La Haine avait réveillé cette âme pleine de vengeance et de puissance, cette âme du destin originel, venue d'au-delà du temps pour prévenir la catastrophe qui gâcherait des milliers de vies… Ninsun arracha d'un coup la statue métallique. Cette scène, elle l'avait déjà vue quelque part. Mais pas dans les mêmes conditions, ni avec les mêmes personnes…
La Créature se tenait devant elle. Bleue. Difforme. Répugnante. Bien que l'expression de son visage semble indéchiffrable, Ninsun venait d'y lire de la surprise.
 " Ah ! Tu es étonnée ? non, il est trop tôt encore pour voir ce visage angélique se dresser devant toi. Le destin a été changé, et je ne faillirai pas une deuxième fois à ma mission. Oh, la belle proie que tu t'attendais à avoir… tu ne l'auras pas, parce que je suis là, moi. Ton beau petit pantin n'aura pas l'occasion de venir te voir, puisque tu n'existeras plus. Fière ! oui, je suis fière de moi. Je vais pouvoir enfin le sauver. Je l'ai vu se lier à toi, devenir fou ! tu l'as arraché à moi sous mes yeux, Garce ! Bien sûr que tu es cruelle… tu ne pouvais pas me faire plus de mal qu'en me l'enlevant… il ne me reconnaissait même plus, tu entends ? Même plus ! il avait ses yeux de fou… ce n'étaient pas ses yeux. C'était les tiens. Je te voyais à travers lui. Sais-tu combien ça a pu me faire mal… voir l'homme que j'aimais ? que j'aime, pourquoi parler au passé, puisque tout ça n'est pas encore arrivé ? le voir se sacrifier pour toi, le voir croire aveuglément en toi, être manipulé par toi ! Toi qui ne l'aimais même pas ! ah, tu es bien comme les autres ordures : le président, Hojo, tous ces gars de la Shin-ra… vous ne pensez à lui qu'en tant qu'objet, que machine à détruire, que marionnette ! Quand je vois combien j'ai souffert, et que je sais qu'il a encore plus souffert que moi, je ne peux pas m'empêcher de vous haïr, tous ! "
        Ninsun était trop en proie à la haine pour se régaler de l'expression d'effroi qu'affichait Jénova à cet instant.
" Trop tard pour toi. Tu comprends maintenant ce que c'est, de te trouver devant la Mort sans aucun moyen de défense. C'était tellement facile pour toi de vivre au dépend des autres… de sacrifier les autres à ta place ! Tu lui as tout fait porter, hein ? il était peut-être malheureux, mais j'aurais su arranger ça. Il n'aurait plus été seul. Mais il était adulé, respecté, admiré. C'est tout ce qu'il avait, à vrai dire. Il avait besoin de la chaleur d'un foyer, d'une mère, et toi, tu as lâchement profité de l'occasion. Oh, je te hais, si tu pouvais savoir combien je te hais ! Tout ! tu lui as tout pris ! le peu qu'il avait, tu lui as enlevé. Tu lui as fait commettre les pires crimes : il a perdu le respect et l'admiration des autres. Le monstre qu'ils voyaient à la place de leur héros, c'était toi ! Tu lui a même pris sa vie… oui, c'est à cause de toi que tout ça est arrivé, tu te l'es approprié comme un jouet, tu l'as cassé comme un enfant gâté sans éprouver le moindre sentiment. J'ai vu tout ça, et je n'ai pu rien faire. Maintenant, oui, c'est le moment que j'attendais. Depuis toujours. Effacer ça, tout ce mal, tous ces remords et toutes ces peines. Tuer le mal à sa racine. "
        Ninsun enclencha le système d'ouverture de la cuve. Jénova gigotait fébrilement dans le liquide bleuâtre… La jeune fille commença à couper le système d'alimentation, et à pousser l'interrupteur de vidage de la cuve. Le liquide s'écoula lentement dans les tuyaux, laissant Jénova à sec, molle et gluante, se raccrochant aux parois de verre.
        " Même devant ta Mort tu essaies de fuir les responsabilités. Tu ne te sauveras pas, inutile d'espérer… "
Elle enclencha cette fois le système d'ouverture de la cuve. La créature tomba devant elle, rampant pour s'échapper de là. La jeune fille la prit par les cheveux.
        " Tu te souviens de cette fois… cette fois où Il t'avait pris la tête comme ça… et avait fait…
Elle lui trancha la tête d'un coup de lame.
…ça. "
Ninsun regarda le corps de Jénova se trémousser sur le sol. Une odeur nauséabonde emplissait la salle… La jeune fille s'adressa à la tête qu'elle tenait dans sa main gauche.
"Oui, bien sûr… je sais que te couper la tête ne peut pas te tuer. Il l'avait fait, et tu avais pu ensuite te reconstituer. Tu es Jénova. Celle qui ne peut entrer dans la Rivière de la Vie. C'est pourquoi les Cetras t'avaient emprisonnée dans ce bloc de matière, pour que tu ne t'en échappes pas… car ils ne pouvaient pas te tuer. Moi, j'ai la solution. "
Elle sortit de son sac une pierre étrange, une sorte de sphère d'une pâleur extrême. Ronde et… blanche… Ninsun en sortit une autre. Celle-là était noire.
" Tu te demandes comment j'ai pu me procurer ça, hein ? Vois-tu… j'ignorais leur utilité quand je les ai reçues des Dieux. Mais maintenant, leur importance s'impose à mon esprit. Ces matérias, utilisées ensemble, ont le pouvoir d'annihiler une âme. Une âme. Il n'y a pas à hésiter : l'âme qui disparaîtra, ce sera la tienne. Ainsi, pas de résurrection, pas de salut possible. Les Cetras auraient pu te tuer… mais ils ignoraient alors que l'utilisation des deux en même temps aurait pu faire disparaître la Calamité des cieux… "
Ninsun invoqua, dans une langue qu'elle ne connaissait pas elle-même, les deux matérias. Elles brillèrent intensément, puis ce fut comme une tornade qui déferla dans la salle. Une lumière Rouge scintillante sortit de Jénova, qui affichait une expression monstrueuse de haine et de cruauté : sa vraie nature… C'était son âme. Celle qui était condamnée à disparaître…
 Puis la lumière générée par les matérias fondit sur l'âme et la désintégrèrent instantanément, en un grand éclat brûlant qui fit tomber Ninsun à la renverse. Quand elle se releva, il ne restait plus que les deux matérias par terre, et le corps sans vie de Jénova sur le sol.
" Tu es comme la peste, siffla Ninsun. Même lorsque l'on te croit morte, tu arrives quand même à faire des ravages. Ton âme a disparu. C'est le tour de ton corps maintenant ! "
Elle pris ses affaires et les matérias, puis attacha le détonateur thermique sur le corps même de Jénova. Elle prit soin de placer la tête de cette dernière à proximité. Puis elle enclencha le détonateur. Elle avait 3 minutes pour sortir de là…
Elle courut aussi vite qu'elle le put vers la sortie. Elle traversa la salle emplie de cuves et arriva sur la passerelle. Celle qui avait vu la première mort de Sephiroth… Puis elle s'empressa de grimper l'échelle métallique. Au moment de sauter sur l'autre passerelle pour sortir, le pied de Ninsun resta accroché dans un des échelons.
" Merde ! c'est pas vrai ! le coup classique quand il faut sortir précipitamment d'un bâtiment qui va sauter… " Elle réussit tant bien que mal à débloquer son pied, mais elle doutait de pouvoir s'éloigner à temps du réacteur avant qu'il n'explose… La secousse qu'elle fit pour dégager son pied fit tomber son Rotator, qui atterrit sur la passerelle du bas..
" Nooonn !! raaah il manquait plus que ça… Tant pis, j'ai pas le temps d'aller le rechercher… "
     Avec un soupir elle dût se décider à sortir sans avoir récupéré son arme…  
Arrivée à l'air libre, elle respira une grande bouffée d'air et courut le plus vite qu'elle le put. A l'abri du grand rocher derrière lequel elle avait laissé Gluklish, elle se sentit en sécurité. Cependant, il ne fallait pas qu'elle reste dans les parages… Elle détacha le chocobo et partit à vive allure. A peine eut-elle dépassé le tournant qu'une énorme explosion se fit entendre. Gluklish manqua de tomber, déstabilisé par la secousse. Ninsun le fit s'arrêter et fit marche arrière. Elle voulait absolument voir ce qu'il restait du réacteur       --? s'il en restait quelque chose. Arrivée sur le plateau, elle n'en crut pas ses yeux. Il n'y avait plus rien. Juste quelques débris calcinés. Le détonateur thermique surpuissant avait bien fait son boulot… il avait " nettoyé " le réacteur en profondeur, et tout ce qu'il y avait autour…
La jeune fille sentit que sa haine, peu à peu, la quittait. Le Capitaine Ninsun Sarkin… c'était elle, sans l'être vraiment. Cette partie de son âme s'était réveillée, appelée par la haine, puis se rendormant tout doucement. Soudain, la jeune fille entendit un hurlement. Elle leva les yeux, et s'aperçut qu'il s'agi

ssait de la créature étrange qui l'avait aidée dans sa quête… l'animal la regarda, comme s'il la connaissait depuis longtemps... Une lueur de satisfaction et de mélancolie liées se lisait dans ses yeux.

 

 

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