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fiction
Evolvana
Chapitre 6 : Et si
le destin en avait été autrement… ?
Quelle
heure était-il ? l'obscurité emplissait la petite
chambre et le silence régnait dans l'auberge. Seul, dehors,
un chien aboyait, troublant le calme profond de cette chaude nuit
d'été. La jeune fille se leva et ouvrit les volets
de bois. Un vent doux s'engouffra dans la pièce, faisant
voler ses longs cheveux bruns. Au-dehors se dessinait la forme de
la grande fusée, dominant le village et s'élevant
au-dessus de la brume matinale pour montrer au monde que la Shin-ra
était au dessus de tout. Décidément, tout se
rapportait à cette foutue organisation… Ninsun
alluma sa lampe de chevet et fit le compte-rendu de ce qu'elle avait
fait depuis son départ, depuis ces quelques mois. Elle avait
traversé l'océan, et, sans trop de difficultés
grâce au chocobo, elle avait pu atteindre Manara, village
plus connu sous le nom de " Village de la Fusée ",
à cause de la récente construction de cette merveille
technologique. Mais la Shin-ra avait l'air de délaisser un
peu le projet, à cause de la récente découverte
de l'énergie Mako qui, paraît-il, pourrait considérablement
augmenter le niveau de vie des gens. De belles paroles… les gens
espéraient beaucoup et devaient bien souvent désenchanter
en constatant la vérité… Qu'allait-elle
faire ? par où commencer les recherches ? Elle n'avait pu
voir que très peu d'illusions depuis son départ d'Icicle,
en raison de la vigilance continuelle dont elle devait faire preuve
pour ne pas se faire attaquer en pleine nuit par des monstres, alors
qu'elle dormait sous une tente ou à la belle étoile.
Mais maintenant tout allait bien… Elle était ici dans le
calme, mais pourtant quelque chose la troublait. Elle entendait
de plus en plus parler des mouvements de rébellion dans la
région de Wutai, et la Shin-ra prévoyait de réagir
violemment. Comment tout cela allait-il finir ? Y aurait-il une
guerre, comme dans l'illusion ? La
jeune fille prit le miroir magique, qu'elle gardait toujours avec
elle, et pressa le manche. Au fil du temps les illusions étaient
de plus en plus rares, elle ne savait pourquoi. Cette fois-ci elle
eut le bonheur de voir la glace devenir trouble et laisser apparaître
une image… qui paraissait si réelle…
Un
bruit de pas dans l'escalier. " Phil ? " appela la jeune
femme. " C'est toi ? " Aucune réponse. La nuit
était déjà tombée et les couloirs du
QG de la Shin-ra étaient plus sombres que jamais. La lampe
du petit couloir était grillée ; seules quelques faibles
lumières des panneaux " sortie " éclairaient
l'endroit. Rojana frémit et pressa le pas. Depuis qu'elle
avait été employée comme secrétaire
par la Shin-ra, elle finissait souvent très tard, le travail
qu'on lui donnait étant énorme. Bien sûr, elle
était bien payée, mais elle détestait repartir
toute seule chez elle à des heures pareilles. D'habitude,
Phil l'accompagnait. C'était son collègue, et ils
travaillaient souvent ensemble. Mais aujourd'hui, il avait dû
partir plus tôt à cause d'un rendez-vous chez le médecin…
Elle espérait qu'il soit tout de même revenu terminer
quelque travail, et que c'était lui qu'elle… venait d'entendre…
Elle n'osa pas se retourner. La peur naissante la fit encore accélérer
le pas, pour arriver le plus vite possible dans le grand hall. Là-bas,
il y avait des gardes, de la lumière… la sécurité.
Ici elle ne se sentait pas protégée. " J'entends
des bruits alors qu'il n'y a personne… pensa-t-elle. Oh, ça
doit être le stress… " Elle continuait d'avancer dans
le couloir obscur quand soudain une ombre surgit devant elle.. La
jeune femme laissa échapper un cri strident. "
Oh, pardonnez-moi, madame… je ne voulais pas vous faire peur… "
Rojana regarda la personne qui se trouvait devant elle, et s'aperçut
avec soulagement qu'il s'agissait d'un jeune garde habillé
de bleu. Elle eut un peu honte de sa réaction mais se reprit
vite. " Vous n'avez pas besoin d'aide au moins ? demanda
le jeune homme en remarquant les lourds dossiers qu'elle portait.
Parce que je m'apprêtais à partir et… - Non non,
laissez… fit la secrétaire avec un sourire crispé.
Vous pouvez y aller. J'arriverai à me débrouiller
toute seule… - Vous êtes sûre ? - Mais oui,
ne vous inquiétez pas pour ça… " Le jeune
garde fit un signe de tête suivit d'un petit " au revoir
" timide et partit rapidement en direction du grand hall. Bientôt
Rojana n'entendit plus le bruit de ses pas, étouffé
par toute cette distance et par ces murs renforcés dont étaient
constitués en grande partie les bâtiments de la Shin-ra.
Tout était redevenu si calme… le silence effrayant l'enveloppa
soudain. La peur s'empara à nouveau d'elle quand, faisant
quelques pas, elle s'aperçut que le " bruit " avait
recommencé. Etait-ce l'écho de ses pas ? Elle l'espérait
de tout cœur. Elle s'arrêta. Mais pas le bruit sinistre. Mais
que lui avait-elle pris de ne pas accepter l'aide du garde ? Tout
aurait été si simple ! maintenant il était
loin, et même si elle appelait, personne ne l'entendrait.
Sans regarder derrière elle, la jeune femme se mit à
courir à toutes jambes. La terreur devint panique quand elle
entendit le bruit de pas, derrière, accélérer
jusqu'à devenir un bruit de course. Rojana poussa un cri
et tenta d'aller plus vite, mais le poids des dossiers la déséquilibra
et elle tomba lourdement sur le sol. C'en était fini. Son
poursuivant, qui que ce soit, avait dû la rattraper à
présent. Elle ne pouvait pas se relever, sa cheville devait
être foulée et lui faisait horriblement mal. Repliée
sur elle-même, elle n'osa pas ouvrir les yeux. Bientôt
elle sentit avec horreur une haleine chaude et fétide sur
son cou. Des doigts rêches se glissèrent sous son chemisier,
et elle ne put s'empêcher de se débattre et d'ouvrir
les yeux… Ce qu'elle vit lui arracha un hurlement d'horreur. Un
visage immonde était penché au-dessus du sien, ses
petits yeux grands ouverts… on aurait dit le regard d'un fou. Un
long nez hideux agrémentait le tout… mais Rojana ne vit clairement
qu'une chose : un verre épais, posé sur l'œil droit…
Les traits de la jeune femme de déformèrent de terreur
quand elle vit la bouche de l'homme se rapprocher lentement
de son oreille. " Maintenant, tu es… à moi. "
Ninsun
vit la glace du miroir redevenir terne. Quelle horreur ! Mais de
qui s'agissait-il ? Sa pensée était emplie de noms
tels que " QG de la Shin-ra " ou " Rojana ",
mais rien concernant l'homme… pourtant la jeune fille avait l'impression
d'avoir déjà entendu parler de lui quelque part… une
intuition… mais elle ne parvenait pas à trouver où.
En quoi cette histoire avait rapport avec Sephiroth ?
Ninsun poussa un
long soupir et se laissa tomber sur son lit. Elle était en
proie à une vague de mélancolie profonde… Il lui semblait
que tous ses efforts ne menaient à rien. Comment retrouver
un être parmi les milliards que comptait la planète
? Maintenant elle ne pouvait plus revenir à la maison… après
ce qu'elle avait fait… En y repensant ses parents devaient être
morts d'inquiétude à son sujet. Ils ne savaient même
pas pourquoi elle était partie, ni si elle était toujours
vivante…
" Quoi qu'il arrive… ne perds pas espoir… "
La jeune fille se redressa. Elle
avait bien entendu une voix ! "
Qui a parlé ? " murmura-t-elle en regardant autour d'elle
avec angoisse.
" Je suis… celui qui t'as imploré
de LE sauver… "
Ninsun comprit qu'elle avait affaire
à l'étrange ogre vert qu'elle avait vu en songe.
" Expliquez-moi… Je suis seule, et je ne sais pas par où
commencer… où est-IL ?
" Suis ton cœur… et tu ne seras
plus seule. IL a choisi, et au fil du temps les destins divergent
de leur route originelle. Au moment du choix, tout était
prêt pour un nouveau départ. Je croyais en un avenir
meilleur que celui qui était écrit. Un avenir meilleur
pour tous. "
" Mais alors ? que s'est-il
passé ? Dans mes rêves, des êtres étranges
semblaient être contre vous… vous aviez l'air désemparé…
"
" Être innocent… c'est
ce que tu es, Ninsun Sarkin… moi je suis… un dieu. "
" Vous êtes… ? comment
est-ce possible… Mais vous ne répondez toujours pas à
ma question. "
" Tu es jeune est bien impatiente…
Ce que tu veux savoir, tu l'apprendras en temps voulu. Cependant,
je répondre à certaines de tes questions. Je suis
Ifrit, dieu du feu éternel. L'être que tu vois dans
les illusions… est à lui seul une menace pour la planète.
C'est le destin qui a voulu cela. Son histoire est bien triste et
bien cruelle… c'était l'argument qu'avaient pris les dieux
au Conseil divin pour avoir la permission de lui donner une seconde
chance. Moi, je souhaitais que tout se passe pour le mieux dans
le futur, pour les humains, la planète et les dieux. Je voulais
que cet enfant innocent, qui a traversé tant de malheurs,
soit " redirigé " en quelque sorte, pour son bien
et pour celui de tout le monde. Il est normal qu'il connaisse le
bonheur lui aussi… "
" Sephiroth… c'est comme ça
qu'il s'appelle. Mais qu'a-t-il donc fait de si grave pour ainsi
être considéré comme une menace pour la planète
? J'ai su grâce aux illusions du miroir qu'il allait brûler
un village entier. Mais de là détruire la planète…"
" Pourtant, c'est ce que le
futur prévoyait pour lui. C'est beaucoup trop complexe pour
que je t'explique… mais il en serait venu à vouloir détruire
la planète. Et il y serait parvenu si un groupe de combattants
ne l'en avaient pas empêché… en le tuant. "
" Comment ? Tué ? je
n'ose pas y croire… que s'est-il donc passé ? "
" Tu l'apprendras par toi-même,
Être innocent. Quant à moi, je me suis aperçu
bien vite que les autres dieux avaient des idées différentes
des miennes… Alors que je voulais le bonheur de tous, ils pensaient
d'abord à leur sécurité. Peu leur importait
le sort de Sephiroth. Même avec un nouveau destin, les autres
dieux se méfiaient… Au départ, ils ont voulu le surveiller,
l'empêcher de rejoindre son destin originel, mais en douceur.
Mais si le destin peut changer, l'Âme d'un homme reste la
même. Sephiroth a l'âme d'un guerrier, il est fait pour
la liberté et le combat. Shiva, la reine des déesses,
ne l'entendait pas de cette oreille… elle a ordonné à
Ramuh de changer de stratégie avec le garçon et de
tout faire pour que son destin croise la mort. Tous les dieux, sauf
moi, ont approuvé. Mais je pèse bien peu face aux
autres… Ils pensent que la meilleure solution pour éradiquer
le problème est de LE tuer. "
" Vous voulez dire que… en ce
moment, Sephiroth est en danger ? Si les dieux s'y mettent, il n'a
aucune chance ! "
" Détrompe-toi, Être
innocent… Les légendes disent qu'un nouveau dieu arrivera
un jour dans le monde des mortels. Et ce dieu-là sera le
dieu de l'Ombre, bien plus puissant que nous tous réunis.
Une fois arrivé au stade de Dieu, il règnera sur tout
: les hommes, les âmes, les dieux, l'univers… C'est
pour cela que mes confrères ont peur. Ils se fichent bien
de la planète et des mortels ; ils veulent juste ne pas être
contrôlés. "
" Mais alors… ce Dieu… "
" Oui, c'est Sephiroth. Il n'a
pas choisi d'avoir un tel destin… bien avant sa naissance, il était
voué à l'injustice et à la mort. Quoi qu'il
fasse. À un moment, j'ai eu en mon cœur une lueur d'espoir…
Mais je ne peux plus compter que sur toi. Je t'ai élue gardienne
de son destin. C'est un poids lourd à porter, je sais… mais
pendant ces longues années, ne cherchais-tu pas un but à
ta vie ? "
" …un idéal à
suivre… mais pourquoi moi ? "
" C'est ainsi. Ne me demande
pas de raisons… mais peut-être que mon choix s'est orienté
vers toi à cause de votre futur commun dans le destin originel…
pendant une si courte durée… mais je crois que rien que ta
présence à ses côtés lui ont fait découvrir
une autre partie de son âme. C'est dans cet idéal de
bonheur possible dans le nouveau futur que je veux que sa destinée
évolue. Et la tienne aussi. "
" Mais… où est-il ? comment
le sauver ? "
" Je ne peux répondre
à ça. C'est à toi de trouver ces réponses…
J'ai confiance en toi. Va, sauve-le. Toi seule pourra y parvenir.
Mais sache qu'il faut prendre le mal à la racine, et que
Sephiroth n'en est que la plus haute branche… celle qui atteint
les cieux et devient l'Ange à une aile. "
Sur
ce, la voix d'Ifrit se tut brusquement. Ninsun, encore bouleversée
par les paroles qu'elle venait d'échanger avec le dieu, resta
assise sans bouger sur le lit. Etrangement, elle ne ressentait plus
la profonde lassitude d'il y a quelques minutes. Cette discussion
lui avait redonné courage, et désormais elle savait
qu'elle n'était plus seule. Mais qu'avait donc voulu dire
le dieu… ? éliminer le mal à la racine… Son
attention fut attirée par une pierre étrange, ronde,
qui brillait faiblement sur le sol. Une… matéria ? mais elle
ne ressemblait pas aux autres. Elle était si pâle…
" Dans le temps et l'espace, les Dieux peuvent voyager. Ainsi,
un objet à l'origine unique peut devenir double, si celui
du futur est ramené dans le passé. " Ninsun
prit l'étrange matéria et la mis dans son sac. Elle
en ignorait encore l'utilité, mais si Ifrit la lui avait
donnée, elle devait être importante à sa mission.
Sa pâleur l'intriguait vraiment. Etait-elle grise ? était-elle…
blanche ?
Dès
le lendemain elle allait repartir. Ce n'était pas ici qu'elle
trouverait quelque chose d'intéressant. Mais par où
aller ? Dans les récentes illusions qu'elle avait vues, le
village de Nibelheim était apparu. C'était le village
où s'était déroulé L'expérience
et c'est celui-là même qui allait être brûlé
dans le futur. Peut-être devrait-elle aller là-bas…
* * * * *
* * * * * * *
Quelques
mois s'étaient écoulés et en Sephiroth brûlait
une haine immense. Il savait bien ce qui était arrivé
à son ami. Depuis le jour de sa disparition, il n'avait jamais
douté qu'Arawn était derrière tout cela. C'était
tellement prévisible… Par contre il ignorait ce qui avait
poussé l'ex-sergent à faire ça. D'habitude
il ne… tuait pas. Malgré le discours larmoyant fait par le
directeur (qui n'avait presque aucune influence sur Arawn, ou sur
qui que ce soit d'ailleurs), regrettant la " mort accidentelle
" du jeune Morak Gessen, tombé dans les hauts escaliers
de pierre du bâtiment principal, tout le monde se doutait
bien que cette affaire sentait le louche. Le professeur Fujimi avait
failli défaillir pendant la cérémonie ; sûrement
parce que Morak était un des élèves qu'il appréciait
le plus. Enfin, c'est ce que pensait Sephiroth… Il se souvint d'ailleurs
bien de la cérémonie d'adieu à l'âme
du jeune homme. Arawn était là, les mains jointes,
feignant le deuil… mais Sephiroth avait bien remarqué le
sourire satisfait qui était passé sur ses lèvres.
Et ce " détail " l'avait mis hors de lui. Il avait
eu envie d'aller tabasser ce vieux sadique, là, devant tout
le monde, mais le feu qui brûlait en lui l'avait plutôt
conduit à se battre par les mots. Après tout, ils
pouvaient blesser aussi, et engendrer parfois même bien plus
de douleur que la blessure physique. Le
jeune homme était alors intervenu lors du long et ennuyeux
discours du directeur, au moment où celui-ci avait évoqué
" l'accident ". L'homme parlait d'un ton monocorde : "
…nous regretterons toujours Morak, qui avait su se faire aimer de
ses compagnons, et dont la vie s'est éteinte hier soir. Nous
l'avons retrouvé, le crâne fracassé, en bas
de l'escalier central. Les marches traîtres ont eu raison
de lui… il a dû tomber brutalement, et sa chute lui a été
mortelle… - Il n'est pas tombé tout seul, l'avait brusquement
coupé Sephiroth. Arawn s'était soudain retourné
et avait fixé le jeune homme avec un regard noir. - Que…
que veux-tu dire ? avait balbutié le directeur, d'un air
déconcerté. - Quelqu'un l'a… " aidé
" à tomber… avait continué Sephiroth en regardant
Arawn droit dans les yeux. - Cessez ces sottises ! ! ! avait
lancé l'ex-sergent. Vos paroles sont dignes d'un gosse de
quatre ans qui vient de voir son premier film policier ! Cela ne
se passe pas ainsi dans la vie réelle ! - Vous êtes
mal placé pour dire ça. L'esclavagisme, ce n'est pas
que de la fiction… avait répliqué le jeune homme sans
détourner le regard. Un silence pesant s'était
installé autour d'eux. Fujimi regardait les deux ennemis
se défier au beau milieu de la grande cour, réalisant
soudain l'importance de l'inimité qu'il existait entre ces
deux êtres. Sephiroth était-il devenu fou de provoquer
Arawn ainsi ? Le jeune homme qui avait tant de sang-froid d'habitude
semblait soudain l'avoir perdu. - Je… avait commencé
le directeur d'une voix timide. - Qu'est-ce qu'il veut, le petit
morveux ? avait vociféré Arawn sans s'occuper le moins
du monde de l'autre homme. Pour qui te prends-tu, hein ? QUI A DE
L'IMPORTANCE ICI ? ? ? Sephiroth l'avait fixé d'un regard
où brillait sa haine profonde pour cet être honni.
- L'importance ! Qu'est-ce que c'est, au juste ? Le respect
des sots et des faibles… l'ébahissement des gosses… rien
de noble, en fin de compte. Aucune raison de s'en vanter. -
COMMENT OSES-TU ? ! ! - A part ma vie, je n'ai plus rien à
perdre. Alors je me charge de dévoiler aux autres qui vous
êtes vraiment, même si tout le monde le sait déjà
mais n'ose rien dire... C'est donc ce fouet qui leur fait tant peur
? Un simple fouet… n'importe quel crétin pourrait s'en servir.
- ESPECE DE… - Petit morveux, oui, je sais. Le visage
d'Arawn avait viré du rose au pourpre en quelques secondes.
La rage déformait ses traits. Les gens reculèrent,
terrifiés. - TU
TE CROIS MALIN, N'EST-CE PAS ? ! ! "
Sephiroth n'avait pas répondu.
Il s'était contenté de jeter un regard méprisant
au Chef et lui avait tourné le dos. " …et cesse de faire
semblant d'être triste pour Morak. Tu as dû le pousser
bien fort pour qu'il se fracasse la tête comme ça.
"
Les gens étaient consternés.
Arawn était donc l'assassin du jeune homme ? ils s'en étaient
un peu doutés, même s'ils n'avaient pas osé
se l'avouer. Mais… Sephiroth… qu'est-ce qui lui avait pris ? Qu'allait-il
arriver ensuite ? C'était de la pure folie que de parler
ainsi au Chef…
Maintenant
Sephiroth en était là. Tout cela s'était passé
il y a quelque temps déjà et Morak n'était
plus qu'un souvenir douloureux. Mais aujourd'hui Zack s'était
fait tabasser en cours de sport. Sephiroth s'en voulait de ne pas
avoir pu être là, mais de toute manière, qu'aurait-il
pu faire ? Depuis plusieurs mois il était dispensé
de sport. Arawn avait encore réussi à lui faire du
mal, mais cette fois-ci indirectement. Il
en avait marre. Vraiment marre de cette vie de fou, cette vie parsemée
de douleurs et de pièges… cette vie qui ne semblait mener
à rien. Il avait beaucoup appris depuis qu'il était
à Darkmoan. Il s'était endurci. La douleur donne des
leçons qu'aucun professeur ne peut enseigner. Mais qu'allait-il
faire maintenant ? Attendre ? Il attendait depuis déjà
trop longtemps à son goût. Il voulait sortir de là,
Dieux ou pas. Mais ce manoir ressemblait à une forteresse
; impossible de s'évader. Les caves étaient un vrai
labyrinthe… et il ne savait même pas comment y accéder.
Pourtant, il n'allait pas rester là sans rien faire, à
la merci d'Arawn ! "
Sephiroth ? " Le jeune homme releva la tête, surpris.
Mlle Liseau était penchée au-dessus de lui et lui
faisait son plus grand sourire. Le garçon regarda autour
de lui et vit les autres élèves de la classe le fixant
avec des yeux curieux. "
Oui Mademoiselle ? " Elle avait bien vu qu'il était
perdu dans ses pensées, et il avait fallu l'appeler trois
fois avant qu'il réagisse. Mais elle ne lui en voulait pas
le moins du monde. "
Sephiroth, je t'avais posé une question… - Ah. Désolé,
je n'avais pas entendu. - Je voudrais que tu ailles résoudre
cet exercice. " fit-elle en montrant du doigt les calculs complexes
sur le tableau blanc. Le jeune homme retint un soupir et se
leva. Debout, il avait au moins dix centimètres de
plus que la professeur. A 17ans, il mesurait presque 1 mètre
80… Il se dirigea jusqu'au tableau et se sentit un peu gêné.
Il avait horreur d'aller ainsi résoudre un exercice devant
toute la classe. Tous ces yeux fixés sur lui… il ne fallait
plus y penser, et tout irait bien. Il regarda perplexe le problème
de mathématiques inscrit au tableau. A vrai dire il savait
qu'il s'en sortirait, mais il n'avait rien écouté
de la leçon…Cet exercice était pourtant nouveau pour
lui. Ils n'avaient rien fait de tel jusqu'à présent
et il savait pertinemment que la leçon qu'ils traitaient
en ce moment n'était pas portée là-dessus.
Qu'attendait donc la prof ? Il se retourna et lui jeta un regard
interrogateur. Elle avait soudain repris son air froid. "
Enfin, Sephiroth… tu devrais savoir le faire, non ? - Mais…
nous n'avons jamais étudié ça… - Je sais.
Mais il suffit d'un peu de logique et de raisonnement. Allez… "
Le jeune homme vit bien que les autres élèves avaient
l'air stressés. Pour rien au monde ils n'auraient voulu être
à la place de leur ami… Sephiroth
se reconcentra sur l'exercice. Des signes et des chiffres en tous
genres se côtoyaient… après quelques secondes d'analyse
du problème, il se mit à écrire et à
faire des calculs complexes. Il fallait qu'il y arrive… c'était
une sorte de défi qu'il voulait absolument gagner. Il avait
confiance en lui-même. Il réussirait. Quelques
minutes plus tard… " Alors, tu vois ? " fit Mlle Liseau
à Sephiroth. Celui-ci se retourna et jeta un coup d'œil à
ses calculs. Ils emplissaient tout le tableau… Il s'étonna
d'avoir été si rapide. En général, il
ne se pressait pas trop pour les maths ; il prenait son temps. C'était
une matière qu'il n'aimait pas vraiment, mais il dut s'avouer
qu'il avait des facilités en à peu près tout.
Enfin… excepté en arts. Une fois par semaine, ils avaient
une heure de cours où ils devaient dessiner, peindre… Ce
n'était pas vraiment qu'il détestait ça, mais
il n'arrivait jamais à rendre l'effet voulu. Heureusement
ces cours avaient peu d'importance dans leur éducation, mais
il se sentait frustré d'échouer à quelques
chose qui paraissait si simple à certains. "
Viens te rasseoir… c'est parfait. " Sephiroth obéit
et sentit le regard des autres peser sur lui. Il se sentit vraiment
mal à l'aise. Il détestait que les professeurs le
prennent comme exemple ou le flattent devant tout le monde. Bien
sûr, ils pensaient qu'ils faisaient bien, mais ça le
gênait beaucoup. Mlle
Liseau jeta un regard plein d'affection à son élève
préféré et reprit sa place au tableau. Sephiroth
n'osait pas regarder les autres élèves… Il fixait
sa feuille de cours et ne relevait pas les yeux. "
C'était juste pour te tester, déclara soudain le professeur.
En fait, un concours est organisé à Midgar… les meilleurs
élèves peuvent y participer, et les plus forts auront
une chance d'entrer à l'université Mereel, la plus
réputée de la planète. Je pensais que tu pouvais…
enfin si tu veux… " Elle
avait eu du mal à se décider de lui révéler
ça. Si Sephiroth était parmi les meilleurs, ce dont
elle ne doutait pas, elle ne le reverrait sûrement plus jamais…
Mais il ne fallait pas qu'elle soit égoïste. Elle savait
que son élève favori avait des problèmes ici,
à Darkmoan. Son affrontement verbal avec Arawn le prouvait.
Et si Arawn y allait un peu trop fort, un jour… Sephiroth
regarda Mlle Liseau. Cette femme venait de lui donner la clé
de sa liberté. Quitter Darkmoan… c'était une chance
inespérée ! "
Bien sûr… continua-t-elle, il faudrait que tu t'entraînes
encore dans les matières scientifiques. - Je ne suis
pas au niveau ? - Tu es très doué, mais cet exercice
est parmi les plus faciles que l'on peut te poser au concours. Avec
un peu de persévérance, tu arriveras très vite
au niveau des meilleurs. - Je ne vois pas comment je pourrais
" m'entraîner "… fit Sephiroth en espérant
que la professeur n'allait pas lui proposer de cours particuliers.
- Je te donnerai des exercices plus difficiles… et si tu as besoin
d'aide, n'hésites pas, je suis là. " Le jeune
homme réfléchit. Evidemment, il FALLAIT qu'il réussisse.
Il en avait assez de voir ces murs gris et poussiéreux, de
subir les colères d'Arawn… là-bas il aurait plus de
liberté, et il aurait sûrement l'occasion de voir plus
souvent sa famille. Mais… partir sans se venger ? Non, il ne le
pourrait pas. Il fallait qu'il fasse payer Arawn pour tout ce qu'il
lui avait fait endurer. Mais d'un autre côté, il fallait
qu'il soit absolument sûr de partir… il avait bien l'intention
de mettre toutes les chances de son côté. Le
cours continua tranquillement, mais Sephiroth n'écoutait
toujours pas. Cette fois, il pensait à autre chose… à
sa liberté qu'il allait retrouver.
* * * * *
* * * * * * *
Un timide frappement se fit
entendre à la porte. Le major Armald poussa un long soupir
et écrasa son cigare dans le cendrier. " Entrez ! "
La porte s'ouvrit
doucement et un homme brun et svelte s'avança. Armald le
toisa du regard mais ne l'invita pas à s'asseoir. "
Alors, sergent ? " fit le major, s'enfonçant encore
plus dans son siège. L'autre homme s'avança prudemment
et s'éclaircit la gorge. "
D'après les rapports, il n'y a eu… aucun survivant… Toute
l'équipe Ultima a été décimée.
" Le jeune homme avait l'air profondément choqué,
et balbutiait presque. Le major, devant cette réaction, ricana.
" Voyons, sergent
Nadari, ne faites pas la mauviette. S'ils ont perdu, c'est qu'ils
étaient trop faibles. Et vous savez qu'à la Shin-ra,
les faibles ne durent pas longtemps. Oubliez-les. - Mais, major…
- Vous avez quelque chose à redire, Nadari ? - N…non,
major. - Bien. Disposez. "
Une fois le jeune homme reparti,
Armald poussa un soupir de satisfaction. Tout s'était passé
comme prévu. Le haut commandement, après une inspection
de ses troupes, avait déclaré qu'elles contenaient
bien trop d'éléments faibles pour pouvoir un jour
espérer qu'un de leurs soldats soit remarqué et enrôlé
dans la toute nouvelle élite. Le major comptait bien sur
la renommée et sur le pouvoir de ses troupes pour pouvoir
lui aussi monter de grade et être apprécié à
sa juste valeur. Ici, il était respecté, bien sûr,
mais major était un grade encore trop bas pour lui. Il voulait
absolument passer officier… pour l'instant, il était en quelque
sorte conseiller du Lieutenant colonel Brashâk, et avait donc
une certaine influence sur les décisions prises dans la base.
Parfois cet imbécile d'Heidegger se ramenait et critiquait
tout ce qui lui passait sous les yeux. Cette fois, si les troupes
les plus faibles n'existaient plus, les plus doués seraient
mis en valeur et non engloutis dans la masse des incapables.
Tirant un autre
cigare de sa poche, le major Armald se leva et regarda par la grande
fenêtre la mer s'étendant à l'infini. Sous le
soleil couchant, la vue était magnifique. Il n'y avait que
cet horrible Grand canon qui gâchait tout. Encore une idée
de ce cher Heidegger…
* * * * *
* * * * * * *
Bien plus loin, sur un autre
continent… "
Alors… Voici Costa del Sol. Il fait nuit, on y voit rien… -
Tu crois qu'il va y avoir un bateau pour nous ramener sur l'autre
continent ? - Ne vous faites pas d'illusions… " Les
adolescents se retournèrent vers Vincent Valentine. Il était
toujours là pour les ramener à la réalité…
Evidemment, si ce qu'il leur avait dit était vrai, alors
leur escadron était sensé avoir été
rayé des listes de la Shin-ra. Ils étaient sensés
être morts, eux, qui recherchaient à présent
un moyen de revenir à Junon. Ils avaient eu du mal à
arriver déjà jusqu'à Costa, faisant du stop
aux rares automobilistes qui passaient par là, ou essayant
de trouver à manger en tuant des monstres qu'ils trouvaient
sur leur chemin. Heureusement, Vincent leur avait été
d'une grande aide et les avait sauvés en de nombreuses occasions.
Mais rien que leur allure à tous les cinq faisaient peur
aux gens. Les uniformes déchirés, et surtout… les
habits étranges de Vincent, n'inspiraient pas confiance aux
habitants des villages. Par bonheur, ils avaient réussi,
grâce à l'argent récolté aux combats,
à s'acheter de nouveaux vêtements, mais Vincent, lui,
n'avait rien voulu entendre. C'est vrai que les adolescents l'imaginaient
mal en tee-shirt et en baskets, car l'homme en question, quelque
soit la situation, gardait cet air impassible et froid, cet air…
distant. "
On ne va pas rester là à rien faire, tout de même
! s'impatienta Gadjaya. - J'ai entendu parler d'un paquebot
qui faisait Costa del Sol - Junon, intervint Intyre en scrutant
le paysage plongé dans la pénombre. Mais évidemment,
ceux qui ne font pas partie de la Shin-ra doivent payer… - On
a peu de chances de nous reconnaître en tant que militaires,
soupira Kargin en regardant d'un air triste les nouveaux habits
qui avaient remplacé son uniforme. - Ne vous en faites
pas, marmonna Vincent, nous avons assez d'argent pour nous payer
un aller pour cinq personnes. " Intyre passa sa main dans
ses cheveux blonds. Il savait bien que depuis quelques années,
la Shin-ra était plus vigilante, à cause des troubles
Wutans. Les allées et venues étaient surveillées
plus que jamais, et le jeune homme doutait que leur mystérieux
compagnon soit accepté à bord du paquebot. Soudain,
une chose lui vint à l'esprit. Le port d'arme était
sûrement interdit pour les civils dans le bateau ! Comment
allaient-ils faire ? Leurs armes étaient leur moyen de survie
dans les contrées sauvages. S'ils n'étaient pas acceptés
à Junon, ce qu'il redoutait grandement, ils en auraient encore
beaucoup besoin avant d'arriver à Midgar. Evidemment, c'était
là qu'ils devraient revenir en priorité. Leurs familles
à tous habitaient la capitale… " Comment faire pour
les armes ? " demanda-t-il soudain aux autres. Les adolescents
le regardèrent d'un air sombre et ne répondirent pas.
Ils étaient conscients des difficultés qu'il y aurait
à atteindre l'autre continent… Vincent soupira. L'escadron
Ultima, ou plutôt ce qu'il en restait, n'était plus
qu'un fantôme. Leur chef mort, les souffrances endurées
pour arriver jusqu'ici avaient complètement transformé
les jeunes gens. Lui, transformé, il l'était déjà…
mais ça faisait presque dix-sept ans. Il fallait qu'il aide
ces adolescents perdus, il devait rattraper ses fautes en protégeant
les gens innocents à qui il pouvait venir en aide. Déjà
son cœur devenait plus léger, mais cette lente rédemption
n'était pas encore arrivée à terme. Loin de
là… Il regarda les jeunes gens et dit : "
N'y a-t-il pas un moyen de laisser nos armes à garder par
un soldat de la Shin-ra durant le voyage ? En général,
les civils portant des armes doivent les mettre entre les mains
des autorités avant d'embarquer. On les leur rend le voyage
terminé. - Sûrement, marmonna Véga. Du moins
j'espère… dans le cas contraire, il faudrait soit devenir
passagers clandestins, soit trouver un autre moyen de traverser
l'océan. - J'ai une autre solution, intervint Kargin.
Nous pourrions acheter de nouvelles armes une fois à Junon.
- Oh, tu sais ce qu'ils valent à Junon, les flingues…maugréa
Gadjaya. Ce sont des babioles pour les amateurs. Pour en trouver
de bonnes, il faut monter dans la base, et tu sais ce qui nous arrivera
si on revient là-bas… - Non, pourquoi ? je ne vois pas
ce que l'on risquerait. Ils seraient sûrement heureux de nous
revoir. - Tu parles ! lança Véga. Ils ont tout
fait pour être sûrs que l'on soit morts. Et puis nous
ne serions pas reconnus en tant que soldats de la Shin-ra, étant
donné que l'on est sensés avoir crevé à
Nibelheim. - Moi je pense que le mieux est de vérifier
si l'on peut emporter nos armes sur le paquebot, dit Intyre, quittes
à les laisser garder par les soldats. Si ça ne marche
pas, eh bien… on vendra nos armes ici et on en achètera de
nouvelles à Junon, même si elles ne sont pas terribles.
De toute façon les monstres de là-bas ne sont pas
très forts ; on pourra les battre facilement. "
Apparemment la solution plût aux autres et ils décidèrent
que dès l'aurore, ils iraient se renseigner au port de la
ville. Au loin, ils entendaient le bruit des vagues s'échouant
sur la plage. Ils avaient encore beaucoup de chemin à parcourir…
* * * * *
* * * * * * *
Ninsun
était fatiguée. A vrai dire, ça faisait bien
deux jours qu'elle parcourait ce paysage chaotique avec Gluklish,
son fidèle chocobo d'or. Elle l'avait baptisé ainsi
en mémoire d'une ancienne langue depuis longtemps morte à
Icicle… A l'origine il y avait différents peuples sur la
planète… Au fil du temps, ils s'étaient peu à
peu réunis pour ne plus faire qu'un seul, et une même
langue était utilisée sur toute la planète.
Il restait bien sûr quelques patois que l'on avait réussi
à perpétrer, mais leur disparition était imminente…
Des montagnes à
perte de vue… heureusement, la jeune fille arrivait à éviter
les monstres grâce au chocobo, qui courait plus vite que n'importe
quel animal. L'atmosphère était si sombre, si inquiétante…
Après quelques longues heures de parcours des sentiers du
Mont Nibel, Ninsun finit par être complètement perdue.
Les tunnels et les chemins s'entrecroisaient, formant presque une
fourmilière, égarant les voyageurs imprudents. De
plus, même si le chocobo lui évitait les combats, il
rendait la traversée des tunnels beaucoup plus ardue.
" Gluklish,
je me demande bien où nous avons atterri. " soupira-t-elle.
Ils se trouvaient dans une grande salle aux murs vert nacré.
Une fontaine en son centre faisait jaillir un étrange liquide
vert… Le chocobo
poussa un petit cri. Ninsun n'en comprit pas tout de suite la raison,
mais une ombre à sa droite attira son attention. La forme
se fit plus distincte, pour ensuite se matérialiser complètement.
" Ifrit… "
murmura la jeune fille. L'imposant dieu se dressa de toute sa
stature et tendit une petite sphère rouge à Ninsun.
" Tiens. Voici
la matéria qui permet de m'invoquer, moi, le dieu du feu.
Tu en auras besoin, car tu arriveras bientôt devant ton destin.
Un choix qui permettra de changer l'avenir du monde… je pense que
tu réussiras. Mais tu pourras m'invoquer, pour mettre toutes
les chances de ton côté. " - Changer le destin
? mais comment faire le bon choix ? Le Dieu lui tendit une autre
sphère. Mais celle-là était noire… - Espérons.
Si tu te trompes, je te guiderai. Mais aies confiance en toi. Il
suffit de détruire la cause de tous ces malheurs… Tu sentiras
en toi le désir de tuer. Tu l'as déjà, mais
il se réveillera complètement. Ton ancien destin a
une influence sur celui-ci, et grâce aux illusions tu te connaîtras
mieux… mais ne t'inquiètes pas. Ta raison primera toujours
sur ta force, comme par le passé. La matéria noire,
tout comme la blanche, ne doivent, dans ton cas, ne s'utiliser qu'ensemble.
- Ensemble ? mais comment utiliser deux matérias en
même temps ? - Tu verras par toi-même… "
Sur ce, Le Dieu disparut, laissant
la jeune fille songeuse au bord de la fontaine. Un choix décisif…
A vrai dire, en se remémorant toutes les illusions qu'elle
avait vues, elle ne parvenait pas à reconnaître le
paysage. Il fallait qu'elle avance encore un peu… Ninsun se retourna
et s'aperçut que son chocobo était allé dans
la partie ensoleillée de la grande salle, fouillant le sol
de son bec à la recherche de quelques graines. L'endroit
avait l'air calme, aucun monstre ne paraissait rôder aux alentours…
Elle soupira et ouvrit son gros sac de voyage. Elle y avait caché
le miroir, au milieu de vêtements pour ne pas qu'il s'abîme,
et sentait en elle le désir de voir à nouveau une
de ces visions magiques. Comme d'habitude, la glace se troubla…
La
forêt paraissait bien sombre en ce début de soirée…
Le feu, au milieu de la petite clairière, crépitait,
et une douce chaleur se répandait dans l'atmosphère
sylvestre. Un homme brun se tenait debout devant les flammes, chantonnant
en attisant le feu. Sur son visage se lisait l'insouciance de la
jeunesse et une impression de bonheur. Quand il en eut fini avec
le feu, il se retourna et jeta un regard à la jeune femme
qui se trouvait assise sur un gros tronc d'arbre couché,
à quelques mètres de là. " Eh bien,
qu'est-ce que tu as ? tu en tires, une tête ! " La
jeune femme leva les yeux mais reposa aussitôt son regard
son l'arme qu'elle était en train d'astiquer. "
Tu n'es pas très causante, Ninsun. C'est depuis qu'ils sont
partis que tu boudes comme ça ? Ne t'inquiète pas
pour eux, il ne leur arrivera rien. " La
jeune guerrière se dressa vivement, et l'homme put voir la
flamme qui brûlait au fond de ses yeux. " Je m'en
fous de ce qui pourrait leur arriver ou non ! Et de quoi tu te mêles,
d'abord ? Et où as-tu appris à tutoyer tes supérieurs
? " Le
jeune homme ne baissa pas les yeux tout de suite et continua à
fixer Ninsun, étonné. Elle qui paraissait si calme
d'habitude, il la voyait là furieuse et agressive. Son beau
visage était empourpré et il crut distinguer des larmes
au bord de ses yeux. En fait, ça faisait bien trois heures
que le général était parti en reconnaissance
dans la partie Nord de la forêt, et Puna, la quatrième
membre du groupe, l'avait suivi un quart d'heure après, disant
qu'elle s'inquiétait pour lui. Elle était partie malgré
les ordres de Ninsun… Il pensa que cette colère était
due à la frustration qu'une subordonnée lui ait désobéi…
" Excusez-moi,
mon capitaine. " murmura le soldat en baissant les yeux.
Ninsun regarda longuement la forêt autour d'elle, comme s'attendant
au retour soudain de ses coéquipiers. Soupirant, elle se
rassit sur le tronc d'arbre et tenta de cuver sa rage. Puna la petite
peste était une guerrière pitoyable, mais elle était
la nièce du président Shin-ra… Comme bien des
jeunes femmes aujourd'hui, elle était une fan accomplie du
Grand Sephiroth et avait fait des caprices à son oncle pour
pouvoir être engagée dans le SOLDAT. Malgré
les longues explications de celui-ci, elle disait ignorer la peur
et était certifiée de devenir un jour une grande guerrière,
se battant aux côtés de son idole. Par respect pour
ses origines, et surtout grâce à son oncle, elle avait
atteint la 1ere classe du SOLDAT sans aucun effort et presque sans
aucune expérience en combat. Ninsun la méprisait au
plus haut point, mais tentait tout de même de rester polie
et agréable avec elle… Mais là, c'en était
trop. Puna était dotée d'un physique de rêve
et s'en servait autant qu'elle le pouvait. Cette peste n'avait que
ça pour elle… Ninsun la trouvait cruche et naïve, mais
elle pensa aussi que c'était certainement feint, enfin, jusqu'à
un certain point… Elle semblait émerveillée de tout,
posant une multitude de questions à Sephiroth et le complimentant
autant qu'elle le pouvait. Quand il partait quelque part, elle ne
manquait pas de le coller et de jouer la pauvre jeune fille perdue.
Elle ne semblait pas remarquer les soupirs exaspérés
du général, qui lui aimait tant la solitude et le
calme… Quel âge avait-il, déjà ? il parlait
si peu souvent de lui… 22 ans. C'est ça, il avait 22 ans.
Et Puna…un peu plus jeune, peut-être. Les filles étaient
très rares dans le SOLDAT. Il ne devait pas en avoir plus
de quatre ou cinq… Mais devenir capitaine à 21 ans avait
paru très dur à Ninsun. De plus, en tant que femme,
elle était considérée bien souvent comme faible
par ceux qui ne l'avaient pas encore vue combattre. Ils se ravisaient
en voyant la rapidité et la facilité avec laquelle
elle abattait ses ennemis… " Vous savez, vous avez risqué
votre vie pour venir me rechercher, je vous en serai éternellement
reconnaissante !… Ce monstre était énorme, mais vous
l'avez tué avec une telle rapidité ! jamais je ne
vous aurais imaginé aussi fort ! ah mais vous savez que…
" Ninsun se releva soudainement au son de la voix qu'elle
détestait le plus au monde. Une voix dégoulinante
de sensualité, trop exagérée pour être
vraie… D'un petit chemin broussailleux se dégagea la haute
silhouette du général, suivi d'une autre, plus petite,
mais le suivant de très près. Sephiroth poussa un
long soupir et croisa le regard mi-interrogateur mi-soulagé
de la capitaine. Il lui adressa un sourire las qui signifiait "
décidément, je n'arriverai jamais à m'en débarrasser
" et la jeune femme lui sourit en retour. Il semblait à
Ninsun qu'il avait fallu une éternité pour que cette
simple petite complicité entre eux ne se crée. Il
était tellement distant avec tout le monde que ce simple
geste paraissait comme un honneur à la jeune capitaine… La
belle voix grave du général coupa soudain le long
monologue de Puna. " J'ai remarqué un sentier au
Nord-Est qui n'était pas indiqué dans vos plans, Capitaine.
Je ne doute pas du sérieux de votre travail, mais j'en conclus
que bon nombre des troupes ennemies empruntent cette voie pour atteindre
le temple d'Inh-Moagault. Ce doit être leur base secondaire…
" Puna
jeta un regard dédaigneux vers Ninsun avant de s'avancer
vers le feu. A l'évidence, elle s'apercevait que ses discours
n'avaient aucun effet sur l'officier supérieur, mais elle
ne lâcherait pas prise pour autant. " Mes plans
ont été élaboré sur les données
les plus récentes que les services secrets de la Shin-ra
aient pu rassembler sur le secteur, répondit Ninsun d'une
vois sûre. C'est-à-dire… que tout cela date d'avant
la guerre. - En 2 ans beaucoup de choses ont pu changer, Capitaine.
Les Falenniens sont rusés et discrets ; leur toile a eu largement
le temps de se tisser sur les forêts du Lankshâr depuis
la fin de la guerre. Et je sais qu'ils n'ont pas que deux bases.
- Alshen avait déjà été très
dure à localiser… Maintenant nous savons environ la position
de leur deuxième base… A combien estimez-vous les soldats
qui s'y trouvent ? - Je n'en sais rien. Trois cents, quatre
cents peut-être. Il faudrait que je vois ça de plus
près pour me faire une idée exacte. Mais trois cents
simples soldats de la Shin-ra ne sont rien par rapport à
une troupe du même nombre de Falenniens. Nos ennemis sont
peut-être peu, mais ils bénéficient d'une grande
expérience en la confection d'armes à feu.
- Il est étrange que ce peuple n'ait pas été
découvert plus tôt ! intervint le soldat brun. Rares
sont les gens qui en connaissent l'existence… la Shin-ra elle-même
n'en a prit connaissance qu'il y a 2 ans ! Si ce peuple s'était
manifesté plus tôt et s'était joint aux rebelles
Wutans lors de la guerre, nous n'aurions peut-être pas été
les vainqueurs… Sephiroth fixa le soldat de ses yeux bleu-vert.
- Le combat aurait été plus difficile, certes, mais
la Shin-ra aurait tout de même triomphé. Ninsun
jeta un regard à Puna, s'attendant à un sonore "
ça aurait été grâce à vous, mon
Général " mais la jeune fille ne dit rien.
- Je doute qu'à trois, même avec vous,
mon Général, nous puissions venir à bout de
ces soldats, intervint la capitaine en regardant attentivement les
alentours. Sephiroth sourit en voyant où elle voulait
en venir. Ils étaient quatre et non trois, mais Ninsun avait
volontairement oublié Puna Skregue, voulant ainsi signaler
à son supérieur qu'il s'agissait d'un poids mort dans
le groupe. Evidemment, le président Shin-ra avait confié
sa nièce au célèbre guerrier pour qu'il assure
sa sécurité pendant les missions… mais s'il fallait
qu'il défende ET qu'il combatte en même temps, rien
ne serait évident. Puna était une charge, mais malgré
les protestations du jeune général, le président
n'avait rien voulu entendre. - Nous devrons sûrement
rentrer à Junon, se décida-t-il enfin à dire.
Je tâcherai de trouver un bon groupe commando habitué
à ce genre de mission, et connaissant bien la forêt.
" Ninsun rangea son épée dans son fourreau
et considéra le soldat brun, resté silencieux près
du feu. - Eh, lui lança-t-elle, je pense que tu feras
partie du commando en question. Tu connais bien cette forêt
maintenant. Puis, s'adressa au général :
- N'est-ce pas mon Général ? il serait une valeur
sûre de notre troupe. Sephiroth regarda longuement le
jeune soldat d'un air dubitatif. Mais si Ninsun avait considéré
celui-ci comme un bon soldat, il pouvait lui faire confiance. Mais
il ne le connaissait que depuis très peu de temps, et par
conséquent il s'en méfiait un peu. Cependant, il se
tourna vers Ninsun et dit : - Bien. Il viendra donc avec nous.
La capitaine sourit et regarda le soldat brun qui voyait son sort
se jouer devant ses yeux. Il s'approcha de Ninsun et se mit au garde-à-vous.
- Je vous suivrai partout mon Capitaine ! s'exclama-t-il avec un
peu trop d'enthousiasme. - " Partout " a des limites,
Skoell, répondit la jeune femme en riant. Le jeune soldat
eut l'air gêné et rougit. - Allons-y,
ordonna froidement Sephiroth. Plus tôt nous rentrerons à
Junon, plus tôt les Falenniens ne causeront plus de tort à
personne. "
Ninsun regarda le miroir redevenir
terne. Etrangement elle n'était pas étonnée
par cette illusion. Plus elle en apprenait sur " elle ",
la Ninsun adulte et Capitaine du SOLDAT, plus elle reconnaissait
sa vraie nature. Elle n'était pas née pour rester
tranquillement à la maison et s'occuper du bar de son père.
Elle était guerrière dans le sang, il lui fallait
se battre pour atteindre ses objectifs, et elle le ferait.
La jeune fille jeta
un regard autour d'elle pour s'apercevoir que Gluklish n'était
pas là. Où était encore parti ce satané
chocobo ? Elle n'avait pas imaginé la possibilité
qu'il disparaisse et qu'il la laisse plantée là. Elle
avait bien une matéria " appât-chocobo "
et quelques chocolégumes, mais ce n'était peut-être
pas suffisant pour ramener le chocobo à elle, s'il était
parti trop loin. Elle ne pensait pas qu'un monstre puisse l'attraper
et le manger : l'animal était trop rapide. Mais sans lui,
elle était dans le pétrin… Et elle risquait de rencontrer
pas mal d'ennemis sur la route…
* * * * *
* * * * * * *
Sephiroth
ouvrit la fenêtre. L'air frais du soir s'engouffra dans la
chambre et le jeune homme respira profondément. "
Ferme ça ! se plaint Jragus. Tu veux tous nous faire crever
de froid? Sephiroth ne se retourna pas, et ouvrit la fenêtre
encore plus grand. " Tu te
moques de moi ou quoi ? - Oui. Pourquoi ? - Mais qu'est-ce
que tu as en ce moment ? tu deviens impossible. - Mm… désolé.
Mais j'en ai vraiment, vraiment, vraiment MARRE de moisir ici.
- Et nous alors ? tu crois pas qu'on en a assez de vivre ici, de
travailler, d'être enfermés et traités comme
des prisonniers, presque ? - Vous, on vous laisse tranquilles.
" Jragus regarda Sephiroth. C'est vrai que quand Arawn
l'emmenait de force dans la cellule 16, ils ne devaient pas boire
le thé et se taper la causette. Le fouet parlait pour eux…
Un jour Arawn était ressorti de la cellule précipitamment,
le fouet ensanglanté à la main droite et se tenant
le visage de l'autre. Sephiroth était sorti à sa suite,
le dos en sang, mais Jragus avait pu remarquer un sourire satisfait
sur ses lèvres. Une minute après, Arawn était
revenu (il avait apparemment passé de l'eau sur son visage)
mais le jeune homme avait bien vu la cause de la rage d'Arawn :
Une balafre encore rouge était visible sur sa joue. Jragus
se demanda comment Sephiroth s'y était pris pour qu'Arawn
se prenne son propre fouet dans la figure. Mais ça avait
donné un sérieux coup à l'amour-propre de l'ex-sergent…
Sephiroth avait l'esprit ailleurs.
Il pensait à sa famille adoptive. Il pensait aussi à
ce que lui avait dit Gast, il y a très longtemps. Jénova.
Si elle était sa mère, alors à ce moment même
il aurait voulu qu'elle soit près de lui. Ces derniers temps,
il n'avait pas vraiment eu le temps de penser à tout ça.
Ses origines, ses vrais parents… il avait tenté de chasser
ça de son esprit, mais ces noires pensées revenaient
à la charge. Jénova était morte à sa
naissance. Avait-il causé la mort de sa mère en naissant
? Il eu un pincement au cœur à cette idée. Il aurait
été peut-être celui qui avait mis fin à
la vie de l'être qui avait tenu le plus à lui en ce
monde. Mais après tout, il ne savait pas. Il ne savait rien.
Elle ne l'aimait peut-être pas… Et puis qu'importe après
tout. Il était désormais seul. Sa famille l'avait
peut-être déjà oublié, les Dieux auraient
pu effacer l'image de Sephiroth de leur mémoire, comme s'il
n'avait jamais existé… ça faisait bien quatre mois
qu'il n'avait pas pu revenir " chez lui " à cause
d'Arawn… Le
concours pour entrer à la grande école Mereel de Midgar
n'aurait pas lieu avant deux mois… il avait envie de faire "
quelque chose " en attendant. Quelque chose de stimulant, de
dangereux. Pour vaincre l'ennui. Pour enfreindre les ordres. Pour
s'amuser un peu. S'évader de Darkmoan par exemple… S'il arrivait
à le faire, il se retrouverait totalement libre. C'était
un moyen comme un autre de fuir la pension… S'il tentait de partir
" légalement ", c'est-à-dire grâce
au concours, il serait obligé d'aller à Midgar suivre
des cours qui ne l'intéressaient pas… Bien sûr, il
serait débarrassé d'Arawn, mais… Il quitterait une
prison pour aller dans une autre… certainement moins sombre, mais
il n'aurait pas sa liberté, là non plus… Le
jeune homme regarda par la fenêtre les hauts murs de Darkmoan.
Le toit du bâtiment des cuisines touchait le mur de pierre…
au-delà de ce mur : la liberté. Mais même
en montant sur ce toit, le haut du mur était difficile à
atteindre. De plus, des bouts de verre tranchants avaient été
disposés tout le long, pour éviter les évasions
de pensionnaires comme lui… mais il n'était pas n'importe
quel pensionnaire. Voyons, il ne pouvait pas atteindre le toit des
cuisines facilement non plus. Il lui fallait passer devant le bâtiment
de logement des professeurs… et d'Arawn… Il devrait sortir de
sa chambre par le couloir, car la fenêtre était trop
haute pour qu'il puisse sauter sans se faire de mal. Evidemment,
des surveillants logeaient dans des chambres qui donnaient sur les
couloirs… Il ne devait pas préparer un plan à la va-vite,
sinon tout serait perdu. Il aurait tout le temps pour y réfléchir
cette nuit…
* * * * *
* * * * * * *
Ninsun
regarda le sang qui lui tachait les mains. Elle venait d'avoir un
rude combat contre des monstres assez étranges… La récente
installation d'un réacteur Mako de la Shin-ra devait être
à l'origine des mutations des animaux vivant dans les parages…
ils devenaient des monstres difformes qui attaquaient les voyageurs
qui passaient par là… La jeune fille avait eu l'occasion
de s'acheter quelques matérias dans les villages qu'elle
avait traversés. Elle en avait même trouvé quelques-unes
dans la nature, mais elles étaient rares et parfois assez
inutiles. Cependant, elle avait pu améliorer son arme et
ainsi coupler une matéria Tout avec sa matéria Feu.
Sa matéria de Régénération lui servait
beaucoup… Elle n'avait cependant pas osé invoquer Ifrit.
Par peur ? non. Plutôt parce qu'elle voulait économiser
ses précieux Ethers… Ninsun
lança un regard circulaire autour d'elle. Pas de chocobo.
Elle devrait continuer sa route à pied jusqu'au haut de la
montagne… Mais qu'allait-elle y trouver ? Elle ne savait pas vraiment.
Depuis qu'elle était arrivée à Nibelheim, elle
savait par instinct que cette route était la bonne. Qu'il
fallait aller par là pour y arriver. Comme si elle avait
déjà emprunté ce chemin, il y a très
longtemps… pourtant, elle savait bien qu'elle n'avait jamais mis
les pieds sur cette terre rocailleuse. Mais de vagues souvenirs
lui revenaient… comment avoir des souvenirs que l'on a pas vécu
? Elle continuait
à avancer, perdue dans ses pensées. Un bruit de course
effrénée se fit entendre. Comme un gros chien qui
court pour accueillir son maître… Ninsun releva la tête.
" Plutôt comme un monstre qui me fonce dessus pour me
bouffer !!! " Elle fit soudain un bond de côté
et atterrit sur un rocher légèrement en hauteur. "
Qu'est-ce que… " commença-t-elle, regardant en contrebas.
Elle entendait bien des grognements, mais elle avait beau fouiller
les alentours du regard, elle ne put voir aucun monstre. Pourtant,
le bruit paraissait tout proche ! Elle risqua un œil par-dessus
le gros rocher à sa droite. Il était assez inégal
et permettait donc à quelqu'un de grimper pour atteindre
le niveau du dessus ? le chemin que suivait Ninsun faisait d'innombrables
lacets dans la montagne, et ce raccourci lui permettait d'évoluer
bien plus vite dans sa marche sans faire de détours inutiles
? mais elle se rendit compte que le bruit ne venait pas de dessous…
mais d'au-dessus ! La jeune fille se retourna vivement et retint
un cri. Une immonde bête velue la fixait de ses petits yeux
jaunes, sur le rocher juste au-dessus d'elle. Ninsun, telle qu'elle
était placée, était une cible de choix pour
le monstre. Il n'avait qu'à bondir… mais ne le fit pas. Il
rétracta ses griffes, mais ne détourna pas les yeux
de la jeune fille. Celle-ci l'examina lentement. Des poils bruns
et drus recouvraient entièrement son corps… Il ne ressemblait
ni à un fauve, ni à un chien… elle n'avait jamais
vu de telle créature. Tout ce qu'elle savait, c'est que si
l'animal lui bondissait dessus, elle ne pourrait pas se défendre.
Elle se trouvait presque en équilibre sur ce rocher, et la
bête la dominait. Vu la position de la créature, elle
ne pouvait pas non plus utiliser ses magies… Elle n'avait plus qu'à
prier… L'animal
velu poussa un petit grognement. Il avait l'air indécis.
Peut-être n'avait-il pas vraiment faim, après tout.
Il fit mine de s'approcher de la jeune fille, mais s'arrêta
soudain. Il découvrit aussitôt sa dentition redoutable
et grogna. " Qu'est-ce qu'il lui arrive ? " se demanda
Ninsun. Elle comprit quand ses yeux furent attiré par une
forme mouvante derrière elle. " Gluklish ! " s'exclama-t-elle
en reconnaissant le chocobo. Elle sauta rapidement sur sa monture
qui s'était approchée et jeta un regard au monstre,
qui n'avait pas bougé. " J'ignore vraiment pourquoi
il ne m'a pas attaquée… " se demanda la jeune fille.
Peu importait pour le moment, il fallait qu'elle quitte ce lieu
le plus vite possible. Il y avait certainement d'autres monstres
dans les parages… elle fit partir le chocobo d'une tape sur le flanc.
Ainsi, elle éviterait les ennuis… mais soudain, un pensée
lui traversa l'esprit. Le chemin qu'elle était en train de
prendre était le seul qui menait au sommet de la montagne.
C'était sur ce même chemin que le monstre se trouvait
! un peu plus haut, peut-être, mais elle allait le croiser
à nouveau… à moins qu'il ne soit reparti, ce qu'elle
espérait fortement. Une
minute plus tard, elle arriva à l'endroit où se trouvait
quelques temps plus tôt l'étrange monstre velu. "
Il n'est plus là… " fit Ninsun avec un soupir de soulagement.
Elle avait parlé trop vite. Deux yeux jaunes la fixaient,
une dizaine de mètres plus loin. L'animal, bien que de la
taille d'un gros loup, faisait toute la largeur du petit chemin.
Impossible de passer à chocobo, même en sautant par-dessus.
" Hors de mon chemin ! " cria Ninsun à la
bête. Elle savait bien que ça ne servirait à
rien, et que l'animal ne pouvait pas comprendre le langage humain…
Effectivement, il resta immobile, plongeant toujours ses yeux dans
les siens. La jeune fille ne descendit pas de Gluklish et continua
d'avancer. Cette fois, elle était en mesure de se battre…
mais elle ne voulait pas attaquer un animal qui ne lui avait rien
fait… La créature,
en la voyant s'approcher, se retourna et marcha de quelques mètres
en direction du sommet de la montagne, puis se retourna. "
Qu'est-ce qu'il fait ? s'étonna Ninsun. On dirait qu'il veut
que je le suive… " Elle fit avancer son chocobo. Le monstre
reprit sa marche pour s'arrêter une dizaine de mètres
plus loin, et regarda si la jeune fille le suivait bien. Quand il
eut compris que Ninsun le suivait bel et bien, il accéléra
le pas. " Mais qu'est-ce qu'il veut à la fin ? "
souffla la jeune fille. Ils continuèrent ainsi jusqu'à
arriver sur un plateau aménagé artificiellement. Un
réacteur se trouvait là. Mais des gardes de la Shin-ra
surveillaient l'entrée… Ils n'avaient pas encore vu Ninsun,
cachée derrière un gros bloc de pierre… La jeune fille
regarda aux alentours mais ne vit pas de trace du monstre qui l'avait
conduite jusque là. Peu importait. Il fallait qu'elle se
débarrasse des gardes pour pouvoir entrer dans le réacteur.
Mais pourquoi voulait-elle rentrer dans ce réacteur, au fait
? elle savait qu'il contenait du mal, beaucoup de mal… c'était
là que Sephiroth était mort… Mort ? mais Ifrit lui
avait dit qu'il avait été tué par un groupe
de guerriers, après être devenu un Dieu…pourtant, Tamusiga
dans son journal avait bien dit que Sephiroth était tombé
dans l'immense cuve à Mako de ce réacteur… il avait
peut-être survécu, après tout… " Il
n'a pas survécu à cette chute… " " Comment
? " s'exclama Ninsun, en reconnaissant la voix d'Ifrit.
" Il est mort là aussi. Il est mort et a ressuscité.
Il a des cellules de la Calamité des cieux en lui. Il est
plus résistant que le commun des mortels… la Rivière
de la vie n'a pas voulu de lui. Ou plutôt, son corps et son
âme se sont décomposés dans la Rivière
de la vie pour ne faire plus qu'un avec elle, mais l'unification
n'a pas eu lieu. Son âme était trop grande… il avait
encore quelque chose à accomplir dans le monde des vivants…
Son âme, son corps, son esprit se sont à nouveau réunis
pour le reconstituer, et il a pu renaître en tant que Dieu.
" " Mais cette divinisation l'a conduit à la
Mort, n'est-ce pas ? " " Ah ! il aurait pu être
un bon Dieu, je n'en doute pas. Un Dieu noble et puissant. Peut-être
le Dieu de la guerre, si se battre lui plaisait tant… Mais ce Dieu,
il n'aurait pu le faire naître qu'avec son âme d'autrefois.
Lorsqu'il est devenu un Dieu destructeur, un Dieu qui voulait détruire
la planète, son âme était corrompue. Cet Être
porteur de Mort n'était pas le reflet de l'âme de Sephiroth.
Il était le reflet de l'âme immonde de la créature
que tu es destinée à TUER ! " " La créature
que…je… " balbutia Ninsun. " Ifrit ! explique-moi ! "
Mais le Dieu avait déjà
disparu. Ainsi, elle devrait continuer seule. Elle jeta un coup
d'œil aux gardes qui se tenaient devant le réacteur. Aucun
d'entre eux n'avait été alarmé par la voix
de la jeune fille… ils ne l'avaient sûrement pas entendue.
Ninsun prit une corde et attacha son chocobo à un pic rocheux,
près du chemin. " Comme ça, tu ne t'enfuiras
pas ! " dit-elle. Elle laissa assez de corde pour que l'animal
puisse courir, si un monstre venait à l'attaquer. Le brave
Gluklish, s'il en venait à être confronté à
un ennemi, courrait dans tous les sens, épuisant bien vite
ses assaillants. " Il faut sûrement une carte magnétique
spéciale pour accéder au cœur du réacteur…
" se dit la jeune fille. Elle espérait qu'un des gardes
en avait au moins une. Elle vérifia si l'appareil qu'elle
avait acheté assez cher à Nibelheim était en
parfait état. Apparemment oui… Un détonateur thermique
A-415… Il était confectionné de façon à
exploser 3 minutes après le déclenchement du système.
Et sa puissance était telle qu'il rasait tout à 300
mètres à la ronde… bâtiments comme êtres
vivants. Il fallait donc se dépêcher de dégager
après avoir enclenché le détonateur thermique…
sinon, pas question d'en ressortir vivant. Ninsun
s'avança discrètement et longea la paroi rocheuse,
à l'ouest du réacteur. Un petit chemin permettait
de passer derrière de hauts rochers pour arriver derrière
l'immense bâtisse… Maintenant, il fallait qu'elle se débarrasse
des gardes. Elle DEVAIT détruire ce réacteur. Elle
savait qu'il fallait qu'elle le fasse. Elle aurait pu placer le
détonateur thermique là et s'en aller. Le réacteur
comme les gardes auraient été rasés. Mais ce
n'était pas vraiment la mort des gardes qui l'intéressait,
ni la destruction de la bâtisse même. C'était
la Mort de ce qu'il y avait à l'intérieur. Une haine
profonde grandissait en elle à chaque pas qu'elle faisait
vers le réacteur. Elle était là. Elle la sentait.
Pas d'erreur. Sa rage et sa soif de destruction ne pouvaient pas
la tromper. La Mort de l'Etre qu'il y avait la dedans, elle la voulait,
elle la désirait, et rien ne pouvait l'empêcher de
donner libre cours à ses instincts meurtriers. C'était
la partie enfouie de son âme qui lui soufflait cette haine,
ce désir de vengeance. " Tue-la… " " Sert-toi
de la bombe seulement pour t'assurer de sa Mort. Tue-la… de tes
propres mains ! " Ninsun n'hésita pas
un seul instant. Elle courut et vint se placer juste devant les
gardes. Surpris de voir une jeune fille leur faire face ainsi, ils
hésitèrent à tirer. Une hésitation qui
leur fut fatale… Ninsun invoqua Ifrit, qui brûla les ennemis
dans une tempête de feu. Plus de dangers de ce côté
là… " Grrrr… " La jeune fille, étonnée,
se retourna, et s'aperçut que le monstre qui l'avait guidée
jusqu'ici était juste derrière elle. " Va
t'en ! quand viendra l'explosion tu sera soufflé si tu restes
là. " Le monstre ne bougea pas. Il se tenait sur
un corps de garde calciné… Un reflet métallique attira
le regard de la jeune fille. " La carte magnétique !
" s'exclama-t-elle en la prenant délicatement, pour
ne pas qu'un mouvement trop brusque effraie l'animal. Ninsun examina
la carte puis se tourna vers le monstre. " Hein ? "
fit-elle. Il avait disparu…
La carte avait miraculeusement échappé
au feu. Ce devait être de ces nouvelles cartes magnétique
de la Shin-ra, résistantes à tous les éléments…
Ninsun passa la carte dans le système d'ouverture de la porte.
Celle-ci s'ouvrit, répandant une odeur étrange dans
l'atmosphère… " Je ne sais pas si c'est l'odeur
de la Mako ou la puanteur de cette sale Charogne ! souffla la jeune
fille avec mépris. Elle doit se trouver bien en sécurité,
tapie dans sa salle sombre, dans son bocal de verre, attendant lâchement
les proies qui viendraient se prendre dans ses filets… "
Ninsun descendit l'échelle de fer et longea la passerelle
métallique. Une nouvelle porte… elle l'ouvrit sans mal grâce
à la carte. Elle arriva dans une salle étrange. Mais
elle sentait qu'elle l'avait déjà vue. Cette salle
remplie de cuves… de tuyaux… de hublots… La jeune fille monta lentement
les escaliers qui menaient à la porte du haut. Un nom immonde
était gravé au-dessus. " Jénova "…
Quand Ninsun passa la carte dans le système d'ouverture,
la porte s'ouvrit avec un grincement, bien qu'elle ne paraisse pas
vieille. Comme si la dernière défense de la Calamité
des cieux essayait de protéger, dans un ultime effort, sa
maîtresse… Ninsun franchit la porte, des flammes dans le regard.
Elle leva la tête et vit un gros tuyau arriver jusqu'à
une grande cuve de verre. Devant cette cuve, une statue en métal…Ninsun
sentit une étrange force s'éveiller en elle. C'était
même plus qu'une force : une âme entière prenait
possession de son corps. L'âme de Ninsun la guerrière.
L'âme du Capitaine Ninsun Sarkin. Elles ne faisaient plus
qu'un désormais. La Haine avait réveillé cette
âme pleine de vengeance et de puissance, cette âme du
destin originel, venue d'au-delà du temps pour prévenir
la catastrophe qui gâcherait des milliers de vies… Ninsun
arracha d'un coup la statue métallique. Cette scène,
elle l'avait déjà vue quelque part. Mais pas dans
les mêmes conditions, ni avec les mêmes personnes…
La Créature se tenait devant elle. Bleue. Difforme. Répugnante.
Bien que l'expression de son visage semble indéchiffrable,
Ninsun venait d'y lire de la surprise. " Ah ! Tu
es étonnée ? non, il est trop tôt encore pour
voir ce visage angélique se dresser devant toi. Le destin
a été changé, et je ne faillirai pas une deuxième
fois à ma mission. Oh, la belle proie que tu t'attendais
à avoir… tu ne l'auras pas, parce que je suis là,
moi. Ton beau petit pantin n'aura pas l'occasion de venir te voir,
puisque tu n'existeras plus. Fière ! oui, je suis fière
de moi. Je vais pouvoir enfin le sauver. Je l'ai vu se lier à
toi, devenir fou ! tu l'as arraché à moi sous mes
yeux, Garce ! Bien sûr que tu es cruelle… tu ne pouvais pas
me faire plus de mal qu'en me l'enlevant… il ne me reconnaissait
même plus, tu entends ? Même plus ! il avait ses yeux
de fou… ce n'étaient pas ses yeux. C'était les tiens.
Je te voyais à travers lui. Sais-tu combien ça a pu
me faire mal… voir l'homme que j'aimais ? que j'aime, pourquoi parler
au passé, puisque tout ça n'est pas encore arrivé
? le voir se sacrifier pour toi, le voir croire aveuglément
en toi, être manipulé par toi ! Toi qui ne l'aimais
même pas ! ah, tu es bien comme les autres ordures : le président,
Hojo, tous ces gars de la Shin-ra… vous ne pensez à lui qu'en
tant qu'objet, que machine à détruire, que marionnette
! Quand je vois combien j'ai souffert, et que je sais qu'il a encore
plus souffert que moi, je ne peux pas m'empêcher de vous haïr,
tous ! " Ninsun
était trop en proie à la haine pour se régaler
de l'expression d'effroi qu'affichait Jénova à cet
instant. " Trop tard pour toi. Tu comprends maintenant
ce que c'est, de te trouver devant la Mort sans aucun moyen de défense.
C'était tellement facile pour toi de vivre au dépend
des autres… de sacrifier les autres à ta place ! Tu lui as
tout fait porter, hein ? il était peut-être malheureux,
mais j'aurais su arranger ça. Il n'aurait plus été
seul. Mais il était adulé, respecté, admiré.
C'est tout ce qu'il avait, à vrai dire. Il avait besoin de
la chaleur d'un foyer, d'une mère, et toi, tu as lâchement
profité de l'occasion. Oh, je te hais, si tu pouvais savoir
combien je te hais ! Tout ! tu lui as tout pris ! le peu qu'il avait,
tu lui as enlevé. Tu lui as fait commettre les pires crimes
: il a perdu le respect et l'admiration des autres. Le monstre qu'ils
voyaient à la place de leur héros, c'était
toi ! Tu lui a même pris sa vie… oui, c'est à cause
de toi que tout ça est arrivé, tu te l'es approprié
comme un jouet, tu l'as cassé comme un enfant gâté
sans éprouver le moindre sentiment. J'ai vu tout ça,
et je n'ai pu rien faire. Maintenant, oui, c'est le moment que j'attendais.
Depuis toujours. Effacer ça, tout ce mal, tous ces remords
et toutes ces peines. Tuer le mal à sa racine. "
Ninsun enclencha
le système d'ouverture de la cuve. Jénova gigotait
fébrilement dans le liquide bleuâtre… La jeune fille
commença à couper le système d'alimentation,
et à pousser l'interrupteur de vidage de la cuve. Le liquide
s'écoula lentement dans les tuyaux, laissant Jénova
à sec, molle et gluante, se raccrochant aux parois de verre.
" Même
devant ta Mort tu essaies de fuir les responsabilités. Tu
ne te sauveras pas, inutile d'espérer… " Elle enclencha
cette fois le système d'ouverture de la cuve. La créature
tomba devant elle, rampant pour s'échapper de là.
La jeune fille la prit par les cheveux. "
Tu te souviens de cette fois… cette fois où Il t'avait pris
la tête comme ça… et avait fait… Elle lui trancha
la tête d'un coup de lame. …ça. " Ninsun
regarda le corps de Jénova se trémousser sur le sol.
Une odeur nauséabonde emplissait la salle… La jeune fille
s'adressa à la tête qu'elle tenait dans sa main gauche.
"Oui, bien sûr… je sais que te couper la tête ne
peut pas te tuer. Il l'avait fait, et tu avais pu ensuite te reconstituer.
Tu es Jénova. Celle qui ne peut entrer dans la Rivière
de la Vie. C'est pourquoi les Cetras t'avaient emprisonnée
dans ce bloc de matière, pour que tu ne t'en échappes
pas… car ils ne pouvaient pas te tuer. Moi, j'ai la solution. "
Elle sortit de son sac une pierre étrange, une sorte de sphère
d'une pâleur extrême. Ronde et… blanche… Ninsun en sortit
une autre. Celle-là était noire. " Tu te
demandes comment j'ai pu me procurer ça, hein ? Vois-tu…
j'ignorais leur utilité quand je les ai reçues des
Dieux. Mais maintenant, leur importance s'impose à mon esprit.
Ces matérias, utilisées ensemble, ont le pouvoir d'annihiler
une âme. Une âme. Il n'y a pas à hésiter
: l'âme qui disparaîtra, ce sera la tienne. Ainsi, pas
de résurrection, pas de salut possible. Les Cetras auraient
pu te tuer… mais ils ignoraient alors que l'utilisation des deux
en même temps aurait pu faire disparaître la Calamité
des cieux… " Ninsun invoqua, dans une langue qu'elle ne
connaissait pas elle-même, les deux matérias. Elles
brillèrent intensément, puis ce fut comme une tornade
qui déferla dans la salle. Une lumière Rouge scintillante
sortit de Jénova, qui affichait une expression monstrueuse
de haine et de cruauté : sa vraie nature… C'était
son âme. Celle qui était condamnée à
disparaître… Puis la lumière générée
par les matérias fondit sur l'âme et la désintégrèrent
instantanément, en un grand éclat brûlant qui
fit tomber Ninsun à la renverse. Quand elle se releva, il
ne restait plus que les deux matérias par terre, et le corps
sans vie de Jénova sur le sol. " Tu es comme la
peste, siffla Ninsun. Même lorsque l'on te croit morte, tu
arrives quand même à faire des ravages. Ton âme
a disparu. C'est le tour de ton corps maintenant ! " Elle
pris ses affaires et les matérias, puis attacha le détonateur
thermique sur le corps même de Jénova. Elle prit soin
de placer la tête de cette dernière à proximité.
Puis elle enclencha le détonateur. Elle avait 3 minutes pour
sortir de là… Elle courut aussi vite qu'elle le put
vers la sortie. Elle traversa la salle emplie de cuves et arriva
sur la passerelle. Celle qui avait vu la première mort de
Sephiroth… Puis elle s'empressa de grimper l'échelle métallique.
Au moment de sauter sur l'autre passerelle pour sortir, le pied
de Ninsun resta accroché dans un des échelons.
" Merde ! c'est pas vrai ! le coup classique quand il faut
sortir précipitamment d'un bâtiment qui va sauter…
" Elle réussit tant bien que mal à débloquer
son pied, mais elle doutait de pouvoir s'éloigner à
temps du réacteur avant qu'il n'explose… La secousse qu'elle
fit pour dégager son pied fit tomber son Rotator, qui atterrit
sur la passerelle du bas.. " Nooonn !! raaah il manquait
plus que ça… Tant pis, j'ai pas le temps d'aller le rechercher…
" Avec un soupir elle dût
se décider à sortir sans avoir récupéré
son arme… Arrivée à l'air libre, elle respira
une grande bouffée d'air et courut le plus vite qu'elle le
put. A l'abri du grand rocher derrière lequel elle avait
laissé Gluklish, elle se sentit en sécurité.
Cependant, il ne fallait pas qu'elle reste dans les parages… Elle
détacha le chocobo et partit à vive allure. A peine
eut-elle dépassé le tournant qu'une énorme
explosion se fit entendre. Gluklish manqua de tomber, déstabilisé
par la secousse. Ninsun le fit s'arrêter et fit marche arrière.
Elle voulait absolument voir ce qu'il restait du réacteur
--? s'il en restait quelque
chose. Arrivée sur le plateau, elle n'en crut pas ses yeux.
Il n'y avait plus rien. Juste quelques débris calcinés.
Le détonateur thermique surpuissant avait bien fait son boulot…
il avait " nettoyé " le réacteur en profondeur,
et tout ce qu'il y avait autour… La jeune fille sentit que sa
haine, peu à peu, la quittait. Le Capitaine Ninsun Sarkin…
c'était elle, sans l'être vraiment. Cette partie de
son âme s'était réveillée, appelée
par la haine, puis se rendormant tout doucement. Soudain, la jeune
fille entendit un hurlement. Elle leva les yeux, et s'aperçut
qu'il s'agi
ssait de la créature étrange
qui l'avait aidée dans sa quête… l'animal la regarda,
comme s'il la connaissait depuis longtemps... Une lueur de satisfaction
et de mélancolie liées se lisait dans ses yeux.
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